Netflix : Qui est la « Voisine idéale » dans ce film glaçant ?
Susan Lorincz, âgée de 60 ans, a tiré à travers sa porte le 22 juin 2023, tuant Ajike Owens, une maman du quartier, qui laisse derrière elle quatre orphelins. Le documentaire « La voisine idéale », réalisé par Geeta Gandbhir, aborde ce fait divers tragique en se basant principalement sur des images de caméra corporelle des policiers intervenus suite aux appels de Susan Lorincz.
Son nom ne vous est peut-être pas familier. Elle s’appelle Susan Lorincz. Âgée de 60 ans et se présentant elle-même comme « la voisine idéale », elle a été au centre d’un conflit de voisinage tragique en juin 2023. Il s’agit d’un de ces cas, dans un État américain où une loi atypique permet d’obtenir une immunité, même après avoir utilisé un excès de force. Dans un documentaire saisissant, Netflix retrace la série d’événements qui a plongé un petit quartier du comté de Marion, en Floride, dans le drame.
« La dame qui appelle toujours les flics »
« Je suis calme, je suis la voisine idéale ». C’est avec ces mots que Susan Lorincz se présente à l’enquêteur Pinter, dépêché à son domicile suite à son appel au bureau du shérif. Elle inspire alors compassion et confiance, incarnant le stéréotype de la voisine bienveillante.
Susan est une retraitée à la peau blanche, quelque peu exaspérée par le bruit des enfants du quartier… qui sont noirs. Elle a finalement décidé d’appeler la police pour se plaindre des jeunes bruyants. On peut le comprendre, mais ce qui est plus difficile à saisir, c’est cette insistance qu’elle a à décrocher son téléphone pour un oui ou pour un non, entraînant les forces de l’ordre sans raison valable. Cela provoque inévitablement des tensions avec le voisinage. Jusqu’au drame.

Le 22 juin 2023, alors qu’Ajike Owens se rend chez Susan Lorincz dans le but de la raisonner, la « voisine idéale » tire à travers sa porte. Ajike, une mère du quartier, ne survivra pas à cette confrontation. Elle laisse derrière elle quatre orphelins.
Un film à base d’images corporelles
Chronique d’une mort annoncée ? Malheureusement, c’est probable. Bien que le documentaire « La voisine idéale » ne surprenne personne (on sait dès les premières minutes qu’un drame va survenir dans ce conflit de voisinage), sa forme ne manquera pas d’intriguer. Ce film Netflix réalisé par Geeta Gandbhir s’appuie presque exclusivement sur les images des caméras corporelles des policiers qui sont intervenus de nombreuses fois suite aux appels de Susan Lorincz.
L’actu des »Séries TV»
Aucun entretien post-mortem des personnes impliquées dans cet incident tragique n’apparaît à l’écran. Il n’y a pas de retour sur les lieux du crime pour les besoins du film, ni d’images reconstituées de manière documentaire. La réalisatrice a en effet choisi de présenter uniquement les images des diverses interventions policières, filmées par les caméras portées par les agents sur leur poitrine. Ce choix offre un réalisme saisissant et glaçant.

Le documentaire montre une Susan Lorincz se plaignant sans relâche des enfants du quartier (« Ils ne devraient pas crier et courir partout »…), ainsi que des policiers affichant une patience rare, interrogeant les enfants et leurs parents, et recueillant les témoignages de l’exaspération face à cette voisine qui ne tolère décidément rien ni personne. Plus tard, toujours grâce aux caméras, on assiste à l’intervention policière fatidique, celle où Ajike Owens, à terre, lutte entre la vie et la mort. On est également témoin des moments douloureux à suivre, alors qu’il faut annoncer la terrible nouvelle aux enfants de la victime.
Un moment insensé, rétrospectivement, se produit lorsque, cette fois avec la caméra de la cellule où elle est interrogée, sont capturées les images de Susan Lorincz, en plein déni, refusant de répondre aux demandes de trois enquêteurs. Une situation ubuesque !
Primé pour la mise en scène au Sundance Festival 2025, « La voisine idéale » suscite interrogations et stupéfaction. Au-delà de son approche formelle saisissante, ce film met en lumière les conséquences dévastatrices de la loi « Stand Your Ground” (« Défendez votre territoire » en français).
Adoptée en 2005 en Floride, où s’est déroulé le drame, cette loi permet à une personne de riposter face à une menace perçue, même si elle pourrait fuir sans danger. Elle couvre également la défense de la maison. Son application est souvent corrélée à une augmentation significative des homicides, dont les premières victimes sont souvent des personnes de couleur. Comme Ajike Owens, tuée par Susan Lorincz.

