80.000 selon la police, 140.000 selon la FGTB : chiffres de la manifestation du 14 octobre.
La zone de police Bruxelles-Ixelles a réalisé un comptage manuel lors de la manifestation nationale à Bruxelles, utilisant des policiers en civil pour observer et compter le nombre de personnes. Thierry Bodson, président de la FGTB, a estimé le nombre de participants pour les provinces de Liège et du Hainaut entre 42.000 et 45.000, en ajoutant une proportion de 20% supplémentaires pour les personnes venues par leurs propres moyens.

Un comptage manuel pour la police
La manifestation nationale ayant eu lieu à Bruxelles a été comptabilisée par la zone de police Bruxelles-Ixelles. Pour cela, les policiers ont d’abord recueilli des informations auprès des organisateurs, notamment concernant le nombre de bus affrétés pour l’événement, ainsi que des données des sociétés de transport en commun pour estimer le nombre de voyageurs se rendant à Bruxelles.
En complément, un comptage manuel a aussi été réalisé pendant la manifestation. « Des policiers en civil se positionnent à des endroits stratégiques le long du parcours, ils observent le nombre de personnes par rangée et comptent le nombre de rangées ou de blocs », a expliqué Ilse Van de Keer, porte-parole de la zone de police Bruxelles-Ixelles. « Par exemple, si nous comptons en moyenne 20 personnes par rangée et que 5 rangées passent, ce bloc compte 100 personnes. Avec des appareils de comptage, nous enregistrons le nombre de blocs qui passent », a-t-elle ajouté.
Cependant, Ilse Van de Keer a reconnu qu’il y avait un autre paramètre à prendre en compte : lors des manifestations, des personnes rejoignent ou quittent le cortège en cours de route, ce qui rend le décompte manuel imprécis. « C’est pourquoi le nombre de participants n’est qu’une estimation, fondée sur plusieurs sources et observations », a précisé la porte-parole.
Un comptage hybride pour les syndicats
Pour les organisateurs, le décompte a été réalisé par la FGTB. Comme pour la police, le premier indicateur utilisé par le syndicat socialiste a été le nombre de billets de train achetés par les organisations syndicales et les places réservées dans les autocars affrétés. Pour cela, il a fallu compiler les chiffres fournis par les différentes sections régionales. Le matin même, Thierry Bodson, président de la FGTB, comptait déjà 34.000 réservations pour les provinces de Liège et du Hainaut.
Cependant, de nombreuses personnes venant hors de Bruxelles ont fait le déplacement par leurs propres moyens. « J’ai vu lors de la manifestation de nombreux jeunes venus par classe ou par école », a souligné Thierry Bodson. Il a ainsi estimé qu’il y avait 20% supplémentaires de manifestants dans cette catégorie.
« En utilisant cette méthode, j’arrivais déjà – rien que pour ces deux provinces – à un chiffre compris entre 42.000 et 45.000 personnes. Ces régions, Liège et Hainaut, sont significatives en termes de mobilisation, mais ne représentent que deux des dix provinces de Belgique », a précisé le syndicaliste. « Il est vrai que les Liégeois et les Hennuyers sont formidables, mais qu’ils représentent à eux seuls la moitié d’une manifestation, c’est une information qui mériterait de faire la une des journaux pendant des années », a-t-il ajouté avec le sourire.
Il faut également considérer la part de Bruxellois présents à la manifestation. « Pour cela, c’est assez simple : je prends la proportion d’affiliés bruxellois par rapport à l’ensemble de la FGTB. C’est un peu moins de 20%. Donc, je rajoute cette proportion. Enfin, pour établir le chiffre final, Thierry Bodson s’est basé sur une règle qu’il considère générale pour toutes les manifestations : « On peut considérer que les provinces de Liège et du Hainaut représentent environ 30% d’une manifestation ».
Une sous-évaluation de la part de la police selon la FGTB
Pour les organisateurs, aucun comptage manuel n’a été effectué, mais Thierry Bodson s’est placé en tête de cortège afin d’avoir une vue d’ensemble sur la foule. « Le temps nécessaire pour que l’ensemble de la manifestation passe devant moi à la Gare Centrale est un baromètre. Cela a duré beaucoup, beaucoup plus longtemps que lors d’une manifestation de 80.000 personnes », a-t-il affirmé.
Se retrouver systématiquement avec une différence de 60% par rapport à nos chiffres, c’est un problème politique.
Bien qu’il existe généralement un écart d’une dizaine de pourcentages entre les estimations des organisateurs et celles de la police, cette fois-ci, l’écart entre les chiffres a dépassé les limites pour Thierry Bodson. « Je suis vraiment exaspéré parce que j’ai aujourd’hui la preuve – je ne peux pas dire la preuve – qu’il y a un problème au sein de la police de Bruxelles au plus haut niveau. Cela fait au moins deux ans qu’elle annonce des chiffres qui sont de l’ordre d’une grosse moitié de ce que nous comptons », a dénoncé le président de la FGTB.
« Il y a toujours eu un différentiel de 10%, mais se retrouver systématiquement avec une différence de 60% par rapport à nos chiffres, ce n’est plus un problème de calcul, c’est un problème politique », a-t-il conclu.

