3 podcasts pour comprendre l’origine du conflit israélo-palestinien et la guerre à Gaza
Vincent Lemire retrace les origines de l’affrontement entre Israéliens et Palestiniens, débutant à la fin du 19e siècle et arrivant à la situation du 7 octobre 2023. En 1947, les Palestiniens représentent 70% de la population, mais le plan de partage proposé par l’ONU leur octroie 45% du territoire, ce qui est rejeté par la communauté palestinienne.
En trois épisodes, Vincent Lemire explore les origines de l’affrontement qui remonte à la fin du 19e siècle et qui conduit à la situation actuelle du 7 octobre 2023. Ce rappel historique est essentiel pour comprendre les enjeux actuels à Gaza. À travers cette longue histoire, trois dates clés se dégagent, ayant constitué le terreau de ce conflit ancien et de la catastrophe géopolitique qui perdure avec deux ans de guerre dans l’enclave palestinienne.
### 1917, la déclaration de Lord Balfour : la promesse d’une terre pour deux peuples
Pendant la Première Guerre mondiale, l’Empire ottoman s’allie avec l’Allemagne. La province de Palestine, incluant aujourd’hui les territoires israéliens et palestiniens, dépend de cet empire. Suite à la défaite de l’Allemagne et au démantèlement de l’Empire ottoman, les alliés prennent en charge les populations de cet empire déchu et supervisent leur accès à l’indépendance.
Les Britanniques se voient confier un mandat par la Société des Nations, incluant la province de Palestine. Avant même ce mandat, en 1917, le ministre britannique des Affaires étrangères, Lord Balfour, fait une déclaration historique : il annonce le soutien britannique à la création d’un foyer national juif tout en affirmant que rien ne sera fait pour nuire aux communautés non juives présentes en Palestine.
> « Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni aux droits civiques et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont les Juifs jouissent dans tout autre pays. »
Lord Balfour propose donc un même territoire pour deux peuples, engendrant des conséquences dramatiques. Cette déclaration du 2 novembre 1917, hautement stratégique dans le contexte de la Première Guerre mondiale, avait pour but d’attirer les États-Unis dans la guerre aux côtés des Alliés grâce au soutien des communautés juives américaines et d’encourager les tribus arabes à se révolter contre l’Empire ottoman. Si ces objectifs sont atteints à court terme, les conséquences à long terme sont catastrophiques. Vincent Lemire souligne que : « *Deux promesses contradictoires à deux peuples sur un même territoire ne peuvent donner qu’une catastrophe géopolitique dont on paye encore le prix aujourd’hui*. »
### 1947 : le plan de partage de la Palestine
En 1947, l’Assemblée des Nations-Unies discute d’un plan de partage du territoire palestinien entre Israéliens et Palestiniens, suite à la décision britannique de se retirer de la région en mai 1948 après l’échec d’un apaisement entre les communautés. À cette époque, la population palestinienne représente 70% et détient 85% des terres. Cependant, le plan de partage proposé par l’ONU attribue 55% du territoire à un État juif. Les Palestiniens rejettent ce projet et ont une politique de boycott à l’ONU, tandis que la communauté juive y voit un gain.
Le plan est adopté par l’ONU, mais rejeté par la communauté arabe, qui perd trop de territoires et doit accepter des déplacements massifs. L’insurrection arabe débute dès le lendemain de ce vote, se transformant en guerre civile puis en conflit interétatique. Au fil des ans, Israël conquiert un territoire de plus en plus étendu, rendant aujourd’hui les terres revendiquées par les Palestiniens limitées à seulement 22% de la Palestine, lesquelles sont également très morcelées, alors que la carte de 1947 prévoyait trois zones palestiniennes interconnectées.
### 2006 : l’élection du Hamas
Suite à l’assassinat d’Yitzhak Rabin en 1995 et à la mort de Yasser Arafat, les artisans de la guerre prennent progressivement le pouvoir, tant en Israël qu’en Palestine. Le processus de paix découlant des accords d’Oslo s’arrête.
Benyamin Netanyahou devient Premier ministre en 1996. Issu d’une famille d’historiens révisionnistes, il rêve d’un Grand Israël s’étendant de la Méditerranée au Jourdain. Pour y parvenir, il préconise l’usage de la force, illustrant l’idéologie sioniste révisionniste.
D’autre part, le Hamas, fondé au milieu des années 80, trouve un terrain fertile après que l’OLP se soit éloignée d’une part de la population nationaliste en acceptant de réduire le territoire palestinien à 22%. La popularité du Hamas croît et l’organisation remporte les élections législatives de 2006. Ismaël Haniyeh est nommé Premier ministre par Mahmoud Abbas, mais ce succès ne plaît ni au Fatah ni à la communauté internationale. Une erreur stratégique, selon Vincent Lemire, se produit : « *Ismaël Haniyeh, c’est la branche politique du Hamas, plutôt modéré. Le Hamas aurait pu s’intégrer à l’OLP. Cela n’a pas été fait, et le résultat est une guerre civile rapide et violente à Gaza en 2007, conduisant le Hamas à prendre le pouvoir, menant à la situation que nous connaissons en 2023*. »

