Meurtre de Lola : L’audience révèle photos et vidéos du drame
A la cour d’assises de Paris, le commissaire Maximilien G. a décrit le corps de la victime, affirmant qu’il était « entièrement nu » et présentait « 18 plaies ». Dahbia Benkired, l’accusée, a été interpellée le 15 octobre 2022 et encourt la réclusion criminelle à perpétuité, avec le verdict attendu le 24 octobre.

A la cour d’assises de Paris,
Le président de la cour d’assises avertit les proches de Lola. Des images du corps dénudé de la fillette de 12 ans, retrouvée ligotée avec du ruban adhésif dans une malle, vont être projetées dans la salle d’audience. « Cela peut être utile pour que la cour et les jurés puissent voir et comprendre ce qui est jugé », explique le magistrat, proposant aux membres de la famille de la victime de sortir un moment. Delphine, la mère de Lola, et Thibault, son frère, restent assis sur le banc des parties civiles. À la barre, le commissaire Maximilien G., ancien policier de la brigade criminelle, commente les photos. « La tête était complètement entourée de scotch, il y avait une plaie très importante au niveau de la mâchoire et une autre au niveau du cou. » Cette description est trop difficile à supporter pour la mère de la victime qui finit par sortir. L’accusée, Dahbia Benkired, garde son calme.
A l’époque, ce policier expérimenté, aux cheveux gris courts, en costume sombre et cravate bleue, faisait partie des directeurs d’enquête de la Crim’ qui ont travaillé sur cette affaire. Les enquêteurs examinent les images des caméras de surveillance installées dans l’immeuble où résident Lola et sa famille, rue Manin, dans le 19e arrondissement. Son père, Yohan, est le gardien de l’immeuble. La jeune fille entre dans le bâtiment à 15h11, suivie de près par Dahbia Benkired. « On a l’impression que Lola Daviet n’est pas très rassurée lorsqu’elle croise le regard de cette femme », note le commissaire Maximilien G.. À 16h59, l’accusée sort de l’immeuble avec deux valises, une rose et une noire, ainsi qu’une grosse malle mal fermée. « On voit qu’elle a du mal à la tirer, car elle est très lourde », ajoute le policier, observant que l’accusée a changé de vêtements.
Des nuggets et des frites
Après la découverte du corps, un témoin se manifeste auprès des policiers. Il a rencontré Dahbia Benkired plus tôt dans l’après-midi, alors qu’elle sortait de l’immeuble de la rue Manin avec la malle contenant le cadavre de la fillette. Ensemble, ils se sont rendus dans un café, Le Rallye. Selon ce témoin, elle lui a proposé de lui vendre « des reins ». Les enquêteurs vont saisir et analyser les images des caméras de surveillance de l’établissement. On voit le duo s’installer à une petite table et discuter du contenu de la malle. « Elle est très détendue en lui parlant, observe le commissaire Maximilien G.. Cela contraste réellement avec les faits qu’elle sait avoir commis. » L’homme qui accompagne l’accusée soulève le couvercle de la malle et met sa main à l’intérieur. Puis il se lève et quitte les lieux. « Il voulait commander deux cafés mais il a renoncé, ne se sentant pas à l’aise », précise le policier.
Dans la soirée, elle dîne avec l’un de ses amis dans un fast-food, les 3 Atlas. « Elle est souriante » lorsqu’elle commande des nuggets et des frites, note le président de la cour en visionnant les images captées par la caméra du restaurant. Après ce repas, elle rentre à Paris en VTC pour déposer le corps de la victime rue Manin, avant de passer la nuit chez un ami à Bois-Colombes.
« On a vu qu’elle avait les yeux bleus »
Le 15 octobre 2022, Dahbia Benkired est interpellée au petit matin. Maximilien G. a participé à la perquisition de l’appartement de la sœur de l’accusée, situé au 6e étage. « Un petit F1, d’environ vingt mètres carrés », décrit-il en examinant les photos de ce jour-là. « Dans la salle principale, il y a deux clic-clac, deux matelas contre le mur, une kitchenette, de l’eau dans la baignoire avec un petit tabouret dedans », poursuit-il. À l’intérieur, les limiers de la PJ vont utiliser du Bluestar, « un produit permettant de révéler les traces latentes de sang » dans l’obscurité. Les images projetées montrent de nombreuses traces de sang dans la salle de bains. Un couteau Ikea, avec une lame de 20 cm, a également réagi au produit. Les enquêteurs saisissent aussi un flacon de vernis à ongles rouge « qui a pu servir à écrire les chiffres 0 et 1 sous les pieds de la victime ».
Les policiers ont photographié l’endroit où ont été découvertes les deux valises de Dahbia Benkired et la malle contenant le corps de la victime. « La malle mesurait 70 cm par 40 cm », précise le commissaire de police. D’autres images montrent le corps meurtri de la préadolescente. « Il était entièrement nu. C’était le corps d’une jeune fille, de type caucasien, couvert de scotch gris, souffle le policier. Les deux mains étaient attachées. Le visage et le cou étaient recouverts de scotch. Il y avait une plaie au cou presque décapitant. 18 plaies ont été constatées. Deux chiffres avaient été inscrits sous les pieds, un 0 et un 1, avec une sorte de liquide rouge. En retirant le scotch du visage de la victime, qui était très déformé, on ne pouvait pas affirmer que c’était Lola Daviet. On a pu voir qu’elle avait les yeux bleus. »
Le verdict est prévu pour le 24 octobre. L’accusée encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

