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Et si Facebook ne surveillait pas déjà vos photos à votre insu ?

Meta a annoncé une nouvelle fonction pour Facebook permettant à son intelligence artificielle de consulter les photos des utilisateurs, même celles qui n’ont pas été publiées en ligne ou partagées. Actuellement, cette fonction n’est disponible qu’aux États-Unis et au Canada.

Meta a récemment dévoilé une nouvelle fonctionnalité pour Facebook permettant à son intelligence artificielle d’accéder aux photos des utilisateurs, y compris celles qui n’ont pas été diffusées en ligne ou partagées. Cette option facultative vise à mettre en avant des « trésors oubliés », mais cela pourrait masquer d’autres enjeux.

Une nouvelle controverse entoure Meta et sa fonctionnalité Facebook annoncée ce vendredi. Actuellement, cette option n’est accessible qu’aux utilisateurs des États-Unis et du Canada. Elle permet à l’intelligence artificielle de Mark Zuckerberg d’accéder aux photos stockées sur les smartphones des utilisateurs, pas seulement à celles déjà partagées ou publiées sur Facebook. L’outil peut ensuite créer des montages, des collages ou des effets thématiques à publier sur Facebook Stories ou dans le fil d’actualité.

À l’heure actuelle, plusieurs applications offrent déjà des fonctionnalités similaires à celles intégrées par Meta à Facebook pour améliorer, classer ou suggérer des publications. On peut citer YouCam Perfect, PhotoDirector et Lensa AI, par exemple. Google Photos et Apple Photos utilisent également des outils d’intelligence artificielle pour organiser et améliorer les photos, mais de manière locale.

Contrairement à Meta, dont la solution repose sur un traitement dans le cloud nécessitant le transfert des images vers ses serveurs, la plupart de ces applications traitent les images localement ou dans un cloud temporaire, se limitant à la retouche photo, sans visée de publication sociale.

Concrètement, lorsque l’utilisateur active cette fonction, Meta AI téléverse temporairement les photos de la photothèque sur ses serveurs pour détecter les images susceptibles d’être partagées.

Meta précise que cette initiative répond à une tendance observée ces dernières années : les utilisateurs prennent de nombreux moments de leur vie en photo, mais partagent de moins en moins de contenus personnels, considérés comme peu pertinents ou trop longs à préparer. L’entreprise espère ainsi encourager ce type de publications grâce à son IA qui automatise le travail d’édition.

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Une promesse de créativité sous conditions

Dans son communiqué, Meta affirme que ces images demeureront privées, qu’elles ne seront pas utilisées à des fins de ciblage publicitaire, ni pour former ses modèles d’intelligence artificielle — sauf si l’utilisateur choisit d’éditer la photo avec les outils de Meta ou de la publier. Dans ce cas, l’IA pourrait analyser les métadonnées, les visages et le contenu pour améliorer les algorithmes d’image et de recommandation du groupe. En effet, Meta a précisé par la voix de son porte-parole Mari Melguizo, interrogé par The Verge, que : « Cela signifie que les contenus de la pellicule téléchargés via cette fonctionnalité pour faire des suggestions ne seront pas utilisés pour améliorer l’IA de Meta. Des améliorations de l’IA de Meta ne pourront être apportées que si vous modifiez les suggestions avec nos outils d’IA ou si vous les publiez sur Facebook. »

Meta souligne son intention d’offrir des suggestions « ludiques et inspirantes » tout en garantissant un contrôle total à l’utilisateur. Ce dernier peut activer ou désactiver la fonctionnalité à tout moment depuis les paramètres de l’application, et les données peuvent être supprimées jusqu’à trente jours après la désactivation du service.

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Source : Meta via The Verge

Des inquiétudes en matière de confidentialité

C’est précisément le transfert et l’analyse dans le cloud qui soulèvent le plus de préoccupations. Certaines associations de défense de la vie privée expriment des inquiétudes concernant le flou des conditions de traitement et redoutent une utilisation progressive des images dans l’apprentissage des modèles d’IA de Meta. Des utilisateurs ont également signalé avoir trouvé des paramètres activés par défaut.

Le débat s’élargit à la question de la transparence. Bien que Meta assure que les médias ne sont pas utilisés à des fins publicitaires, il est essentiel de rappeler que son historique en matière d’utilisation des données nécessite une vigilance accrue. En effet, le groupe avait précédemment reconnu avoir formé ses modèles avec des photos et des textes publics publiés sur Facebook et Instagram depuis 2007.

De plus, cette nouvelle fonctionnalité pourrait potentiellement impliquer des tiers, étant donné que la politique de confidentialité de Meta autorise le partage de certains contenus avec des partenaires externes. Ces derniers peuvent alors les utiliser selon leurs propres critères, compliquant d’autant plus la maîtrise des données personnelles.

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Disponibilité et options de contrôle

Meta indique qu’un message contextuel s’affichera dans l’application pour activer la fonction, invitant l’utilisateur à autoriser le traitement de la photothèque via le cloud. Deux options s’ouvriront dans les paramètres : la première permet de personnaliser les suggestions de partage, la seconde de recevoir des recommandations directement dans le fil.

L’entreprise assure enfin que les suggestions générées par l’IA demeurent privées et qu’aucun contenu n’est publié sans une action explicite de l’utilisateur.

Selon la société, cette fonctionnalité est désormais accessible à tous les utilisateurs de Facebook aux États-Unis et au Canada, avec un déploiement progressif prévu sur Android et iOS. Aucune date n’a encore été communiquée pour l’Europe, où des régulations de protection des données plus strictes pourraient retarder le lancement.