France : le gouvernement Lecornu évite la censure après le rejet des motions LFI et RN
Au total, 271 députés ont voté pour, insuffisant pour atteindre les 289 voix nécessaires pour renverser le gouvernement. Une deuxième motion déposée par le Rassemblement national n’a elle réuni que 144 voix.
Au total, 271 députés ont voté en faveur de la motion, un chiffre insuffisant pour atteindre les 289 voix requises pour renverser le gouvernement. À l’exception de quelques-uns, LFI, le groupe des communistes et ultra-marins, les écologistes et l’extrême droite ont soutenu le texte de la France insoumise, tandis que Les Républicains et, surtout, le PS, ont voté contre.
Une seconde motion déposée par le Rassemblement national n’a quant à elle recueilli que 144 voix.
Provisoirement, le président de la République remporte son pari, après avoir réintégré Sébastien Lecornu, qui avait quitté son poste le 6 octobre, après avoir perdu le soutien de Bruno Retailleau, le leader des LR, en raison de la composition du gouvernement Lecornu 1.
Le Premier ministre a simplement reconnu cette non-censure, se déclarant « au travail » et satisfait que « les débats puissent démarrer« .
À la tribune, le député socialiste Laurent Baumel a justifié la position de son groupe : ce n’est « en aucun cas un pacte de non-censure » pour l’avenir, a-t-il mis en garde.
Il a prévenu que « la pérennité même de votre gouvernement » dépend de l’effectivité de la suspension de la réforme des retraites promise, et qu’il « n’y aura pas d’entourloupe ou de ruse procédurale« , alors que des doutes émergent sur la probabilité que cette suspension soit effectivement votée à l’issue de la discussion budgétaire.
Chacune à leur tour, Aurélie Trouvé (LFI) puis Marine Le Pen, cheffe des députés RN, ont tenté de persuader les hésitants, notamment chez LR et au PS, de soutenir leurs motions respectives.
La suspension de la réforme des retraites a été qualifiée de « leurre, tromperie, subterfuge » par la députée insoumise.
Marine Le Pen, quant à elle, a critiqué la droite, qui, après « avoir fait campagne pendant des mois sur son refus de se dissoudre dans le macronisme« , a choisi de « se dissoudre dans le socialisme« . Elle a qualifié le budget de « matraquage fiscal » et a dénoncé les « partis unis par la terreur » d’une élection anticipée, déclarant attendre cette dissolution « avec une impatience croissante« .
En réponse, Sébastien Lecornu, dont le gouvernement a été nommé dimanche, a appelé à « un moment de vérité entre ordre républicain et désordre« , exhortant les censeurs à ne pas « prendre en otage » le budget.
Pour rassurer les députés, le Premier ministre a renoncé à utiliser l’arme du 49.3 dans les débats budgétaires, ce qui permet habituellement au gouvernement d’imposer son texte.
Les Insoumis, écologistes et communistes ont de leur côté dénoncé des mesures d’économies « inacceptables« , telles que le gel des prestations sociales et le doublement des franchises médicales.
Chez les socialistes, sept voix ont fait défaut, principalement parmi les députés ultra-marins, qui avaient exprimé, dans un communiqué, leur mécontentement face au « désamour à l’égard des territoires d’outre-mer » du gouvernement.
Les LR ont pour leur part décidé dans leur majorité de ne pas censurer, ce qu’ils justifient « au nom de l’intérêt national de doter la France d’un budget« , malgré des « désaccords importants« , selon leur orateur Jean-Didier Berger. Ils se sont rangés derrière la ligne imposée par leur chef Laurent Wauquiez.
Cependant, une députée LR a voté en faveur des motions LFI et RN, et deux autres ont voté uniquement pour la motion RN.
Les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi et qui prévoit un effort d’environ trente milliards d’euros, vont enfin commencer à l’Assemblée la semaine prochaine.
La commission des Finances se penchera lundi sur le projet de loi de finances, qui devrait arriver dans l’hémicycle vendredi. La lutte entre une gauche marquée par des tensions, un socle commun fracturé et l’extrême droite s’annonce ardue, dans des délais très serrés.
Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a prédit que la gauche serait « unie » pour « corriger un budget très injuste » et « récessif« , tout en demandant de nouvelles concessions au gouvernement. Cependant, la cheffe des députés LFI, Mathilde Panot, a appelé militants et électeurs socialistes à « rompre les rangs » avec la direction.
« On va se battre désormais pour protéger les Français, pied à pied, article par article, amendement par amendement« , a promis Jean-Philippe Tanguy du RN.
Même au sein du bloc central, le chef des députés Horizons, Paul Christophe, s’est opposé à la suspension de la réforme des retraites, avertissant : « nous ne voterons pas n’importe quoi. Nous n’avons aucunement l’intention de renier nos valeurs« .

