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Nobel de chimie : Trois chimistes récompensés pour leurs travaux sur le gaz au « potentiel énorme »

Le Nobel de chimie 2025 a été décerné mercredi à un trio de chimistes composé du Japonais Susumu Kitagawa, de Richard Robson, né au Royaume-Uni, et de l’Américano-Jordanien Omar M. Yaghi. Les travaux de ces chimistes ont donné naissance à des dizaines de milliers de nouveaux réseaux moléculaires différents par d’autres scientifiques.


Ils ont développé de nouvelles « structures métallo-organiques » capables d’emprisonner des gaz. Le prix Nobel de chimie 2025 a été attribué mercredi à un trio de chimistes : le Japonais Susumu Kitagawa, le Britannique Richard Robson et l’Américano-Jordanien Omar M. Yaghi. « Ces constructions, les structures métallo-organiques, peuvent être utilisées pour récupérer l’eau de l’air du désert, capturer le dioxyde de carbone, stocker des gaz toxiques ou catalyser des réactions chimiques », a souligné le comité dans un communiqué.

Les noms de Yaghi et Kitagawa revenaient depuis plusieurs années dans les prévisions des experts pour le Nobel de chimie. Ces structures métallo-organiques « ont un potentiel énorme, car elles offrent des possibilités jusqu’alors insoupçonnées de créer des matériaux sur mesure dotés de nouvelles fonctions », a déclaré Heiner Linke, président du comité Nobel de chimie, dans un communiqué.

En variant les éléments constitutifs utilisés dans les MOF, « les chimistes peuvent les concevoir pour capturer et stocker des substances spécifiques. Les MOF peuvent également déclencher des réactions chimiques ou conduire l’électricité », a souligné le comité Nobel.

En exploitant ces découvertes, « on pourrait imaginer créer des matériaux capables de séparer le dioxyde de carbone de l’air ou des tuyaux d’échappement industriels, ou qui pourraient être utilisés pour séparer les molécules toxiques des eaux usées », a expliqué Hans Ellegren, secrétaire général de l’Académie des sciences qui décerne le Nobel. Yaghi, âgé de 60 ans, travaille à Berkeley en Californie, et Kitagawa, 74 ans, est professeur à l’université de Kyoto. Robson, 88 ans, est professeur à l’université de Melbourne, en Australie.

Tout a débuté en 1989 quand Richard Robson a testé une nouvelle façon d’utiliser les propriétés des atomes en utilisant des ions de cuivre. « Lorsqu’ils ont été combinés, ils se sont liés pour former un cristal spacieux et bien ordonné. C’était comme un diamant rempli d’innombrables cavités », a déclaré le jury. Cette construction était cependant instable.

Omar M. Yaghi et Susumu Kitagawa ont ensuite mis au point une « base solide » pour la méthode de construction de ces structures, réalisant chacun de leur côté des « découvertes révolutionnaires ». Susumu Kitagawa « a montré que les gaz pouvaient entrer et sortir des constructions et a prédit que les MOF pouvaient être rendus flexibles », selon le comité.

Entre-temps, Yaghi a créé « un MOF très stable et a montré qu’il pouvait être modifié » lui conférant « de nouvelles propriétés attractives », selon l’exposé. « Je suis très honoré et ravi que mes recherches de longue date aient été distinguées », a réagi Susumu Kitagawa lors d’un entretien téléphonique peu après l’annonce du prix.

Le comité Nobel a donné des exemples d’applications concrètes obtenues de ces recherches. Ainsi, « le groupe de recherche de Yaghi a extrait de l’eau de l’air désertique de l’Arizona. Pendant la nuit, leur matériau MOF a capturé la vapeur d’eau de l’air. Lorsque l’aube est arrivée et que le soleil a chauffé le matériau, ils ont pu collecter l’eau », a-t-il illustré.

Les travaux de ces chimistes ont donné naissance à des dizaines de milliers de nouveaux réseaux moléculaires différents par d’autres scientifiques. Ces réseaux pourraient par exemple permettre de séparer les polluants éternels PFAS de l’eau, selon Olof Ramström, professeur en chimie organique et membre de l’Académie royale des sciences.

L’année dernière, le prix Nobel de chimie avait été attribué à l’Américain David Baker et à un duo formé du Britannique Demis Hassabis et de l’Américain John Jumper, pour avoir percé les secrets des protéines en s’appuyant sur l’intelligence artificielle et l’informatique. Pour les lauréats de l’année 2025, le montant du prix est de 11 millions de couronnes (920 000 euros), à partager entre eux.