Ces femmes ukrainiennes prennent les armes : récit d’Anastasia Fomitchova
Volia est un terme ukrainien qui n’a pas d’équivalent en français et signifie à la fois liberté et volonté, précise Anastasia Fomitchova, autrice du livre titré par cette expression, aux éditions Grasset. En 2017, Anastasia Fomitchova a rejoint un bataillon de volontaire alors que l’armée ukrainienne n’était pas prête à être confrontée à une invasion sur son territoire.
Volia est un terme ukrainien sans équivalent en français. « Il signifie à la fois liberté et volonté », explique Anastasia Fomitchova, autrice d’un livre publié aux éditions Grasset et intitulé par cette expression.
Anastasia s’est engagée à 22 ans sur le front, dès 2017. « À ce moment-là, l’armée ukrainienne n’était pas prête à être confrontée à une invasion sur son territoire. Ce sont donc les citoyens ukrainiens qui ont bâti les premières lignes de défense, les premiers bataillons volontaires, y compris des bataillons médicaux pour évacuer les blessés de la ligne de front. En 2017, j’ai, moi aussi, rejoint un bataillon de volontaire. »
### Une armée de volontaire
La docteure en sciences politiques suspend son doctorat et décide de retourner sur le front : « Ma ville, mes amis, ma famille, étaient menacés. L’objectif de Vladimir Poutine à ce moment-là était de s’emparer de la ville de Kiev et de porter un coup fatal à l’indépendance et à la souveraineté de notre pays. Donc je savais que si nous ne résistions pas, tout ce que nous connaissions serait amené à disparaître. »
C’est sur le terrain qu’elle a appris à devenir infirmière de guerre : « Comme tous les citoyens ukrainiens qui ont rejoint l’armée régulière, personne n’était militaire avant 2014 ou 2022 », évoque-t-elle. « J’ai rejoint un bataillon militaire qui a été formé en 2014 par une étudiante en médecine de 18 ans. Elle s’est engagée sur le front pour aller chercher les blessés et évacuer les corps. Elle a été blessée en 2015. À partir de là, ne pouvant plus aller elle-même sur le front, elle a décidé de former des citoyens pour évacuer et stabiliser les blessés de la ligne de front. Donc j’ai été formé en une semaine. »
### Les volontaires à la base de la création de l’armée ukrainienne d’aujourd’hui
Pour Anastasia Fomitchova, l’engagement était une évidence : « Des gens continuaient de se battre pour protéger l’Ukraine, et j’ai considéré que c’était mon devoir d’aller les soutenir. »
Ce volontarisme du peuple ukrainien, sa capacité à se mobiliser, a permis à l’Ukraine de résister : « C’est cette résistance dès 2014 qui a permis de faire rempart à l’armée russe. Ce sont les citoyens qui ont pris en charge toute la logistique militaire. Pour du matériel militaire, paramilitaire, médical. Avec le soutien de l’État aussi, c’est un processus qui a abouti à la construction d’une armée nationale. Mais la solidarité reste très forte au sein de la société. »
Il a fallu réagir vite car les Ukrainiens n’avaient initialement pas de quoi se défendre contre une invasion massive de la Russie.
« On parlait d’une attaque mais on n’était pas préparé à une invasion de cette envergure. Nous étions tous des civils avant que la Russie nous attaque. »
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