Conduite autonome Tesla : un rappel potentiel de 2,88 millions de voitures
La NHTSA a ouvert une enquête sur le système Full Self-Driving de Tesla après avoir recensé 58 infractions au code de la route, entraînant 14 accidents et 23 blessés. Si l’enquête conclut à un défaut systémique, un rappel pourrait toucher 2,88 millions de véhicules Tesla équipés du logiciel FSD.

La National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA) des États-Unis a lancé une enquête sur le système de conduite totalement autonome de Tesla.
L’agence a recensé 58 infractions au code de la route concernant le logiciel FSD, entraînant 14 accidents et 23 blessés. Les véhicules sont impliqués dans des infractions telles que griller des feux rouges ou entrer dans la voie opposée, mettant en danger la sécurité routière. Cette enquête pourrait aboutir à un rappel de 2,88 millions de voitures Tesla.
Des feux rouges ignorés et des manœuvres dangereuses
L’enquête porte sur deux problèmes principaux. Le premier concerne les voitures Tesla qui traversent les intersections malgré les feux rouges.
La NHTSA a relevé au moins 18 plaintes et un article décrivant des situations où le logiciel FSD n’a pas réussi à arrêter le véhicule ou à le maintenir à l’arrêt au feu rouge. Six de ces incidents ont provoqué des accidents, dont quatre ont causé des blessures.
En particulier, un carrefour dans la ville de Joppa, dans le Maryland, a été le site de plusieurs de ces incidents. Les autorités locales collaborent avec la NHTSA pour déterminer si les problèmes se reproduisent au même endroit. Tesla a même mis en place une mise à jour spécifique pour cette intersection. L’enquête vise à établir si l’entreprise a préalablement informé la NHTSA du problème ou si l’agence l’a découvert de son côté.
Le second problème concerne les manœuvres dangereuses lors des changements de voie. La NHTSA a enregistré 22 incidents où des voitures équipées du FSD ont traversé la voie en sens inverse, franchi des marquages jaunes en continuant tout droit ou tenté de tourner à contresens, malgré des panneaux indiquant la direction opposée. Certains rapports indiquent que le système effectue ces manœuvres avec peu de préavis au conducteur, ce qui limite sa capacité d’intervention.
L’agence a aussi identifié six plaintes concernant des Tesla qui ont traversé directement une intersection depuis une voie de virage ou qui ont tourné depuis une voie dédiée.
Un système qui promet plus qu’il ne tient
Tesla commercialise son logiciel sous le nom de « Full Self-Driving » (conduite entièrement autonome en français).
Cette appellation est source de confusion, car le système demeure techniquement classé au niveau 2 selon la classification SAE. Un système de niveau 2 exige une attention constante du conducteur, prêt à reprendre le contrôle à tout moment. Bien que Tesla rappelle régulièrement cette mise en garde, les critiques soulignent que la dénomination elle-même suggère une autonomie bien plus avancée que la réalité.
Pour aller plus loin
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Le CEO Elon Musk vante d’ailleurs fréquemment les capacités du FSD, et Tesla a justement publié la dernière version du logiciel la semaine où l’enquête a été ouverte. Cette nouvelle version intègre les données d’entraînement obtenues lors du projet pilote limité de robotaxi en cours à Austin, au Texas.
Le système FSD de Tesla repose exclusivement sur des caméras et de l’intelligence artificielle. Contrairement à d’autres fabricants qui développent des systèmes de conduite autonome, Tesla n’utilise ni capteur lidar ni radar.
Cette stratégie rend le système moins coûteux à déployer, mais elle pourrait contribuer aux problèmes de détection constatés, notamment en ce qui concerne l’interprétation des feux de circulation et la perception des marquages au sol.
Une enquête qui peut mener au rappel
Le Bureau d’enquête sur les défauts (ODI) de la NHTSA a ouvert une « évaluation préliminaire », qui est la première étape avant d’exiger éventuellement un rappel.
L’agence vise généralement à conclure ces enquêtes dans un délai de huit mois, bien que les récentes réductions de personnel au sein de la NHTSA puissent avoir un impact sur ce calendrier.
L’ODI a recueilli ses informations à partir de plusieurs sources : plaintes de conducteurs, articles de presse et rapports transmis par Tesla conformément à l’ordonnance générale relative aux rapports d’accidents (SGO). Cette ordonnance impose aux entreprises de rapporter des informations concernant les accidents impliquant des véhicules autonomes ou partiellement autonomes.
Si l’enquête conclut à un défaut systémique, la NHTSA pourrait ordonner un rappel touchant 2,88 millions de véhicules Tesla équipés du logiciel FSD. Un tel rappel constituerait l’un des plus importants de l’histoire de l’entreprise et aurait des conséquences significatives sur sa réputation et ses finances.
Si la NHTSA ordonne un rappel, celui-ci se fera probablement à distance par le biais d’une mise à jour logicielle over-the-air (OTA). Cependant, il n’est pas possible d’affirmer avec certitude que ce rappel se fera spécifiquement à distance, car c’est à la NHTSA de déterminer la méthode de rappel.
Si le défaut concerne également des composants matériels (capteurs, câblage, etc.), un passage en concession pourrait s’avérer nécessaire. Par le passé, Tesla a réalisé de nombreux rappels OTA, mais également des rappels physiques lorsque la NHTSA l’exigeait.
Le FSD absent d’Europe, mais Tesla prépare le terrain
Le système Full Self-Driving n’est pas encore commercialisé en France ni dans le reste de l’Europe. La réglementation européenne exige des normes de sécurité et de certification beaucoup plus rigoureuses que celles en vigueur aux États-Unis. Tesla ne peut pas simplement déployer son logiciel sans obtenir les autorisations nécessaires auprès des autorités de chaque pays.
Pour aller plus loin
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Cependant, l’entreprise s’active pour préparer l’arrivée du FSD sur le Vieux Continent. Des tests ont été aperçus dans les rues de Paris au cours des derniers mois, laissant entendre que Tesla collecte des données et adapte son système aux spécificités de la conduite européenne : rues étroites, nombreux ronds-points, signalisation distincte, comportements routiers variés. Pour l’heure, ces essais restent limités et nécessitent une autorisation spéciale.
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Le déploiement en Europe pourrait encore prendre plusieurs années. Les autorités européennes surveillent de près les incidents survenus aux États-Unis. Cette enquête de la NHTSA pourrait retarder davantage l’homologation du FSD sur le marché européen, car les régulateurs exigeront probablement des garanties supplémentaires avant d’autoriser sa commercialisation.
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