Tunisie

6e édition du festival Regards de femmes : une audace affirmée

La 6e édition du festival international du film des femmes « Regards de femmes » se termine aujourd’hui, 15 octobre, à la Maison de la culture à Nabeul. La compétition a démarré avec « I told you so » de l’Égyptienne Melek Alsayyad, un documentaire sur le combat d’une jeune femme avec l’endométriose.


Organisée par la Fédération tunisienne des cinéclubs, avec le soutien du ministère de la Culture et du Centre national du cinéma, la célébration du cinéma féminin, consistant en des projections de courts métrages réalisés exclusivement par des cinéastes femmes, constitue une reconnaissance de ces artistes qui, par le passé, étaient souvent limitées à des rôles subalternes.

L’événement phare du mois d’octobre à Nabeul est la 6e édition du festival international du film des femmes « Regards de femmes » (bi ouyounihenna), qui se termine aujourd’hui, le 15 octobre, à la Maison de la culture. Les femmes dominent cette manifestation non par complaisance, mais parce qu’elles le méritent, aux côtés d’hommes occupant divers postes : présentation de films, animation de débats après les projections, modération de rencontres, etc. La parité de 50/50 est presque respectée. Cette célébration du cinéma féminin représente un véritable hommage aux cinéastes qui, progressivement, ont conquis leur place en Tunisie, grâce notamment au Code du statut personnel et à l’éducation qui ont transformé le paysage cinématographique et renouvelé la profession, tant devant que derrière la caméra. Malgré la discrimination, les réalisatrices dominent aujourd’hui le secteur audiovisuel, conscientes de l’importance de l’image dans le monde. « Regards de femmes » incarne la résistance face à une volonté de retour en arrière de certains nostalgiques.

Le film d’ouverture du festival rend hommage à la Palestine à travers le regard d’une réalisatrice palestinienne. Ce documentaire en noir et blanc, adapté d’un poème, montre Bethléem sous les bombardements israéliens, une ville qui, malgré tout, garde espoir en laissant entrevoir la possibilité d’une Palestine rêvée. La compétition a débuté avec « I told you so » de l’Égyptienne Melek Alsayyad, un documentaire sur le combat d’une jeune femme face à l’endométriose, cherchant à se soigner par des méthodes médicales plutôt qu’avec les pratiques désuètes des charlatans. Un autre film égyptien, « Rêves de filles », réalisé par Marwa Alsharkawy, explore la vie d’adolescentes en Haute Égypte qui s’adonnent à la musique, créant une belle harmonie dans une région où d’autres filles de leur âge sont cantonnées aux tâches ménagères et au mariage forcé. Malgré des imperfections techniques, le film réussit à dégager la joie et le triomphe de ces personnages face à une société patriarcale figée.

« Le meilleur des gens », de l’Égyptienne Yassar Abdelhakem, propose une belle prouesse, où la réalisatrice, à travers un livre sur le chanteur Abdelhalim Hafedh, retrouve l’image de son père, bien que le traitement filmique présente quelques maladresses. Le film tunisien « Les cendres de la dignité », de Taycir Nasraoui, est un documentaire indépendant utilisant des images d’archives sur la révolte du pain en Tunisie en 1984. Ce film plaide pour la mémoire d’un peuple en projetant des événements jusque-là tus, tout en restant unilatéral.

« Amal », de la réalisatrice tunisienne Rahma Ben Jemaa (Esac), est une fiction centrée sur le dévouement et l’abnégation d’une famille face à la maladie de sa mère. Le film, cependant, manque de force et demeure linéaire. En plus des projections de films, une rencontre sur la parité dans l’industrie du cinéma a été organisée pour échanger sur des questions importantes et comparer les expériences locales et internationales.