Maroc

Deux matches de Serie A et Liga délocalisés, première « à contrecœur » pour l’UEFA.

L’UEFA a approuvé lundi « à contrecoeur » et « à titre exceptionnel » la requête de la Liga et de la Serie A de délocaliser deux matches de championnat aux Etats-Unis et en Australie. La rencontre Villarreal-Barcelone va donc pouvoir se tenir le 20 décembre à Miami, avant qu’AC Milan-Côme ne s’expatrie le 8 février 2026 à Perth.


L’UEFA a donné son accord lundi, de manière « à contrecoeur » et « à titre exceptionnel », à la demande de la Liga et de la Serie A de déplacer deux matchs de championnat aux États-Unis et en Australie, une première mondiale. L’organisation européenne s’est immédiatement efforcée de préciser qu’elle ne souhaitait pas que cela établisse un précédent, affirmant dans un communiqué son « opposition aux matches de ligue nationale joués à l’étranger » et son engagement à participer « aux travaux en cours dirigés par la Fifa » pour établir des règles strictes à ce sujet.

Suite à la demande formulée cet été par les fédérations espagnole et italienne de football, le match Villarreal-Barcelone pourra donc se dérouler le 20 décembre à Miami, tandis qu’AC Milan-Côme sera délocalisé le 8 février 2026 à Perth. Bien que les Supercoupes d’Espagne et d’Italie soient déjà organisées en Arabie Saoudite, après des éditions antérieures en Chine, au Maroc, au Qatar et en Libye, ce sera inédit pour des rencontres de championnat, piliers d’une tradition continentale basée sur les confrontations aller-retour.

Les deux championnats s’inspirent des grandes ligues américaines, NFL et surtout NBA, qui délocalisent des matchs de sa saison régulière depuis 1990 au Japon et depuis 2013 en Europe. Pour les trois prochaines saisons, six rencontres sont déjà programmées à Berlin, Londres, Manchester et Paris.

Le feu vert de l’UEFA, qui avait déjà repoussé le sujet le 11 septembre pour « consulter » les acteurs du football européen, n’était pas attendu : son président Aleksander Ceferin avait reconnu début septembre auprès du journal Politico qu’il disposait d’une marge de manœuvre juridiquement limitée. L’instance européenne a expliqué lundi que « le cadre réglementaire pertinent de la Fifa », en cours de révision depuis mai en raison d’un accord signé en 2024 avec le groupe Relevent Sports pour clore une procédure anticoncurrentielle, « n’est pas suffisamment clair et détaillé » pour lui permettre de décider autrement.

« Bien qu’il soit regrettable de devoir laisser ces deux matches avoir lieu, cette décision est exceptionnelle et ne doit pas être considérée comme un précédent. Notre engagement est clair : protéger l’intégrité des ligues nationales et faire en sorte que le football reste ancré dans son environnement d’origine », a promis Aleksander Ceferin dans le communiqué.

La proposition de délocaliser ces matches de championnat, soutenue par la Liga pour des raisons commerciales et par la Serie A en raison du conflit entre le match AC Milan-Côme et la cérémonie d’ouverture des prochains JO d’hiver, avait suscité dès début septembre une forte mobilisation des représentants des supporters. L’association Football Supporters Europe (FSE) avait déclaré : « L’idée de faire traverser des océans aux joueurs, aux staffs, aux supporters et à tous les autres pour un match +à domicile+ est absurde, inabordable, et irresponsable sur le plan environnemental », dans un texte signé par 423 groupes issus de 25 pays.

En Espagne, le projet avait aussi rencontré l’opposition du syndicat des footballeurs et de tous les capitaines de première division – y compris ceux de Villarreal et Barcelone – ainsi que celle du Real Madrid, qui a dénoncé mi-août « un risque de falsification de la compétition ». Lundi soir, la FSE a appelé la Liga et la Serie A à abandonner leur projet « plutôt que de se heurter à une opposition écrasante de la part du reste de la famille du football et des instances européennes ». L’organisation a conclu en stipulant que « la responsabilité incombe désormais à la Fifa de combler cette lacune réglementaire ».