Taxe sur le vapotage 2026 : consommateurs la jugent « non-sens », « mesquin », « aberrant »
Le mardi 14 octobre, le Premier ministre a évoqué la possibilité d’appliquer, au printemps prochain, une taxe qui augmenterait de 30 à 50 centimes le prix des fioles de 10 millilitres de cigarettes électroniques. Selon Christophe Cutarella, psychiatre, addictologue et tabacologue, une telle décision irait « à l’encontre de la lutte contre le tabac ».

«Ils font tout à l’envers… » À la sortie d’un magasin de vapotage du 14e arrondissement, Quentin exprime son indignation. L’annonce de Sébastien Lecornu concernant une « taxe vapotage » pour le budget 2026 suscite la colère de Quentin et des autres vapoteurs du quartier.
Le mardi 14 octobre, le Premier ministre a évoqué la possibilité d’introduire, au printemps prochain, une taxe qui ferait augmenter le prix des fioles de 10 millilitres de cigarettes électroniques de 30 à 50 centimes.
« Moralement […], ça met un coup derrière la tête »
Une augmentation de près de 10 % qui laisse Quentin sans voix : « On refuse de taxer les milliardaires donc on s’attaque à ceux qui essaient d’arrêter de fumer ? Qu’ils aillent au diable. » Eugénie, elle aussi, est tout aussi en colère. Passée à la « vapot’ » en 2023 après une décennie de tabagisme, elle dénonce un « non-sens » : « On nous dit depuis des années que l’augmentation du prix des cigarettes vise à faire arrêter les gens, et maintenant ils veulent taxer encore plus le meilleur moyen d’arrêter. C’est d’une hypocrisie… C’est même pire. C’est mesquin. Moralement, quand on lutte pour arrêter la cigarette, ça met un coup derrière la tête. »
Le vendeur de leur produit partage ces préoccupations. Camille, qui gère un magasin d’une chaîne spécialisée dans le vapotage, évoque l’importance sanitaire de son commerce : « Je ne pense pas que les gens vont arrêter de vapoter pour ça. Mais franchement, je vois ceux qui viennent ici. La très grande majorité, pour ne pas dire la totalité, viennent pour arrêter la cigarette. C’est un vrai substitut, et ça fonctionne. Alors pourquoi viser ça plutôt que l’alcool ou même les dealers ? Taxez-les, il y aurait beaucoup plus d’argent à récolter. »
Les tabacologues plus nuancés… sur la méthode
Les réactions des professionnels de la santé sont plus mesurées. Christophe Cutarella, psychiatre, addictologue et tabacologue, s’interroge : une telle décision irait « à l’encontre de la lutte contre le tabac ». « Dans la dépendance au tabac, il n’y a pas seulement l’addiction physique, mais aussi l’aspect psychique et comportemental. Bien sûr, la vape n’est pas le sevrage ou l’abstinence. Mais c’est une vraie réduction du risque, une des clés dans l’arrêt du tabac, ce qui est visible aujourd’hui, en France comme ailleurs dans le monde. »
Il estime que le gouvernement, en imposant une telle taxe, « se trompe de cible » s’il souhaite réellement améliorer la santé des Français. « Mais je me doute que l’objectif n’est pas là. On sait que l’État cherche à récupérer de l’argent. » Il concède cependant que la taxation de certains arômes, plus addictifs ou susceptibles d’attirer des jeunes non-fumeurs vers la vape, pourrait être envisagée : « Les goûts bonbon ou ces arômes très sucrés. »
À l’opposé, Bernard Antoine, un autre tabacologue, critique le vapotage sans se prononcer pour une augmentation de prix : « Ce n’est pas très glorieux car ça augmente le prix sans apporter d’aide sur le plan psychologique. Donc, ce n’est peut-être pas là qu’il faut aller. En tout cas, ce n’est pas suffisant. »
Cependant, il souligne que le prix peut avoir « un effet incitatif ». « Je ne suis pas contre parce que cela permet d’abord de générer des revenus, mais surtout cela rappelle que la vape n’est pas un produit inoffensif. Il n’y a aucune étude clinique qui prouve l’innocuité de la cigarette électronique au-delà de douze mois. Donc, ce n’est qu’un tout petit début. »

