Suspension de la réforme des retraites : travailleurs partagés sur la décision.
Sébastien Lecornu a proposé la suspension de la réforme des retraites « jusqu’à l’élection présidentielle » de 2027. La réforme, entrée en vigueur le 1er septembre 2023, a décalé l’âge de départ à la retraite à 62 ans et 3 mois pour les personnes nées en 1961, à 62 ans et 6 mois pour les personnes nées en 1962 et à 62 ans et 9 mois pour les personnes nées en 1963.
Sébastien Lecornu a surpris mardi en annonçant la suspension de la réforme des retraites, très contestée, « jusqu’à l’élection présidentielle » de 2027. « Aucun relèvement de l’âge n’interviendra à partir de maintenant jusqu’à janvier 2028, comme l’avait précisément demandé la CFDT. En complément, la durée d’assurance sera elle aussi suspendue et restera à 170 trimestres jusqu’à janvier 2028 », a déclaré le Premier ministre.
Cette suspension permettra à Isabelle de partir à la retraite six mois plus tôt. Après avoir travaillé toute sa vie dans le milieu hospitalier, elle se dit soulagée : « J’arrive en fin de carrière fatiguée physiquement et psychologiquement […] j’en ai gros sur le cœur face aux partis qui ne se soucient pas des gens comme moi. Cela fait trois ans que l’on joue avec cette réforme inacceptable démocratiquement. » Nathalie partage ce sentiment : « Dès fin 2026, bye-bye mon boulot où je n’ai aucune augmentation, ni prime ! […] J’avais vraiment mal encaissé cette réforme imposée très vite », se souvient-elle.
« Pas de quoi se réjouir »
Noura, qui suit l’évolution de cette réforme depuis le début, se dit « ravie » que son poste « puisse profiter à un jeune actif ». Cependant, d’autres lecteurs expriment leur scepticisme. Jean-Pierre déclare : « Il n’y a pas de quoi se réjouir. La retraite des jeunes actifs est fortement menacée, un pas avait été fait, il faudra recommencer de gré ou de force. » Guillaume abonde dans ce sens : « Reporter la réforme, c’est juste creuser l’iniquité entre générations, suspendre pour 3,5 millions de personnes, c’est demander aux actifs restants ou à venir de payer plus ou recevoir moins. » Dominique rappelle que « qui dit suspension ne dit pas annulation », dénonçant « une annonce en trompe-l’œil. Il n’y aura plus qu’à appuyer sur le bouton marche pour redémarrer à l’endroit où l’histoire s’est arrêtée. »
Jean-Jacques, né en 1964, pourra partir à la retraite trois mois plus tôt que prévu. Il nuance cependant : « Sympa, mais pas de quoi sauter au plafond sachant que mon salaire sera à nouveau gelé cette année et qu’une multitude de taxes se profilent », faisant référence au gel des barèmes d’imposition ou aux franchises médicales. Sébastien Lecornu a prévenu que cette suspension devra être « compensée financièrement, y compris par des mesures d’économies » et ne pourra « pas se faire au prix d’un déficit accru. »
« Profiter de la vie »
Bien que certains considèrent que repousser la réforme est « pas le meilleur choix », d’autres, comme Eric, voient dans ces quelques mois de retraite supplémentaire une occasion de « profiter différemment de la vie ». Valérie, 61 ans, estime : « Prolonger l’âge de la retraite c’est aussi prolonger le soutien familial […] quand on a la chance d’avoir un parent ou des petits-enfants. »
Cependant, tous les Français ne bénéficieront pas de ces quelques mois de retraite en plus. La réforme, entrée en vigueur le 1er septembre 2023 sous le gouvernement d’Elisabeth Borne, a fixé l’âge de départ à la retraite à 62 ans et 3 mois pour les personnes nées en 1961, 62 ans et 6 mois pour celles nées en 1962, et 62 ans et 9 mois pour celles nées en 1963. Ainsi, une suspension de cette réforme jusqu’à janvier 2028, comme l’a demandé Sébastien Lecornu, ne profitera qu’aux Français nés à partir de 1964. Pascal, né en décembre 1963, souligne : « Rien ne change pour moi […] L’arnaque sur toute la ligne pour la génération 1963 et personne n’en parle ! »

