États-Unis : La justice permet à Trump de déployer la Garde nationale à Portland
Une cour d’appel fédérale a estimé qu’il est « probable que le Président a exercé légalement son autorité statutaire » en décidant d’envoyer la Garde nationale à Portland, ce qui permet le déploiement d’environ 200 soldats. La gouverneure de l’Oregon, Tina Kotek, dénonce une décision qui « constitue un abus de pouvoir grossier et contraire aux valeurs américaines ».
C’est une victoire judiciaire importante que Donald Trump a obtenue lundi. Une cour d’appel fédérale a jugé qu’il est « probable que le Président a exercé légalement son autorité statutaire » en décidant d’envoyer la Garde nationale à Portland, une grande ville démocrate de l’Oregon, touchée par des manifestations contre sa politique migratoire. Cette décision écrit une nouvelle page après avoir renversé un jugement de première instance, permettant ainsi le déploiement contesté d’environ 200 soldats annoncé fin septembre par l’ancien président républicain.
Les juges d’appel estiment que le président peut recourir à la Garde nationale lorsque « il est incapable avec les forces régulières d’exécuter les lois des Etats-Unis ». D’après leurs observations, cette disposition s’applique aux rassemblements qui ont eu lieu autour du bâtiment de la police de l’immigration (ICE) à Portland, où des manifestants auraient gêné le travail des agents fédéraux. Les magistrats ont ainsi annulé la décision d’une juge de première instance, qui avait suspendu le déploiement en affirmant qu’il n’y avait pas de « danger de rébellion ».
La gouverneure de l’Oregon, Tina Kotek, partage pourtant légalement le commandement de la Garde nationale avec le président. Elle critique cette décision en la qualifiant d’« abus de pouvoir grossier et contraire aux valeurs américaines ». Selon elle, la situation ne justifie en aucun cas le recours à des troupes militaires ; les forces locales, dit-elle, ont toujours été capables de gérer les manifestations, souvent ponctuées de déguisements de licorne ou de grenouille, et dispersées à l’aide de gaz lacrymogène.
Le procureur général de l’Etat, Dan Rayfield, a également dénoncé une décision « dangereuse » et a annoncé son intention de demander un réexamen de l’affaire par un collège élargi de juges. « Si elle est maintenue, cette décision accorderait au président un pouvoir unilatéral de déployer des soldats de l’Oregon dans nos rues avec presque aucune justification. Nous sommes sur une voie dangereuse en Amérique », a-t-il déclaré.
Au sein même de la cour d’appel, la décision a provoqué de vives réserves. La juge Susan Graber a exprimé son désaccord dans un avis dissident virulent, estimant que « la décision d’aujourd’hui n’est pas simplement absurde ». Elle met en avant « l’incongruité de considérer Portland comme une zone de guerre lorsque des manifestants portent des costumes de poulet » et met en garde contre une dérive institutionnelle qui « érode des principes constitutionnels fondamentaux », notamment « le contrôle souverain des Etats sur leurs milices » et « les droits du Premier Amendement des citoyens à se rassembler et à s’opposer aux politiques et actions du gouvernement ».

