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Otan : Qu’est-ce que l’exercice nucléaire « Steadfast Noon » en Europe ?

L’exercice annuel de dissuasion nucléaire de l’Otan, Steadfast Noon, débutera le 13 octobre et mobilisera environ 2.000 militaires ainsi que 71 avions de chasse, ravitailleurs et radars. Quatorze pays membres de l’Alliance participeront à cet exercice, mais pas la France, dont la politique de dissuasion nucléaire est indépendante de l’Otan.


L’exercice annuel de dissuasion nucléaire de l’Otan, Steadfast Noon, commencera ce lundi, a déclaré ce vendredi Mark Rutte, secrétaire général de l’Otan. « Cet exercice constitue une démonstration importante de la dissuasion nucléaire de l’Alliance et envoie un message clair à tout adversaire : l’Otan peut et veut protéger et défendre tous les Alliés », a indiqué l’Alliance sur les réseaux sociaux.

Environ 2.000 militaires ainsi que 71 avions de chasse, ravitailleurs et radars seront mobilisés. Quatorze pays membres de l’Alliance participeront à cet exercice, à l’exception de la France, dont la politique de dissuasion nucléaire est indépendante de l’Otan.

« Il est important de préciser que cet exercice a lieu chaque année. Il s’agit d’un entraînement annuel et régulier », a déclaré Mark Rutte depuis la base aérienne de Volkel, aux Pays-Bas, choisie cette année pour accueillir cet exercice. « Nous devons le faire car il nous permet de garantir que notre dissuasion nucléaire reste aussi crédible, sûre et efficace que possible. Il envoie également un signal clair à tout adversaire potentiel : nous sommes capables de protéger et de défendre tous les Alliés contre toutes les menaces. »

### Un exercice qui n’est « dirigé contre aucun pays »

Cet exercice a pour but de former les Alliés aux opérations nucléaires, notamment pour les pays disposant d’avions capables de transporter les bombes américaines B61. Bien que seuls les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France soient dotés de l’arme nucléaire au sein de l’Otan, les États-Unis ont affecté des armes nucléaires à l’Otan en juillet 1953, et les premières armes nucléaires américaines ont été déployées en Europe en septembre 1954, dans le cadre de la stratégie de dissuasion de l’Alliance. On estime à une centaine le nombre de bombes thermonucléaires américaines entreposées en Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique, en Italie et en Turquie.

Le contrôle de ces armes relève exclusivement des États-Unis, mais ces pays mettent à disposition de l’Alliance des avions à double capacité (DCA) capables d’emporter ces armes nucléaires, tandis que le personnel est formé en conséquence. C’est le cas de l’avion de chasse de cinquième génération F-35A de Lockheed-Martin, largement utilisé dans ces pays. Les Tornado PA-200 et les F-16 Fighting Falcon, d’autres avions employés en Europe, possèdent également cette capacité, bien que ces deux appareils soient en fin de vie.

L’exercice Steadfast Noon, qui durera deux semaines, n’emportera aucune bombe nucléaire mais simulera des scénarios dans lesquels celles-ci pourraient être utilisées. « Il n’est dirigé contre aucun pays, et il n’est également lié à aucun événement réel », a précisé Jim Stokes, responsable de la politique nucléaire de l’Otan. En plus de la base aérienne de Volkel, des manœuvres seront menées à partir de bases militaires en Belgique, au Royaume-Uni et au Danemark, ainsi que dans l’espace aérien de la Mer du Nord.

### Dans un contexte d’incursions de drones en Europe

« L’Alliance organise régulièrement des exercices pour garantir la crédibilité, l’efficacité, la sûreté et la sécurité de la mission de dissuasion nucléaire », a expliqué l’Otan. L’exercice Steadfast Noon, qui se déroule depuis plus de dix ans, s’inscrit dans une série prolongée d’exercices nucléaires de l’Otan.

Cet entraînement se déroule cette année après plusieurs incursions de drones russes dans l’espace aérien de l’Otan et le survol de mystérieux drones au-dessus de Copenhague le mois dernier. « Ces incursions plus fréquentes sont évidemment quelque chose que nous surveillons de près », a affirmé le colonel américain Daniel Bunch, qui dirige les opérations nucléaires à l’Otan. Cependant, a-t-il ajouté, « les drones ne sont pas une nouvelle menace pour nous. Les drones sont quelque chose que nous comprenons ».