France

Démission de Lecornu : Quel profil pour le futur Premier ministre ?

Emmanuel Macron doit nommer un nouveau Premier ministre d’ici ce vendredi soir après la démission de Sébastien Lecornu. La réforme des retraites reste un sujet de discorde, certains demandant sa suspension, tandis que d’autres s’opposent à toute forme d’abrogation.


La responsabilité revient désormais à Emmanuel Macron. Suite à la démission de Sébastien Lecornu et à l’achèvement de sa « mission » visant à éviter une nouvelle censure, le chef de l’Etat se doit de désigner un nouveau Premier ministre. Cette décision devrait être prise d’ici vendredi soir. Alors que la tension politique a considérablement augmenté cette semaine, chaque partie établit ses « lignes rouges » pour avancer, rendant la tâche du président presque impossible. Quel profil pourrait donc sortir le pays de cette impasse et prévenir une nouvelle dissolution ? Nous avons tenté d’éclaircir la situation en énumérant ce que ce futur Premier ministre… ne doit pas être.

**Il ne doit pas… être macroniste**
Il s’agit de l’un des rares points de consensus parmi tous les partis politiques : aussi bien à gauche qu’à droite, il est demandé que le prochain Premier ministre ne soit pas un macroniste. Après François Bayrou et Sébastien Lecornu, tous deux proches du président, ce dernier devrait donc être amené à revoir ses choix.
Cette idée est même partagée au sein des macronistes. « Ma conviction, c’est que le gouvernement devra être complètement différent. On doit être lucides, il faut tirer les conclusions du crash de dimanche dernier », a déclaré la députée Renaissance Maud Bregeon, ancienne porte-parole du gouvernement Barnier.

**Il ne doit être… ni de droite, ni de gauche**
Pas macroniste, donc, mais également pas de droite. C’est en tout cas la position des socialistes, des écologistes et des communistes, qui s’opposent fermement à l’arrivée d’un membre du bloc central à Matignon. « La seule solution aujourd’hui : un Premier ministre de gauche et écologiste », a plaidé Marine Tondelier mercredi en sortant de Matignon.
Cependant, la droite refuse catégoriquement l’idée d’un chef de gouvernement de gauche, tout comme certains macronistes. « Nous sommes prêts désormais à discuter avec le futur Premier ministre que le président de la République choisira, à condition qu’il ne soit pas de gauche », a résumé jeudi matin le député LR Philippe Juvin, rapporteur général du Budget, sur Public Sénat.

**Il ne doit pas… être « techno »**
Une déclaration de Sébastien Lecornu, lors de son interview au JT de France 2 mercredi soir, a relancé l’idée d’un profil « technique » pour son successeur et ses ministres. « L’équipe qui devra prendre les responsabilités dans l’avenir, quelle qu’elle soit, devra être une équipe complètement déconnectée des ambitions présidentielles pour 2027 ». Néanmoins, cette option, souvent évoquée lors des récents remaniements gouvernementaux, est régulièrement écartée par des responsables politiques de tous bords.

**Il doit… suspendre la réforme des retraites**
Ces dernières heures, le débat s’est intensifié autour de la réforme des retraites, difficilement adoptée par Elisabeth Borne en 2023. C’est l’ex-Première ministre elle-même qui a suggéré de « suspendre » ce projet controversé pour permettre d’avancer. La gauche, et particulièrement les socialistes, en fait désormais une condition essentielle pour éviter une censure. Olivier Faure a ainsi mis la pression lors de sa sortie de Matignon mercredi, demandant le « gel de l’âge légal » (qui progresse progressivement vers 64 ans) et le gel de « l’accélération sur la durée de cotisation ». « Les macronistes doivent lâcher sur des choses qui leur coûtent », a indiqué récemment Laurent Baumel, député PS d’Indre-et-Loire.

**Il ne doit pas… suspendre la réforme des retraites**
Cependant, d’autre part, plusieurs voix se sont fortement opposées à la possibilité qu’un futur Premier ministre s’engage à abolir ou même à suspendre la réforme des retraites. « On peut avancer sur le pouvoir d’achat ou une forme de taxation des plus aisés, mais sur les retraites, on ne reviendra pas », a tranché cette semaine un poids lourd macroniste auprès de *20 Minutes*. « À titre personnel, je n’irai pas dans un gouvernement qui voudrait abroger ou suspendre la réforme des retraites », a également averti Bruno Retailleau, leader de la droite.

**Ce sera qui, alors ?**
Plusieurs noms circulent dans les médias ces dernières heures, tels que le centriste Jean-Louis Borloo, l’ancien ministre de l’Économie Eric Lombard, ou l’ex-responsable de la CFDT Laurent Berger. Pourquoi pas reconduire Sébastien Lecornu encore un peu ? Quoi qu’il en soit, aucune des options envisagées ne semble pouvoir remplir tous les critères du profil idéal. La décision revient à Emmanuel Macron : quel camp préfère-t-il décevoir ?