« La Cameratte » de l’Orchestre symphonique tunisien : Concert aux sonorités mondiales
L’Orchestre symphonique tunisien a signé sa rentrée le 15 octobre avec « La Cameratte », un spectacle dirigé par le maestro Shady Garfi. Le prochain événement à la Cité de la culture de Tunis est « La Traviata », une reprise tunisienne de l’opéra de Verdi, prévue pour le 31 octobre prochain.
Le concert intitulé « La Cameratte » évoque le terme « camera », en lien avec la « musica da camera », qui désigne en italien la musique de chambre, se caractérisant par un nombre de musiciens inférieur à celui d’un orchestre symphonique classique.
La Presse — L’Orchestre symphonique tunisien a marqué le début de sa saison le 15 octobre avec « La Cameratte », un concert dirigé par le maestro Shady Garfi. Contrairement à d’autres occasions, le Théâtre des Régions a accueilli cette fois un public nombreux, bien qu’il n’ait pas atteint sa pleine capacité.
Le programme a été éclectique, allant de Mozart à des percussions orientales, avec une volonté affirmée de toucher un large public.
La soirée a débuté avec le « Divertimento en ré majeur de Mozart », interprété par une formation de 16 musiciens, majoritairement à cordes. Le célèbre « Adagio d’Albinoni » a suivi, dans une version réarrangée par Shady Garfi, qui a joué l’introduction au piano avant de reprendre sa baguette pour diriger « Oblivion » d’Astor Piazzolla, laissant le clavier au pianiste Bessem Makni. Ce morceau doux et presque méditatif fait partie de la bande originale du film « Enrico IV » de Marco Bellocchio, sorti en 1984.
Le tempo s’est intensifié avec les « Danses folkloriques roumaines » de Béla Bartók, composées en 1915. L’orchestration a préservé l’esprit rural et populaire de cette musique tout en ajoutant des couleurs instrumentales riches et variées.
La suite du programme a élargi les horizons musicaux, notamment avec un extrait de la bande originale du film « Cinema Paradiso » sorti en 1988. Composée par Ennio Morricone, cette musique a apporté une touche de lyrisme cinématographique à la soirée.
Trois musiciens de renom ont rejoint l’ensemble sous les applaudissements : Hatem Hamila aux percussions, Ahmed Litaiem au naï, et Ghalia Ben Halima au luth. Avec leur présence, les sonorités orientales ont pris le relais, suscitant un fort enthousiasme du public.

Le jeune Ahmed Litaiem a déjà participé à des projets musicaux à succès tels que « 24 Parfums » de Mohamed Ali Kammoun. Il a également donné plusieurs concerts avec son propre projet « Rebirth quartet ». Pour ce concert, il a présenté un solo raffiné au naï, mettant en avant la richesse expressive de cet instrument emblématique des musiques orientales.
Mohamed Hatem Hamila est reconnu pour sa maîtrise de divers instruments de percussion d’origines variées. Il a accompagné de grands artistes internationaux sur d’importantes scènes en Tunisie et ailleurs, y compris des spectacles avec le maître du qanoun Aytaç Doğan. Ghalia Ben Halima, âgée de 17 ans, est récemment devenue très remarquée pour son talent prometteur.
Les musiciens ont enchaîné avec deux œuvres du compositeur azerbaïdjanais Adil Geray, particulièrement applaudies pour leur richesse expressive : « Shahnaz Sayaghi » et « Bağçakürd », qui ont offert une clôture dynamique au concert.
Le violoniste et compositeur italien Vittorio Monti a également contribué au programme avec « Czardas », une pièce de 1904 inspirée de la danse folklorique hongroise. Cette musique se caractérise par ses contrastes de tempo entre douceur et intensité.
Au final, il est évident que l’un des points forts de ce concert réside dans la diversité des répertoires, couvrant un large éventail allant du XVIIIe au XXe siècle, tout en mettant en avant des traditions musicales variées. Le programme audacieux s’est écarté volontairement des classiques trop familiers pour explorer des œuvres moins connues, mais bien accueillies par un public manifestement réceptif à la nouveauté.
Cependant, on aurait souhaité trouver des flyers ou des programmes imprimés pour suivre le contenu, comme c’est habituellement le cas lors des concerts de musique symphonique, même si « La Cameratte » ne s’inscrit pas tout à fait dans le format symphonique traditionnel. Le maestro Shady Garfi a fait preuve d’une grande maîtrise technique durant sa prestation, mais son interaction avec le public est restée assez distante. Aucun mot d’accueil, présentation des morceaux ou des musiciens n’a eu lieu, ces derniers entrant séparément et non en ensemble.
Après ce concert d’ouverture multiculturel, la Cité de la culture de Tunis se prépare à accueillir des événements musicaux de haut niveau. Le prochain annoncé est « La Traviata », une reprise tunisienne du célèbre opéra de Verdi, mettant en vedette deux grands noms de la musique lyrique : Hassen Doss et Lilia Ben Chikha. Le rendez-vous est fixé au 31 octobre prochain. Nous y reviendrons.

