Risques d’erreur : champignons et applis de reconnaissance ne s’allient pas
En 2024, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) indique que trois personnes intoxiquées sont mortes et 41 ont eu des conséquences très graves sur leur santé. « On compte 1.200 intoxications » depuis le début de l’année, et à la même date, on en recensait « 914 en 2024 ».
L’automne est pour certains la saison de la cueillette des champignons, tandis que pour d’autres, il peut entraîner des intoxications. La confusion entre différentes espèces, comme la lépiote, la coulemelle ou l’amanite phalloïde, peut être dangereuse, avec des conséquences graves, y compris des issues fatales.
En 2024, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a rapporté trois décès dus à des intoxications, contre aucun en 2023. De plus, 41 personnes ont subi des conséquences très graves sur leur santé, une augmentation par rapport aux 23 cas de l’année précédente. Cette hausse des cas se produit malgré l’utilisation accrue des technologies d’identification sur nos smartphones, y compris les applications et la reconnaissance d’image alimentée par l’intelligence artificielle. L’Anses observe que ces outils sont de plus en plus utilisés par les cueilleurs.
Les autorités sanitaires encouragent donc à faire preuve de prudence, surtout lorsque ces champignons sont destinés à la consommation, soulignant le « risque élevé d’erreurs d’identification » en se fiant uniquement aux applications.
### Des applis qui se trompent
« Identifier un champignon est compliqué et difficile, même des experts peuvent se tromper », rappelle Sandra Sinno-Tellier, adjointe à la direction des alertes et des vigilances sanitaires à l’Anses, dans un entretien avec *20 Minutes*. De plus en plus de gens se servent de ces outils pour identifier les espèces, que ce soit pour les plantes, les animaux ou les champignons. « Cela fait partie de notre quotidien, mais peut également engendrer des erreurs, c’est pourquoi nous avons lancé l’alerte depuis deux à trois ans. »
Concernant les causes des intoxications, l’Anses signale que la moitié des cas concerne des individus ayant consommé des champignons réputés comestibles mais mal conservés, abîmés ou moisis. L’autre moitié des intoxications est attribuée à des espèces toxiques.
En mi-octobre, on dénombre « 1.200 intoxications » depuis le début de l’année, contre « 914 en 2024 » à la même période, d’après Sandra Sinno-Tellier. Cette augmentation souligne l’importance des messages de prévention, alors que la saison de cueillette n’est pas encore terminée. Sandra Sinno-Tellier avertit qu’« il ne faut jamais se fier uniquement à une application ou à Internet pour identifier une espèce de champignon, en raison des risques d’erreur » ; il est essentiel de consulter un spécialiste.
### Un quart des intoxications dues à une personne de confiance
Parmi les experts à consulter, figurent les pharmaciens, bien que leurs avis soient partagés, car tous ne maîtrisent pas parfaitement les champignons. « Les associations de mycologie peuvent également être une ressource. Dans les régions propices à la cueillette, elles offrent des permanences pour aider à identifier les champignons et fournir des conseils. »
Un autre conseil de l’Anses est de ne pas mélanger différentes espèces de champignons dans le même panier, particulièrement lorsque certains sont cassés. « Il suffit d’un fragment de champignon toxique dans la poêlée pour s’intoxiquer », prévient Sandra Sinno-Tellier. Bien que trois quarts des personnes intoxiquées soient des cueilleurs, un quart l’a été par une personne de confiance, comme des proches. Lorsqu’on n’a pas ramassé soi-même les champignons, il est recommandé de les faire vérifier par un expert avant de les consommer.
Enfin, en ce qui concerne la préparation des champignons, il est conseillé de bien les cuire pendant au moins vingt minutes. Cela ne vise pas à éliminer les toxines, qui ne disparaissent pas à la cuisson, mais à détruire certains micro-organismes, bactéries et parasites. « C’est essentiel pour l’hygiène alimentaire », insiste Sandra Sinno-Tellier. Il est également préférable d’éviter de donner des champignons sauvages à de jeunes enfants (moins de 6 ans), car ils sont plus vulnérables. Ainsi, la plus grande vigilance reste de mise avec les plats à base de champignons cette saison.

