Profondeville : un million d’euros disparu à cause d’une signature ministérielle.
En mai 2022, le CPAS propose la rénovation de l’ancienne Ecole des filles située à Lesves pour en faire un lieu d’accueil des femmes victimes de violences intrafamiliales, dans le cadre du Plan National pour la reprise et la résilience. Les travaux devaient impérativement être terminés pour fin juin 2026, sans demande de prolongation possible.
En mai 2022, le CPAS a proposé de rénover l’ancienne École des filles située à Lesves pour en faire un refuge destiné aux femmes victimes de violences intrafamiliales, dans le cadre du Plan National pour la reprise et la résilience. Quelques mois plus tard, le projet a été sélectionné et doit recevoir un financement d’un million d’euros de la part de la Commission européenne. Les démarches administratives communales ont ensuite été lancées, et le marché public pour les travaux a été attribué en avril 2025, conformément aux délais habituels.
Cependant, des obstacles sont apparus par la suite. « Donc c’est d’abord de la colère et puis de l’incompréhension », a déclaré Sophie Dardenne, présidente du CPAS. « Il nous manquait juste la signature du ministre pour la promesse ferme avant de pouvoir donner l’ordre de commencer les travaux. La signature a mis presque six mois à arriver chez nous. Et lorsque nous avons enfin reçu la signature avec la promesse ferme, nous avons immédiatement informé la société et donné l’ordre de commencer les travaux. C’est à ce moment-là que la société a informé qu’elle n’avait plus de jours pour mener à bien le projet dans les délais impartis. Ce qu’ils leur ont manqué, ce sont les quatre mois d’attente pour la signature… »
Des délais stricts imposés par la Commission européenne stipulaient que les travaux devaient être terminés avant fin juin 2026, sans aucune possibilité de demande de prolongation. Cette semaine, une décision a été prise. Malgré les 200 000 euros déjà investis sur fonds propres, il est nécessaire d’abandonner le projet. « Ce retard administratif a mis à mal tout un projet qui répond à un besoin social, car, malheureusement, les violences intrafamiliales existent », a déploré Dardenne.
Le Ministre Yves Coppieters a réagi par le biais d’un communiqué de son cabinet. « Il était de la responsabilité du gouvernement wallon de vérifier scrupuleusement la faisabilité et la conformité du projet avant tout engagement financier », a-t-il indiqué. Il a précisé que le montant ne pouvait être engagé qu’après l’ajustement budgétaire 2025, ce qui aurait entraîné un délai de quelques semaines au plus. « Ce décalage n’a en rien compromis le financement », assure le communiqué, en prenant en exemple « d’autres porteurs de projets similaires qui ont pu avancer malgré ces conditions de libération de fonds. »
À Profondeville, la présidente du CPAS a souligné qu’il était impossible, dans le cadre du plan de gestion, « d’avancer » et d’engager plus que les 200 000 euros déjà dépensés. Elle espère même que le gouvernement wallon remboursera au minimum cette somme, ou, en compensation, qu’il mettra à disposition les fonds nécessaires à la réalisation du projet.
Le Ministre a également exprimé son étonnement face aux accusations et au manque d’anticipation du CPAS. Dans un nouvel communiqué, ce vendredi 17 octobre dans l’après-midi, il a déclaré que « l’incohérence manifeste entre la durée des travaux annoncée, la date de report sollicitée et les délais européens montre que les difficultés rencontrées ne résultent pas d’un retard administratif, mais bien d’une planification locale inadaptée. Une posture plus anticipative et une gestion plus réactive du projet auraient sans doute permis d’éviter l’impasse actuelle. »

