David Clarinval défend un budget de compromis pour respecter les objectifs européens.
Le ministre de l’Economie, David Clarinval, indique que le montant de l’effort budgétaire à fournir pourrait aller jusqu’à 20 milliards d’euros selon la stratégie adoptée. Il défend également des réformes structurelles visant à réduire les dépenses de la Sécurité sociale et souhaite que le contrôle des malades de longue durée soit confié à l’INAMI.
Selon le ministre de l’Economie David Clarinval (MR), le montant de l’effort budgétaire à fournir, qu’il soit de 10 ou 20 milliards d’euros, est encore en discussion. « Si on prend une stratégie qui est conforme à la demande européenne, on peut avoir un effort qui ira jusqu’à 20 milliards », a-t-il expliqué. « Mais c’est vrai que d’autres manières d’évaluer les choses nous portent vers 10 milliards. »
Quel que soit le montant, il ne souhaite pas de mesures qui pourraient nuire à la croissance. « Parce que si l’on casse la croissance du pays, alors on va avoir un impact notamment sur l’économie, mais aussi sur l’emploi. »
Le vice-premier ministre propose plutôt de faire un « mix » entre économies et croissance. Il aspire à la fois à réduire les dépenses publiques et à stimuler la croissance économique.
### Mesures d’économie
Concentrons-nous sur les mesures d’économie. David Clarinval défend des réformes structurelles, notamment en visant à réduire les dépenses de la Sécurité sociale, qu’il juge « en dérapage ». Il veut s’attaquer aux « faux malades de longue durée ». D’après un rapport de l’INAMI, affirme-t-il, environ un quart des bénéficiaires ne seraient pas réellement inaptes au travail, entraînant un coût de 1 à 4 milliards d’euros par an.
Il propose donc de retirer aux mutuelles le contrôle des malades de longue durée pour le confier à l’INAMI, qu’il considère plus rigoureuse. « On a des rapports qui montrent que certaines mutuelles ne contrôlent pas du tout », déclare-t-il. « On a des rapports qui montrent que certaines mutuelles travaillent mieux que d’autres qui ne font pas du tout leur job. »
Cependant, le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke (Vooruit), remet en question cette analyse. Il a précisé vendredi sur notre antenne que l’étude de l’INAMI n’est pas fiable. Il a expliqué que l’étude repose sur un échantillon limité et spécifique de malades déjà très éloignés du travail, non représentatif de l’ensemble des malades de longue durée. Par conséquent, il estime qu’il n’est pas possible de généraliser ses conclusions ni d’affirmer qu’un quart des malades ne devraient pas être en incapacité.
### Mesures de croissance
Abordons à présent les mesures de croissance. David Clarinval en propose plusieurs. Il souhaiterait anticiper la réforme fiscale pour redonner du pouvoir d’achat dès l’an prochain. Il suggère également de diminuer les cotisations sociales pour encourager les entreprises à embaucher. Enfin, il souhaite alléger la facture énergétique pour les entreprises « énergivores » afin qu’elles soient « moins handicapées par rapport aux pays avoisinants ».
Selon ses propos, ces mesures doivent permettre de relancer la croissance et de générer plus de recettes grâce à l’activité économique.
Cependant, ces « effets retours » ont été jugés irréalistes par la Cour des comptes et la Banque Nationale lors du budget de l’an dernier.
### Fiscalité
La solution pourrait-elle résider dans les outils fiscaux ? Frank Vandenbroucke a suggéré vendredi de s’attaquer aux sociétés de management, qu’il accuse de « fraude fiscale légalisée. »
De son côté, David Clarinval plaide pour la lutte contre toutes les fraudes, tant sociales que fiscales, mais sans accroître la pression fiscale globale. Selon lui, la Belgique est déjà « dans le top 3 des pays les plus taxés », que ce soit sur le travail ou le capital. Il s’oppose fermement à une taxe sur les grandes fortunes ou à de nouvelles hausses d’impôts.
En revanche, il propose de réduire certaines accises, comme celles sur l’alcool et le tabac, pour combattre les achats transfrontaliers. « Trop d’impôts tuent l’impôt, c’est la base de la science économique », martèle-t-il.

