Se vacciner contre la grippe ou le Covid-19 est-il toujours utile ?
La campagne de vaccination contre la grippe et le Covid a débuté mardi et concerne les 19 millions de Français jugés à risque de complications. Selon le ministère de la Santé, lors de l’hiver 2024‑2025, seuls 22 % des personnes de plus de 65 ans avaient reçu un vaccin contre le Covid-19, et 53,7 % contre la grippe.
La campagne de vaccination contre la grippe et le Covid a commencé mardi. Comme chaque automne et hiver, les autorités sanitaires encourage 19 millions de Français considérés à risque de complications à se faire vacciner contre ces deux virus. Sont concernées les personnes âgées de plus de 65 ans, celles immunodéprimées, les femmes enceintes, ainsi que de nombreuses personnes atteintes de maladies chroniques, comme l’obésité, le diabète ou un cancer. Mais les personnes qui ne correspondent à aucune de ces catégories ont-elles un intérêt à se faire vacciner ? Spoiler : oui.
## Un intérêt personnel
L’intérêt de la vaccination peut d’abord être individuel. Les personnes qui ont craint de mourir lors de la grippe virulente de l’hiver dernier et qui ne souhaitent pas revivre cette expérience peuvent choisir de se faire vacciner. « La vaccination réduit de 45 % le risque de tomber malade », rappelle Benjamin Davido, médecin infectiologue et référent Covid-19 à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches. « Pour la grippe, des études montrent que la vaccination donne lieu à des formes cliniques atténuées dans leur intensité et leur durée », ajoute Bruno Lina, virologue et directeur du CNR (centre national de référence des virus respiratoires).
La vaccination diminue également le risque de développer une forme grave. Contrairement aux idées reçues, bien que les personnes âgées et celles à risque soient majoritaires parmi les patients présentant des formes graves, les autres ne sont pas exemptées. « Chaque année, on observe des décès liés à la grippe chez des enfants, des adolescents et des adultes n’ayant aucun facteur de risque », témoigne le professeur Lina. Cela peut être dû à une fulminante ou à des surinfections bactériennes favorisées par l’infection grippale.
Enfin, dernier aspect personnel : le risque de séquelles. « On se focalise sur les morts mais pas sur les séquelles de la maladie », estime Benjamin Davido. Le vaccin diminue par exemple de 30 % le risque de développer un Covid long.
## Un intérêt pour ses proches
Au-delà de sa propre santé, l’intérêt de la vaccination est aussi de protéger son entourage. Cela s’inscrit dans la « stratégie du cocooning ». « On recommande aux personnes travaillant avec des personnes fragiles ou aux proches d’une personne à risque de se faire vacciner », souligne le docteur Davido. Une incitation d’autant plus pertinente que les moins de 50 ans répondent mieux aux vaccins que leurs aînés. « C’est la raison pour laquelle, en Angleterre, la campagne de vaccination contre la grippe est axée sur les enfants car ce sont eux qui entretiennent et alimentent l’épidémie », illustre le professeur Lina. En Angleterre, 60 à 70 % des enfants sont vaccinés, contre seulement 2 à 3 % en France.
Cependant, avant de vacciner leur entourage, il est essentiel que les personnes à risque elles-mêmes le fassent. Lors de l’hiver 2024-2025, seuls 22 % des personnes de plus de 65 ans avaient reçu un vaccin contre le Covid-19, et 53,7 % contre la grippe, selon le ministère de la Santé.
## Un intérêt pour la société
Enfin, un dernier argument : l’intérêt de la vaccination est également économique. « Consulter un médecin, acheter des médicaments et être en arrêt maladie coûte cher à l’Etat », insiste Benjamin Davido. « À l’heure où l’on cherche à faire des économies de santé, il est bon de le rappeler. » Si le vaccin contre le Covid-19 est entièrement remboursé pour tous, celui contre la grippe ne l’est qu’à hauteur de 70 % pour les personnes non à risque.

