Olga Malakhova : une Estonienne représentant la Tunisie

Olga Malakhova s’est installée en Tunisie en 1987 et a réalisé sa première exposition en tant que paysagiste en 1988. Sa prochaine exposition, « Les Belles de Carthage », comportera une quarantaine d’œuvres et aura lieu demain 12 octobre à l’espace d’art Imagin’.

Résidant en Tunisie depuis plus de trente ans, Olga Malakhova expose régulièrement, s’inspirant de notre culture qu’elle interprète avec finesse et émotion. Ses créations rendent hommage à ce pays qu’elle célèbre à travers ses formes les plus authentiques. Portrait d’une peintre estonienne engagée, profondément attachée au patrimoine tunisien.

La Presse — Originaire de Tallinn, en Estonie, Olga a grandi dans un environnement artistique. Son père, Stanislav Malakhova, était un peintre paysagiste reconnu dans son pays. Son grand-père, précédent, était également peintre. Très jeune, Olga accompagnait son père lors de ses sorties en plein air. À seulement cinq ans, elle découvre sa vocation : dessiner le monde. « Le peintre ne voit pas avec ses yeux, mais par son esprit », affirme-t-elle aujourd’hui.

Après des études universitaires à Leningrad, elle décide de s’installer en Tunisie en 1987. Elle y obtient un mastère de recherche en arts, suivi d’un doctorat en Esthétique, Sciences et Technologies des arts à l’Université Paris 8. Sa thèse, axée sur la construction du paysage en Tunisie, montre déjà son ancrage et sa sensibilité pour le territoire qui l’a accueillie.

Devenue tunisienne, Olga Malakhova est membre de l’Union des artistes plasticiens et de la Fédération tunisienne des arts Plastiques. Elle enseigne également à l’Institut Supérieur des Cadres de l’Enfance de Carthage Dermech, contribuant à former de nouvelles générations à la créativité.

La première exposition d’Olga en Tunisie remonte à 1988, en tant que paysagiste, après avoir parcouru le pays avec son père. Depuis, son art a évolué, intégrant des éléments du patrimoine national. « Je revisite le patrimoine tunisien avec l’œil de l’extérieur », indique-t-elle. Ses peintures sont baignée de la lumière du Sud, de couleurs chaudes de la terre, de motifs de mosaïques antiques, de murs blanchis, de carreaux traditionnels et de terracotta. Chaque œuvre est joyeuse, enchanteuse, humaine. Réalisée avec patience, passion et profondeur, elles reflètent la personnalité de l’artiste.

Le style d’Olga se distingue par un travail minutieux. Elle privilégie les grands formats, atteignant jusqu’à 130 x 130 cm, nécessitant énergie et concentration. Les petits formats, souvent sur bois (30 x 30 cm) ou toile (40 x 40 cm), sont pour elle « des pauses ».

Chaque tableau est élaboré patiemment « brique par brique », réalisé avec un pinceau n°0, créant ainsi un monde riche en motifs, en couleurs vives et en symboles. Un autre détail à noter : chaque tableau comporte un chat, inséré de manière ludique, qu’elle considère comme « sa signature ».

L’artiste présente « Les Belles de Carthage » dont le vernissage est programmé pour demain, 12 octobre. Cette exposition se tiendra à l’espace d’art Imagin’, avec lequel elle collabore depuis plusieurs années. Elle a d’abord exposé en duo avec son père en 2019, puis a organisé des expositions individuelles en 2020, 2021 et 2022.

« Les Belles de Carthage » comptera une quarantaine d’œuvres, dont environ vingt grands et moyens formats, créés en acrylique et technique mixte sur toile.

Ces œuvres, peintes entre 2023 et 2025, prolongent l’univers artistique poétique d’Olga. Elles rendent également hommage à la femme tunisienne, passée et présente, qu’elle considère comme sa muse. « L’histoire des femmes tunisiennes, tout comme les femmes contemporaines, m’impressionne énormément », confie-t-elle.

À travers son œuvre, Olga Malakhova devient une passeuse de mémoire et d’émotion. Elle continue à tisser un lien entre ses racines estoniennes et son pays d’adoption, la Tunisie, dont elle explore toujours la beauté. Son regard extérieur devenu intime a donné naissance au fil des années à une vision artistique distinctive à découvrir lors de ses expositions.