Sébastien Lecornu reconduit à Matignon par Emmanuel Macron.
Sébastien Lecornu a été annoncé Premier ministre par l’Élysée ce vendredi, peu après 22 heures. Il a remis sa démission le lundi 6 octobre, plongeant la France dans une crise politique inédite.
Il avait pourtant fait savoir que sa mission était achevée, laissant entendre qu’il ne reviendrait pas. Cependant, ce vendredi, peu après 22 heures, alors qu’Emmanuel Macron s’était donné 48 heures pour désigner un nouveau Premier ministre, le nom de Sébastien Lecornu a été communiqué par l’Élysée dans un communiqué.
Sa réputation d’habile négociateur avait été mise à rude épreuve ces quatre dernières semaines. Le discret Sébastien Lecornu, « moine soldat » du Président, est donc reconduit à Matignon après avoir démissionné et mené des consultations de dernière chance. Le Premier ministre démissionnaire a déclaré sur X accepter « par devoir » sa reconduction à Matignon en pleine crise politique et a assuré que « tous les dossiers » abordés durant les consultations seraient « ouverts au débat » parlementaire.
Le futur gouvernement « devra incarner le renouvellement et la diversité des compétences », a ajouté le Premier ministre. « Celles et ceux qui entreront au gouvernement devront s’engager à se déconnecter des ambitions présidentielles pour 2027 », a-t-il répété.
En remettant sa lettre de démission lundi dernier, il est devenu le chef de gouvernement le plus éphémère de la Ve République. Mais dans la même journée, le président Emmanuel Macron lui a demandé de mener « d’ultimes » négociations qui n’ont pas abouti à la crise.
À la tête du ministère des Armées depuis 2022, il a fait de la réserve et de la prudence sa marque de fabrique. Économe de ses paroles publiques, il se décrit lui-même comme un peu « moine soldat ». Les Français ne l’ont véritablement découvert que ces derniers jours, notamment lors de son passage mercredi au journal de 20 Heures.
Cet homme de 39 ans, engagé très tôt en politique à droite, ne semblait pas désireux de renouveler son mandat – « je ne cours pas après le job », « ma mission est terminée » –, et il risque désormais de faire face à de nouveau critiques. Son choix a également suscité des oppositions au sein même du bloc central. De tous les gouvernements depuis 2017, c’est en grande partie dans l’ombre que ce fidèle d’Emmanuel Macron a étendu son influence dans la macronie et tenté de négocier avec les socialistes à Matignon, en vain.
Nommé une première fois le 9 septembre, il n’avait que partiellement levé le voile dans trois déclarations quelque peu militaires sur le perron de Matignon. En un mois, il a cependant donné « le sentiment d’une sincérité et même d’être dans une forme de mission sacrificielle », concède un responsable socialiste. Il lui avait ensuite fallu trois semaines pour former un gouvernement. Cependant, quatorze heures seulement après l’annonce de son équipe, Sébastien Lecornu avait remis sa démission le lundi 6 octobre, plongeant la France dans une crise politique inédite. La veille, Les Républicains (LR) avaient menacé de quitter la coalition. « C’est du théâtre », balaye un cadre LR. Sa démission « lui a permis de réenvisager d’être Premier ministre à nouveau, alors qu’une censure quelques jours plus tard l’excluait de tout gouvernement futur ».
Dans une macronie en plein délitement, il est l’un des derniers fidèles du président. Déjà l’année dernière, il avait manqué de peu Matignon, où François Bayrou s’était imposé. Privé, comme ses prédécesseurs, de majorité à l’Assemblée nationale, Sébastien Lecornu reconnaissait être le Premier ministre « le plus faible » de la Ve République. Tout le pouvoir réside au Parlement, disait-il, où ce gaulliste a bien voulu renoncer au 49.3, prérogative du gouvernement, pour redonner la main aux députés.

