Guerre Israël-Gaza : la paix, et maintenant ? Plan Trump remis en question.
Les vingt otages israéliens ont été libérés et le cessez-le-feu est respecté. Le 5 octobre dernier, le Hamas a donné son feu vert à la remise de l’administration de Gaza à « un corps palestinien d’indépendants (technocrates) basé sur le consensus national palestinien ».
La première phase du plan Trump est, pour l’instant, un succès. Les vingt otages israéliens ont été libérés et le cessez-le-feu est respecté. Deux mille prisonniers palestiniens sont libérés et l’armée israélienne a reculé sur la première ligne de retrait. L’aide humanitaire reprend également, avec 700 à 800 camions par jour selon Emmanuel Macron. Une conférence humanitaire devrait être organisée dans les prochains jours pour évaluer les besoins et accélérer l’arrivée de l’aide. Jusqu’ici, tout va bien, mais la suite s’annonce plus difficile.
Dès les premiers instants du cessez-le-feu, des échanges de tirs, des représailles et des exactions ont été signalés à Gaza et à Khan Younis. Des témoins rapportent que le Hamas et le Jihad islamique se vengeront de ceux qui ont collaboré avec l’armée israélienne. Le Hamas explique qu’il tente de reprendre le contrôle sur des familles à la tête de gangs.
Ce chaos pourrait être un point d’entrée pour le plan que propose Donald Trump. Le président a assuré que tout serait sous contrôle et que le Hamas aurait été autorisé à maintenir l’ordre très provisoirement. « Ils veulent réellement mettre fin aux problèmes, et ils l’ont dit ouvertement, et nous leur avons donné notre accord pour une certaine période », a expliqué le président américain.
Cette situation n’est que très provisoire, car la suite du plan implique le démantèlement du Hamas, un point sur lequel le groupe terroriste n’a jamais donné son accord.
La Maison-Blanche souhaite suivre sa feuille de route baptisée « Trump Declaration for Enduring Peace and Prosperity », qui entérine un plan de paix en 20 points pour Gaza. Ce projet rencontre cependant deux obstacles majeurs.
Le premier est le refus du Hamas de désarmer. Donald Trump envisage pourtant le démantèlement, le désarmement et le départ en exil de ceux qui le souhaitent. Si le Hamas profite du retrait israélien pour renforcer sa position à Gaza, il sera probablement plus difficile de l’en déloger.
Le plan américain prévoit ensuite la mise en place d’une « autorité transitoire technocratique ». Gaza serait administrée pendant la phase de reconstruction par un comité de technocrates palestiniens, sous supervision internationale. Une entité appelée « Board of Peace », que Trump dirigerait avec d’autres États et anciens dirigeants internationaux. Donald Trump veut également s’appuyer sur une force internationale de stabilisation temporaire chargée de former et de soutenir une police palestinienne.
L’accueil officiel du plan par le Hamas est mitigé, oscillant entre acceptation partielle et rejet des clauses jugées inacceptables. Le 5 octobre dernier, le Hamas a donné son feu vert à la remise de l’administration de Gaza à « un corps palestinien d’indépendants (technocrates) basé sur le consensus national palestinien ». En d’autres termes, le groupe terroriste semble refuser de disparaître totalement.
Le point de friction le plus net porte sur la notion de « tutelle étrangère ». Dans une déclaration commune, le Hamas, le Jihad islamique et le Front populaire pour la libération de la Palestine ont rejeté toute tutelle étrangère sur Gaza, affirmant que « sa gouvernance est une affaire purement palestinienne ». Cette ligne rouge ferme présage d’un bras de fer tendu avec le plan Trump.
Pour Israël, l’enjeu principal est la sécurité : que Gaza ne redevienne jamais une rampe d’attaque. Le retrait, le désarmement et la surveillance doivent être verrouillés. Le refus que le Hamas conserve une influence militaire est non négociable.
Israël exige des garanties effectives : vérifications, contrôle des frontières, neutralisation des tunnels d’attaque, suppression des arsenaux. Il est également nécessaire d’avoir une interface crédible avec l’autorité gazaouie pour coopérer sur les menaces.
Si ces garanties sont jugées insuffisantes côté israélien, le plan pourrait être remis en cause. Il faudra donc que l’autorité provisoire réussisse à contenir les factions palestiniennes qui refusent la paix avec Israël. Toute attaque relancerait un cycle de violences.
Du côté des puissances internationales, des critiques émergent sur le flou du plan concernant le statut final de la Cisjordanie, de Jérusalem et du droit au retour des réfugiés. Certains aspects du plan antérieur de Trump, celui de février 2025, qui parlait d’une marina à Gaza, restent dans les mémoires.
Il y avait l’idée de reprendre le contrôle administratif direct de Gaza par les États-Unis, de déplacer une partie de la population palestinienne, voire de l’assigner à des zones de relogement temporaire. Des accusations de nettoyage ethnique avaient été proférées par plusieurs États et ONG. Ces éléments demeurent des rails invisibles du débat, susceptibles de ressurgir lors de moments de crises de confiance.
Un autre nuage à l’horizon est la perspective d’un État palestinien, qui divise toujours autant. Le plan de Donald Trump prévoit « d’avancer rationnellement vers la construction d’un État palestinien ». Cependant, Benjamin Netanyahu s’est déjà distancé de cette proposition. En Israël, une loi interdit de négocier la création d’un État palestinien. Les résistances seront donc fortes.
Et face à cela, le Hamas déclare qu’il refuse de s’éclipser totalement tant que la Palestine n’est pas reconnue et effective. La libération des otages et le cessez-le-feu étaient difficiles à négocier. La suite le sera d’autant plus. Il faudra travailler sur le long terme.
La prochaine étape n’est pas seulement de bâtir une autorité sans le Hamas, mais de le faire sans fracture, sans déclencher une guerre civile, tout en maintenant au moins une promesse de paix, un défi colossal dans une terre où les espoirs se brisent plus vite que les barrières.

