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Guerre à Gaza : des Palestiniens reviennent dans une ville fantôme

Des centaines de Palestiniens reviennent samedi à Gaza après le cessez-le-feu, la ville étant devenue « fantôme » et désolation. Selon un responsable de la Défense civile de Gaza, environ 250.000 personnes étaient revenues dans le nord du territoire palestinien depuis la trêve entrée en vigueur la veille à 09h00 GMT.

Malgré le chagrin, mais avec l’espoir de retrouver leur domicile, des centaines de Palestiniens sont revenus samedi à Gaza grâce à la trêve, dans une ville désormais qualifiée de « fantôme » et de désolation. « Je ne sais pas quoi dire. Les images parlent d’elles-mêmes : destruction, destruction et encore destruction », déclare Saher Abou al-Atta à l’AFP.

Mi-septembre, l’armée israélienne a lancé une vaste offensive terrestre pour prendre le contrôle de Gaza-ville, considérée par Israël comme l’un des derniers bastions du mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.

Dans cette ville, où l’ONU estimait qu’environ un million de personnes résidaient en août dernier, de nombreux immeubles sont aujourd’hui éventrés, dénués de fenêtres ou pour la plupart réduits en cendres. Dans des rues recouvertes d’un gris de débris, des piétons, beaucoup d’hommes, se déplacent samedi, la plupart sans effets personnels, d’après des images d’AFPTV. L’hôpital Rantissi, dédié aux enfants et aux patients atteints de cancer, est dévasté. Les salles de soins ne sont plus que des amas de lits à barreaux renversés, de plafonds effondrés et de matériel éparpillé.

« La belle Gaza » disparue

Samedi, suite au repli de l’armée israélienne sur des lignes convenues à l’intérieur de la bande de Gaza, des milliers de Gazaouis continuent à remonter la route côtière Al-Rachid vers le nord, à pied ou dans des voitures chargées, pour certaines, de matelas et de couvertures.

Parmi eux se trouve Raja Salmi. Elle explique que les plus de quinze kilomètres entre Khan Younis, où elle avait été déplacée, et Gaza ont été « extrêmement épuisants » et la route « longue ». « Nous avons marché pendant des heures, chaque pas était rempli de peur et d’angoisse pour ma maison », raconte-t-elle depuis Gaza-ville.

Un responsable de la Défense civile de Gaza, une organisation de premiers secours opérant sous l’autorité du Hamas, a déclaré samedi à la mi-journée qu’environ 250 000 personnes étaient revenues dans le nord de la bande palestinienne depuis l’entrée en vigueur de la trêve, la veille, à 09h00 GMT.

Une destruction complète

Lorsque Raja Salmi parvient enfin à atteindre le quartier d’Al-Rimal, elle ne « parvient pas à trouver (sa) maison ». « Elle n’existe plus, elle n’est plus qu’un tas de décombres », dit-elle. « Je suis restée là, devant, et j’ai pleuré. Tous ces souvenirs ne sont plus que poussière », confie-t-elle. Au printemps, l’ONU évaluait qu’environ 92 % des bâtiments résidentiels de la bande de Gaza avaient été endommagés ou détruits depuis le début de la guerre.

Après deux ans de conflit déclenché par l’attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, la ville de Gaza « n’est plus ce qu’elle était », constate Raja Salmi, ajoutant que « tout en nous semble mort ».

Sami Moussa, 28 ans, partage ce constat. Il est revenu, sans sa famille, « pour évaluer la situation et l’état de (leur) maison ». Celle-ci est toujours debout, bien qu’endommagée, « mais ce que j’ai vu dans la ville est choquant », dit-il depuis le camp de réfugiés d’al-Chati. « J’ai eu l’impression d’être entré dans une ville fantôme, pas à Gaza : les rues sont détruites et rasées, il y a du sable partout, et de nombreuses maisons sont effondrées ou complètement vidées ». Il décrit « l’odeur de la mort » et une « destruction » si « totale » qu’il ne reconnaît plus les lieux.

« Nous avons perdu la belle Gaza et nous avons encore peur de ce qui va arriver », déclare-t-il alors qu’Israël et le Hamas ont approuvé la première phase du plan en 20 points proposé par le président américain Donald Trump pour mettre fin au conflit.

Jeudi, à la veille de l’entrée en vigueur de la trêve, le Bureau des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha) qualifiait la situation de « catastrophique » dans le nord de la bande de Gaza, où la famine a été déclarée il y a deux mois, une région « pratiquement coupée de l’aide alimentaire depuis » près d’un mois.