Belgique

Retards et annulations : le réseau TEC en pagaille depuis l’arrivée du tram à Liège.

Le test commence à l’arrêt Médiacité, juste au pied de la RTBF Liège, et le bus 17 est attendu à 12h42 avec un retard de 20 minutes. Le collectif CoMBaLi a présenté une pétition au Parlement wallon, rassemblant un peu plus de 2600 signatures, demandant une communication améliorée et dénonçant des annulations de bus allant de 23% à 51% sur certaines lignes.


Notre test débute à l’arrêt Médiacité, au pied de la RTBF Liège. Je prévois de prendre le bus 17, à 12h42. Après une longue attente, je consulte l’application TEC qui m’informe d’un retard de 20 minutes.

Heureusement, un autre bus arrive 10 minutes plus tard. Ce n’est pas celui que j’attendais, mais il va à la même destination. Je profite du trajet pour discuter avec ma voisine.

Evelyne, qui habite Angleur et travaille à l’hôpital de la citadelle, prend le bus régulièrement et décrit ses trajets comme « très compliqués ». Elle explique : « Le matin, je pars de chez moi très tôt, vers 5 heures pour être certaine d’avoir un bus qui me permettra d’arriver à l’heure. Si je travaille le soir, c’est toujours le stress. Je dois quitter très vite l’hôpital pour avoir le bus 33 qui part vers 22h40. S’il part plus tôt que prévu et que je le rate, je dois descendre à pied pour prendre le tram, puis un bus, et finir à pied. Souvent, quand j’arrive chez moi, il est minuit, alors que j’ai fini le travail à 22h30 ! »

Je suis finalement déposée place Saint-Lambert. Ici, je dois prendre le 33 en direction de Vottem. En raison du retard de mon premier bus, j’ai raté ma correspondance et je dois donc attendre le suivant. Trouver l’arrêt s’avère plus compliqué que prévu. Le point indiqué sur l’application est incorrect, et après avoir demandé mon chemin à plusieurs passants, je finis par trouver le bon endroit.

Je monte finalement dans un bus 33… en retard et bondé. À l’intérieur, un passager se plaint : « J’ai attendu trois quarts d’heure que le bus arrive et je suis en retard à mon rendez-vous. Ça devient insupportable. » Je comprends sa frustration : j’arriverai à mon rendez-vous avec près d’une heure de retard. Vinciane Jansen, du collectif CoMBaLi (collectif pour la mobilité dans le bassin liégeois), m’attend déjà à l’arrêt. Je suis un peu gênée de l’avoir fait patienter. Elle me rassure : elle aussi vient juste d’arriver. Son tram a été bloqué un moment sur les voies à cause d’un problème technique, ce qui l’a fait rater son bus. Pour une fois, cela tombe bien !

Le programme est de revenir avec elle vers le centre-ville et d’en profiter pour discuter des revendications du collectif CoMBaLi. Ce collectif d’usagers vient de soumettre une pétition au Parlement wallon, ayant recueilli un peu plus de 2600 signatures. « Notre première revendication, ce sont des informations et une communication nettement améliorées », explique-t-elle. « Par exemple, nous faisons souvent face à ce qu’on appelle des bus fantômes. Des bus sont supprimés, par exemple parce que le chauffeur est malade et n’est pas remplacé, mais cela continue d’être signalé sur l’application. » Le collectif dénonce également de nombreuses annulations. Sur certaines lignes, le problème est particulièrement marqué. CoMBaLi estime que, pour la ligne 2 reliant le Sart-Tilman à Liège, entre 28 et 37% des bus sont annulés ! Pour la ligne 17, au départ de Chênée, le taux d’annulation serait de 23% à 51%.

Vinciane Jansen et moi-même attendons maintenant le bus 34. Celui-ci arrive à l’heure. Nous montons à bord, plutôt confiantes. Cependant, le chauffeur essaie à plusieurs reprises de fermer les portes sans succès. Il se lève et nous annonce que le bus ne pourra finalement pas démarrer. Nous redescendons.

Nous changeons de programme et prenons le bus 33 pour revenir place Saint-Lambert. Vinciane s’impatiente : « Ce qui me révolte, c’est que c’est un service public et qu’on n’y est plus du tout. Des usagers choisissent de prendre la voiture, ce qui n’est pas une solution. Et puis, la voiture est réservée à ceux qui en ont les moyens. Toute une catégorie de la population est oubliée, ils sont vraiment dans la mouise ! À cause de ces retards, ils risquent de perdre leur emploi, d’avoir des sanctions financières à cause de rendez-vous médicaux loupés ou des mauvais points à l’école. C’est effarant ! »

Mon trajet se termine sans autre incident, par un court trajet en tram. Mais pour ce petit aller-retour vers Vottem, il m’aura fallu près de deux heures et demie.

« Notre objectif, c’est un retour à une offre plus fiable et plus régulière pour le voyageur dès le début de l’année prochaine », déclare Isabelle Tasset, porte-parole du TEC. Contacté après cette expérience, le TEC affirme être conscient du problème actuel et évoque un manque de personnel. Le taux d’absentéisme du personnel oscillerait entre 10 et 15%. À cela s’ajoutent les chauffeurs en formation pour la nouvelle ligne B2, 100% électrique, qui relie le Sart-Tilman à la gare des Guillemins. « Nous mettons en place différentes mesures, notamment un plan de recrutement accéléré. Cependant, nous devons rester transparents. Cette amélioration dépend aussi de facteurs structurels, notamment la situation budgétaire de la Wallonie. »