Netflix : La série « Boots » est qualifiée de « déchet woke » par le Pentagone.
La série Boots, mise en ligne le 9 octobre sur Netflix, est qualifiée de « déchet woke » par le ministère de la Guerre des États-Unis. Selon des chiffres du Pentagone, durant la période du « Don’t Ask, Don’t Tell », qui a pris fin en 2011, environ 13.500 gays, lesbiennes ou bis ont été contraints de quitter l’armée en raison de leur orientation sexuelle.
La série *Boots*, lancée le 9 octobre sur Netflix, s’est révélée être un succès surprise pour la plateforme, recevant un accueil favorable tant du public que de la critique, et figure dans le top 10 des contenus les plus regardés à l’échelle mondiale. Du côté du ministère de la Défense des États-Unis, récemment renommé ministère de la Guerre par Donald Trump, cet enthousiasme suscite un fort mécontentement et la série est désignée comme un « déchet woke ».
« Nous ne ferons aucun compromis et ne nous soumettrons pas à cet agenda idéologique », a déclaré à Entertainment Weekly Kingsley Wilson, l’un des porte-paroles du Pentagone.
### Une série qui n’est ni antimilitariste, ni antipatriotique
« Sous le mandat du président Trump et du Secrétaire à la Défense Pete Hegseth, l’armée américaine a pour objectif de restaurer l’éthique guerrière. Nos critères sont l’élite, l’uniforme, et la neutralité sexuelle [sic], car le poids d’un sac à dos ou d’un être humain ne se soucie pas de savoir si vous êtes un homme, une femme, homo ou hétéro », a-t-il ajouté.
Cette réaction peut sembler inattendue étant donné que les huit épisodes de *Boots* suivent les parcours de Cameron, un jeune gay, et de Ray, son meilleur ami hétéro, dans un camp d’entraînement des Marines en 1990. Bien que certaines séquences présentent un cadre oppressant, l’ambiance inspirée par *Full Metal Jacket* est rapidement écartée et, dans l’ensemble, le scénario ne présente rien d’antimilitariste ou d’antipatriotique. En fin de compte, c’est la camaraderie qui est mise en avant.
Ce qui semble indigner le Pentagone, c’est que *Boots* rappelle que le fait d’être gay était une raison d’exclusion de l’armée des États-Unis jusqu’en 2011. Le scénario s’inspire du livre autobiographique *The Pink Marine* de Greg Cope White, qui relate ses six années de service militaire tout en luttant contre l’homophobie.
### Plus de 13.000 personnes LGBT exclues entre 1994 et 2011
Le script de *Boots* prend certaines libertés par rapport à l’ouvrage. Par exemple, l’histoire commence en 1990 alors que Greg Cope White a réellement intégré l’armée en 1979, mais on peut supposer que le choix de débuter l’intrigue avant la Guerre du Golfe vise à envisager une potentielle deuxième saison… Dans tous les cas, entre 1979 et 1990, aucune avancée significative n’était survenue pour les personnes LGBT dans l’armée, qui continuaient de devoir cacher leur orientation pour pouvoir servir. De plus, il suffisait souvent d’une dénonciation ou d’une hiérarchie trop intrusive pour être renvoyé.
En 1994, sous la présidence de Bill Clinton, la loi « Don’t Ask, Don’t Tell », « Ne demandez pas, n’en parlez pas », a été instaurée. Cette loi représentait un compromis : l’armée ne pouvait pas interroger sur l’orientation sexuelle de ses membres, mais les militaires LGBT devaient rester très discrets, contrairement à leurs homologues non LGBT.
Durant la période de « Don’t Ask, Don’t Tell », qui a pris fin en 2011, environ 13.500 gays, lesbiennes ou bisexuels ont été contraints de quitter l’armée en raison de leur orientation, d’après des données du Pentagone. Sous la présidence de Joe Biden, en 2024, un processus a été lancé pour permettre à ces militaires de demander leur réhabilitation et de bénéficier ainsi des avantages réservés aux vétérans, tels que des soins de santé.
### La croisade de Trump contre la diversité et l’inclusion
Cette ouverture a été rapidement assombrie par le retour de Donald Trump au pouvoir. Bien que les personnes LGBT ne soient pas officiellement interdites dans l’armée des États-Unis, en 2017, une enquête menée par la RAND Corporation révélait que 6,1 % des militaires interrogés s’identifiaient comme LGBT. Cependant, le président conduit une guerre contre les programmes de diversité, d’équité et d’inclusion.
Plus de 26.000 photographies historiques, illustrant notamment la présence des femmes, des personnes racisées et des membres de la communauté LGBT dans l’armée, ont disparu des sites du Pentagone, comme l’a rapporté France Culture en mars. Parallèlement, la Maison-Blanche a initié une purge des militaires transgenres de l’armée, touchant un nombre estimé entre 4.200 et 10.000 personnes.
*Boots* présente une diversité de personnages (des femmes, des personnes racisées, des gays, des personnes en situation d’obésité) et illustre comment chacun peut contribuer à l’effort militaire. La série véhicule le message que l’épanouissement personnel et l’authenticité ne s’opposent pas à l’esprit collectif. Cette promotion de la diversité pourrait bien être à l’origine de la réaction du Pentagone.

