Gouvernement Lecornu II : Fronde et exclusions, LR réagit vivement à la liste des ministres
Les LR sont plus nombreux que prévu à avoir bravé l’interdiction de rejoindre le nouvel exécutif, malgré l’instruction de ne pas le faire. Bruno Retailleau, reconduit à la tête du parti avec environ 75 % des voix en mai, voit sa présidence fragilisée par des nominations qui mettent en lumière les divergences internes du parti.
Les Républicains sont en proie à de vives tensions. L’annonce, dimanche soir, de la liste du gouvernement Lecornu II a intensifié la crise au sein du parti de droite.
Alors que les LR avaient pour consigne de ne pas intégrer le nouvel exécutif, plus de membres que prévu ont bravé cette consigne, ce qui représente un revers pour l’autorité de Bruno Retailleau, le patron du parti.
### De fortes divergences internes
En l’espace de quelques jours, la situation a basculé pour Bruno Retailleau, le ministre le plus populaire du gouvernement. Confirmé dimanche dernier à Beauvau dans le gouvernement Lecornu 1, il a remis en cause sa participation, excédé par la nomination de Bruno Le Maire à la Défense.
À peine une semaine plus tard, le Vendéen, qui nourrit des ambitions présidentielles, se retrouve en dehors du gouvernement comme il l’a déclaré, en stipulant qu’il ne resterait pas si le nouveau Premier ministre était de gauche ou proche de Macron… comme Sébastien Lecornu, finalement reconduit. Il espérait emporter le soutien du parti, d’autant plus que le bureau politique des LR a voté samedi, à une large majorité, la décision de ne pas entrer au gouvernement, à l’issue d’une réunion mouvementée qui a mis en lumière d’importantes divergences internes.
Élu avec près de 75 % des voix à la tête du parti en mai, Bruno Retailleau a essayé de faire respecter la discipline au sein des LR… sans succès. Six membres se sont opposés à lui en répondant à l’appel de Sébastien Lecornu. Suite à cela, le parti a annoncé leur exclusion ainsi que la cessation immédiate de « leurs fonctions dans nos instances dirigeantes ».
### Rachida Dati reconduite à la Culture
Parmi les dissidents, Annie Genevard, ministre de l’Agriculture et présidente de la commission nationale d’investiture (CNI), a déclaré : « Je demeure pleinement fidèle à mon parti et à mes convictions, comme je l’ai toujours été. » Philippe Tabarot, reconduit aux Transports, a écrit à ses collègues du Sénat qu’il agissait « en cohérence avec la position qui était celle des Républicains jusqu’au 5 octobre dernier ». Rachida Dati est, quant à elle, reconduite à la Culture, alors qu’elle vient récemment d’être investie par LR comme candidate à la Mairie de Paris.
Les trois autres LR à entrer au gouvernement sont tous députés : Vincent Jeanbrun (Logement), Sébastien Martin (Industrie) et Nicolas Forissier (Commerce extérieur et attractivité).
Ces nominations affaiblissent donc la présidence de Bruno Retailleau. Un cadre LR a d’ailleurs déclaré : « Le roi est nu », en considérant que le président des LR « est dans son bunker, sans les leviers sur le monde réel ».
Ces décisions semblent montrer que Sébastien Lecornu a exploité les divisions internes chez les LR, ayant rencontré séparément, mardi, Bruno Retailleau et son rival Laurent Wauquiez, à la tête des députés LR. Ce dernier a affirmé à plusieurs reprises ces derniers jours qu’une « large majorité » de son groupe soutenait la participation au gouvernement. Un ancien LR ayant rejoint l’UDR d’Éric Ciotti a commenté : « Il a le groupe et les ministres : c’est M. Wauquiez qui contrôle le parti en fait ». Les sénateurs, de leur côté, soutiennent la position de Bruno Retailleau. Ces différends ont donc été mis en lumière par l’exécutif dimanche.

