Arizona : la réforme des primes de nuit va-t-elle booster l’e-commerce en Belgique ?
La réforme du travail de nuit, introduite par le gouvernement Arizona, entrera en vigueur le 1er janvier 2026 et ne s’appliquera qu’aux nouveaux contrats. Selon l’économiste Olivier Malay, près de 140 000 travailleurs de soirée et 32 000 travailleurs de nuit seront affectés, ce qui pourrait entraîner une perte nette estimée à 25 millions d’euros.
Ce travail de nuit est défini comme les heures de travail effectuées entre 20h et 6h et donne généralement droit à des primes selon les commissions paritaires. Le gouvernement de l’Arizona a décidé de réformer cette réglementation à partir du 1er janvier 2026.
Dans son accord d’été, il a stipulé que les primes de nuit, les sursalaires, ne pourront être appliquées QUE sur les heures travaillées entre **minuit et 5 heures du matin**. Actuellement, ces primes sont versées pour tout travail pénible effectué **entre 20h et 6h du matin**. Le gouvernement fédéral vise, avec cette réforme, à renforcer la compétitivité des entreprises belges dans le secteur de l’e-commerce.
Cela permettra également aux grandes entreprises d’e-commerce qui ne sont pas présentes en Belgique de s’implanter. David Clarinval, le ministre fédéral de l’économie, prend comme exemple les centrales de distribution nocturnes, tel qu’Amazon, qui pourrait s’installer en Belgique. Pour ces entreprises, la période nocturne sera réduite, entraînant ainsi des coûts moindres en raison de primes diminuées.
### Qui est concerné aujourd’hui par la réforme du travail de nuit ?
Actuellement, la réforme touche **5 commissions paritaires** qui englobent le commerce de détail alimentaire, les grandes enseignes de vente au détail, les grands magasins et la logistique. En d’autres termes : les supermarchés, hypermarchés, enseignes de bricolage, mode et transport. Cela concerne environ 400.000 employés, dont 30.000 seulement dans l’e-commerce.
Cependant, tous ces travailleurs ne seront pas impactés par la réforme du travail de nuit. Olivier Malay, économiste à la CSC et professeur à la Solvay Business School, a estimé que près de 140.000 travailleurs exerçant des horaires de soir et 32.000 travailleurs de nuit seront affectés.
L’économiste a évalué les pertes potentielles pour les travailleurs. Un ouvrier dans le secteur du transport et de la logistique pourrait subir une perte de **116 euros brut par mois**, tandis qu’un ouvrier du secteur du commerce alimentaire verrait son **salaire brut réduire de 343 euros**, voire plus. En total, il estime que la perte nette s’élèverait à 25 millions d’euros, avec un manque à gagner pour la sécurité sociale et les impôts chiffré à 20 millions d’euros. Pour les entreprises du commerce et de la logistique, le gain pourrait atteindre environ 45 millions d’euros.
### La réforme rate sa cible
Selon Olivier Malay, cette réforme échoue à atteindre son objectif de rendre la Belgique plus attractive pour le e-commerce. En effet, la plupart des effets de la réforme se manifesteront en dehors des secteurs liés à l’e-commerce. Le commerce en Belgique présente peu d’activité d’e-commerce, ces services ayant souvent été externalisés. De ce fait, ce sont principalement les secteurs du transport et de la logistique, notamment les dépôts, qui souffriront de cette réforme.
Il subsiste également des points d’incertitude, notamment concernant le périmètre des secteurs inclus par exemple. La liste des commissions paritaires dont les primes de nuit seraient partiellement supprimées pourrait s’élargir. Les syndicats craignent que cela touche tous les secteurs soumis à la concurrence internationale, étant donné que l’objectif est de renforcer la compétitivité de la Belgique.
### Qui sera touché le 1er janvier par la réforme du travail de nuit ?
Le Ministre fédéral de l’Economie, David Clarinval, souligne que la réforme ne s’appliquera qu’aux nouveaux contrats, ce qui signifie qu’il n’y aura pas de perte de pouvoir d’achat pour les personnes travaillant déjà de nuit. L’impact de la réforme se fera donc progressivement, en fonction des nouvelles embauches.
Cependant, à la CSC et au Setca, une autre interprétation prévaut. Il y a des craintes que les nouveaux arrivants remplacent les travailleurs en poste sur ces horaires de nuit. Ces postes deviendraient alors moins attractifs en raison de la réduction du sursalaire. Les syndicats avancent que l’absence de rémunération attractive pourrait aggraver la pénurie de main-d’œuvre.

