Belgique

Budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles : quelles économies seront réalisées ?

Les ministres de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont convenu de réaliser 500 millions d’économies en 4 ans, alors que 86,7 millions d’euros seront économisés dans l’enseignement dès 2026. Par ailleurs, le prix du minerval standard dans l’enseignement supérieur devrait passer de 835 euros à près de 1200 euros, en raison d’une indexation qui n’avait plus eu lieu depuis 2011.

A la suite d’un premier ajustement budgétaire de 25 millions d’euros prévu en 2025, les ministres de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont été contraints de trouver des économies d’au moins six fois plus, soit environ 150 millions d’euros sur quatre ans, pour tenter de réduire le déficit annuel de l’institution à 1,2 milliard d’euros, au lieu du milliard et demi actuel. Cette nécessité se fait sentir au regard d’une dette qui s’élève à 14,25 milliards d’euros, représentant 105 % de ses recettes.

Après trois semaines de discussions en « conclave » et de négociations budgétaires intenses entre les divers ministres et les deux partis de la majorité (MR et Engagés), un accord a été atteint concernant 500 millions d’économies sur quatre ans, accompagnées de 200 millions de nouveaux investissements.

L’enseignement : première cible des économies

L’enseignement représente la plus grande part du budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Il était donc prévisible qu’il serait difficile de réaliser 300 millions d’euros d’économies sans toucher à ce secteur. Il a été confirmé que 86,7 millions d’euros seront économisés dans l’enseignement dès 2026.

Au sein de ce budget, le salaire des enseignants représente environ 80 % des dépenses, ce qui laissait présager que certaines mesures affecteraient le corps enseignant, notamment en ce qui concerne leur temps de travail.

2 heures supplémentaires pour les professeurs du secondaire supérieur

Conformément aux recommandations d’un rapport d’experts qui avait fuité dans la presse fin septembre, le gouvernement a donc opté pour une harmonisation des périodes de travail entre les enseignants du secondaire inférieur et supérieur. Désormais, les enseignants du secondaire supérieur devront effectuer deux heures de cours supplémentaires, passant ainsi à 22 périodes par semaine au lieu de 20.

Indexation du minerval dans l’enseignement supérieur

Dans le secteur de l’enseignement supérieur, le conclave budgétaire a décidé de diminuer la part du budget de la Communauté destinée aux universités, tout en demandant aux étudiants de contribuer davantage. Le prix du minerval, qui n’a pas été indexé depuis 2011, le sera finalement, entraînant une hausse du minerval standard qui devrait passer d835 euros à près de 1200 euros.

Adaptation des fins de carrière des enseignants (DPPR) à la législation fédérale

Le système de DPPR (Disponibilité Précédant l’âge de la Retraite), qui permet à de nombreux enseignants d’aménager leur fin de carrière, représente un coût important pour la Fédération. Toutefois, le gouvernement a choisi de maintenir ce système, tout en l’adaptant à la nouvelle législation fédérale, en le limitant à deux ans calendaires.

Réduction du nombre de professeurs non présents en classe

Il sera procédé à une réduction des détachements pédagogiques d’enseignants, afin de favoriser leur retour en classe.

Un régime maladie moins avantageux

Actuellement, les enseignants bénéficient d’un temps de congé maladie pendant lequel leur salaire est intégralement versé, et ce, jusqu’à 15 jours par année d’ancienneté. Une fois ce quota épuisé, leur salaire est réduit à 80 % durant la première année, 70 % durant la seconde et 60 % par la suite. Dès l’année prochaine, lorsque ce quota sera épuisé, le salaire passera directement à 60 %.

Petite enfance : les subventions aux opérateurs gelées

Une des compétences les plus visibles de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour les familles concerne les crèches subventionnées et l’accueil de la petite enfance. Plusieurs modifications sont à prévoir dans ce domaine, avec une économie de 74 millions d’euros réalisée sur ce secteur, représentant ainsi 10 % des économies sur un budget annuel de 719 millions.

Non-indexation des subventions aux opérateurs

Toutes les subventions versées aux différents opérateurs agréés collaborateurs de l’ONE ne seront pas indexées en 2026, entraînant une économie de 7,8 millions d’euros dès l’année prochaine.

Réduction de certaines dépenses de l’ONE

Bien que l’Office de la naissance et de l’enfance, également fortement endetté, bénéficiera d’un financement exceptionnel de 43 millions en 2026 et 57 millions en 2027, il devra réduire ses dépenses, notamment informatiques de 3 millions en 2026 et de 9 millions en 2027. L’ONE devra aussi se « recentrer sur ses missions principales », qui incluent les milieux d’accueil et la santé préventive.

Culture : non-indexation et aucune nouvelle reconnaissance

Au cours de la législature précédente, les financements alloués à la culture avaient augmenté de 80 millions d’euros (entre 2017 et 2024). Ce ne sera pas le cas cette fois. Bien que placé directement sous la tutelle de la ministre présidente Elisabeth Degryse (Engagés) lors de l’instauration du gouvernement MR-Engagés, le secteur culturel sera aussi touché par les coupes budgétaires, pour un montant de 12,9 millions d’euros. Pour donner une idée de l’impact, sur un budget dépassant les 320 millions, les mesures prévues représentent donc 4 % d’économies.

Non-indexation des subventions

Ici encore, c’est principalement une non-indexation des fonds alloués aux différents acteurs qui a été décidé. Une mesure qui affectera inévitablement tous les acteurs culturels de manière indifférenciée, leurs budgets ne suivant donc plus l’inflation.

Moratoire sur les nouvelles reconnaissances des centres culturels

Le gouvernement prévoit également de ne plus prendre en compte les demandes de nouvelles reconnaissances pour de nouveaux centres culturels, bibliothèques ou centres d’éducation permanente.

Diminution des enveloppes des « aides ponctuelles »

En plus des conventionnements et des aides dites « pluri-annuelles », il existe aussi une enveloppe d’aides plus ponctuelles pour financer des projets culturels. Celle-ci sera réduite de près de 13 millions d’euros.

Fin du subventionnement des organisations de jeunesse liées aux partis politiques

Le gouvernement a également décidé de supprimer les reconnaissances accordées à certains organismes affiliés à des partis politiques. Cela concerne notamment plusieurs organisations de jeunesse, des centres d’archives ou des centres d’éducation permanente. Leur reconnaissance s’achèvera d’ici la fin de l’année 2026.

Quid de la RTBF ?

Le média public est-il épargné ? La RTBF a déjà mis en place un plan d’économies pour les quatre prochaines années, prévoyant pour 2026 des économies de 25,7 millions d’euros, soit 14 millions de plus que l’année précédente.

Des stages ADEPS plus chers

Le sport contribuera également à cet effort. Le gouvernement prévoit de réaliser 600.000 euros de nouvelles recettes via les centres ADEPS. Les tarifs des stages vont augmenter de 10 %, tout en veillant à maintenir leur accessibilité. De plus, la déclaration de politique communautaire avait décidé de procéder à un audit de l’ADEPS, afin de « définir les pistes d’amélioration de l’efficacité et de la lisibilité ». Certains centres ADEPS craignent d’être supprimés.

Aide à la jeunesse : gel des subventions

L’aide à la jeunesse avait bénéficié de nouveaux financements au début de la législature (40 millions d’ici 2029), ces moyens seront maintenus pour la durée de la législature. Cependant, des mesures seront mises en place pour limiter la hausse des coûts.

Moratoire sur les nouvelles demandes d’agrément

En 2026 et 2027, aucune nouvelle demande d’agrément ne sera prise en compte, afin de revoir les procédures de financement et les missions des centres de jeunes.

Gel du recalcul des subventions triennales

De nouveau, c’est par le gel des subventions telles qu’elles sont actuellement accordées que le gouvernement souhaite contenir les coûts dans les années à venir.

Sport : hausse des prix en ADEPS

Le secteur du sport participe également à l’effort budgétaire, avec une prévision de 600.000 euros de nouvelles recettes via les centres ADEPS. Les prix des stages seront augmentés de 10 %, tout en veillant à conserver leur accessibilité. La déclaration de politique communautaire avait également prévu un audit de l’ADEPS pour évaluer « des pistes d’amélioration de l’efficacité et de la lisibilité ». Certains centres ADEPS craignent d’être supprimés.

Les financements accordés à la politique sportive et aux centres ADEPS ne seront pas réduits, mais ceux-ci devront revoir leur tarification, ce qui ne devrait pas empêcher les tarifs de l’ADEPS de rester plus compétitifs que ceux du marché.

Recherche scientifique

1,5 million d’économies seront également réalisés sur les ressources allouées à la recherche scientifique.

La diminution de la subvention annuelle au Fonds national pour la recherche scientifique (FRS – FNRS), déjà actée en 2025, sera pérennisée jusqu’en 2029.