300 femmes se mobilisent pour la santé et la vie, selon l’ATAMCS
L’Atamcs a réussi à mobiliser 300 femmes aujourd’hui à l’IFT pour sensibiliser à l’importance d’un diagnostic précoce du cancer du sein. En 2022, le nombre de nouveaux cas de cancer du sein en Tunisie a atteint environ 3.500.

Placée sous le slogan «Un geste, un dépistage, une vie», l’Atamcs a mobilisé aujourd’hui 300 femmes à l’IFT, sensibilisées à l’importance d’un diagnostic précoce pour améliorer la prévention et les chances de guérison, a affirmé la trésorière de l’Atamcs. «Si le mal est diagnostiqué tôt, la chance de guérison s’approche même des 90 %», a déclaré Mme Abir Ben Jannet. À condition que le processus soit suivi scrupuleusement…
La Presse — Nous avons interrogé le Dr Khaled Rahal, chirurgien cancérologue et président de l’Atamcs, sur l’importance de la mobilisation des femmes tunisiennes venues de diverses régions pour le dépistage du cancer du sein. Le Dr Rahal a évalué l’événement qui s’est tenu hier à l’IFT, soulignant la nécessité d’une prévention précoce, et a partagé les dernières statistiques concernant la maladie en Tunisie. «La mobilisation est très importante. L’afflux de femmes a été notable dès les premières heures de la manifestation, ce qui fait preuve de l’intérêt des femmes tunisiennes pour leur santé, notamment dans la prévention du cancer du sein. Depuis plusieurs années, nous mettons l’accent sur cette prévention car elle est essentielle pour la santé des femmes tunisiennes. Plus le diagnostic est précoce, plus les taux de guérison augmentent. Il est donc crucial de continuer à sensibiliser sur le dépistage du cancer du sein, qui repose sur trois principaux volets. Le premier est la mammographie, que chaque femme doit passer à partir de 50 ans puis tous les deux ans. Le deuxième volet consiste en l’auto-examen mensuel qui aide à détecter toute anomalie. Le troisième est l’examen clinique, recommandé lors de toute consultation. En combinant ces trois volets, nous assurons un bon diagnostic précoce et un dépistage efficace du cancer du sein».
Augmentation des cas
Nous lui avons demandé si le nombre de cas de cancer du sein, essentiellement féminin, connaissait une progression par rapport aux années précédentes. Dr Rahal a répondu sans hésitation : «Absolument, malheureusement, le nombre de nouveaux cas augmente chaque année. C’est un phénomène mondial qui touche tous les pays, y compris la Tunisie. Actuellement, nous comptons environ 4000 à 4500 nouveaux cas de cancer du sein en Tunisie, et d’après les prévisions, ce chiffre atteindra 6000 nouveaux cas en 2030. L’augmentation est significative et certaine». Dr Rahal a également évoqué les facteurs de risque associés au cancer du sein : «Ils sont multiples. En premier lieu, l’âge. Plus on vieillit, plus on est à risque. Ensuite, il y a des facteurs familiaux : avoir des antécédents de cancers dans la famille augmente l’exposition à la maladie, surtout si des cas de cancer du sein sont concernés. Les formes héréditaires représentent 5 à 10 % des cancers du sein. D’autres facteurs liés à l’environnement entrent également en jeu : la consommation de tabac, d’alcool, de graisses animales et l’obésité sont des facteurs de risque. Nous conseillons aux femmes d’éviter de fumer et de consommer de l’alcool, de lutter contre l’obésité, ainsi que d’adopter une alimentation saine riche en fruits et légumes. L’activité physique régulière peut réduire le risque de cancer de 30 à 40 % en améliorant globalement la santé». Le cancer du sein est une tumeur maligne affectant le tissu mammaire, se développant généralement dans les canaux galactophores et les glandes mammaires. Une cellule normale se transforme en cellule cancéreuse et commence à se diviser rapidement, formant une masse qui peut atteindre 1 cm en huit ans. C’est le cancer le plus courant chez les femmes dans le monde, et en Tunisie, son incidence ne cesse d’augmenter. En 2022, environ 3 500 nouveaux cas ont été signalés, et les hommes peuvent également développer un cancer du sein, représentant 1 % des cas. L’Atamcs, pionnière en Tunisie, est active durant «l’octobre rose» avec de nombreuses initiatives.
Une tradition avec l’IFT
À ce sujet, Mme Abir Ben Jannet, trésorière de l’Atamcs, a évoqué l’historique de l’association, ses partenaires et ses objectifs. «L’Atamcs, créée en 2005, est dédiée à l’assistance des malades et à la sensibilisation des femmes sur l’importance du diagnostic précoce du cancer. C’est notre objectif principal. Cette journée de sensibilisation coïncide avec le dépistage du cancer du sein. Avec l’Institut français, ce partenariat existe depuis cinq ans, et les femmes viennent chaque année pour se faire diagnostiquer, établissant ainsi une belle tradition. C’est un acquis précieux pour l’association, car, dans les années 2005-2006, nous ne parvenions pas à attirer plus d’une cinquantaine de femmes, souvent en proie au déni et à la peur. Aujourd’hui, nous avons réussi à mobiliser entre 300 et 400 femmes, et l’événement se poursuit jusqu’à 16 heures. Cela témoigne de la sensibilisation accrue concernant l’importance du dépistage précoce. Grâce à ces journées, nous avons sauvé de nombreuses vies, car plusieurs femmes ignorent souvent qu’elles ont un problème. «Alhamdoulilah», nous les avons accompagnées vers les traitements nécessaires, qu’il s’agisse de la chirurgie ou d’autres soins. Notre prochain rendez-vous est prévu pour le 26 octobre au centre culturel, et c’est une autre tradition pour nous. Nous continuons de nous rapprocher des femmes et avons choisi l’Institut français en plein centre-ville pour faciliter l’accès, et le centre culturel fait aussi partie de notre tradition. Le dépistage est entièrement gratuit, y compris la mammographie pour les femmes sans couverture sociale. Nous accueillons toutes les femmes, même les jeunes filles souhaitant se faire dépister. Nous recommandons une mammographie dès 35 ans pour les cas familiaux, et à partir de 50 ans pour les autres. Ce rituel devient intrinsèque à leur conscience, et nous voyons une réelle évolution dans les mentalités
Caravanes de santé dans les régions
De son côté, Mme Mejda Falfoul, responsable des caravanes sanitaires à l’Atamcs, a précisé que ces interventions ne se limitaient pas à octobre : «En octobre, nous restons généralement proches des organisations locales comme le Croissant-Rouge. Nous avons organisé des événements à Nabeul, effectué des sensibilisations sur les marchés, et aussi à Monastir. Au fil de l’année, nous avons également effectué des actions dans le sud, à Gabès, à Jendouba, à Tataouine. Nous suivons une carte des régions et collaborons avec des associations de la société civile, apportant du soutien aux écoles et aux centres de jeunesse, en déplaçant matériel médical et médicaments, ainsi que pour réaliser des actions de sensibilisation dans les cliniques».
L’Atamcs en bref
L’Association tunisienne d’assistance aux malades du cancer du sein a été fondée en 2005. Il s’agit d’une association caritative d’aide d’urgence visant à accompagner les patientes durant leur traitement, les aider à surmonter l’annonce de la maladie, ainsi que les complications liées aux différentes étapes du traitement, notamment la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie, pour retrouver une apparence normale. L’association aide également à constituer un dossier médical pour la prise en charge par la Caisse nationale d’assurance maladie, favorise la réinsertion des patientes dans leur famille et leur travail, et sensibilise à l’importance du diagnostic et du dépistage précoces. L’Atamcs s’efforce de réduire le fardeau des coûts de traitement pour les familles et l’État. Elle met en place un soutien matériel et moral aux patientes via des contacts téléphoniques et réseaux sociaux, offre un accueil à son siège avec une équipe de bénévoles expérimentés, organise des rencontres avec des médecins spécialisés, ainsi que des activités culturelles et récréatives, des journées de sensibilisation et de dépistage, et des caravanes de santé.

