« Charlie Hebdo » et la famille de Charb demandent l’entrée de Charb au Panthéon.
La rédaction de Charlie Hebdo et les parents de Charb demandent une panthéonisation pour le dessinateur, tué dans l’attaque djihadiste contre l’hebdomadaire satirique il y a dix ans. Riss, qui a succédé à Charb à la tête de Charlie Hebdo, défend que l’idée de panthéonisation n’est « pas si conne que cela » et souligne que Charb symbolise des « valeurs » qui représentent l’attachement du peuple français à la liberté d’expression.
« Un journaliste victime du terrorisme » a-t-il sa place au Panthéon ? La rédaction de *Charlie Hebdo* et les parents de Charb en font la demande pour le dessinateur, tué lors de l’attaque djihadiste contre l’hebdomadaire satirique il y a dix ans.
## Une idée « pas si conne »
« Charb coche toutes les cases pour s’y retrouver » et ses « valeurs » étaient « exactement celles de notre démocratie », défend Riss, qui lui a succédé à la direction de *Charlie Hebdo*, dans son éditorial à paraître le mercredi 8 octobre 2025, à la veille de l’entrée de Robert Badinter au Panthéon.
Il est « un journaliste exécuté pour ses opinions par des terroristes sur le territoire national » et l’idée d’une panthéonisation n’est ainsi « pas si conne que cela », soutient-il.
## Une panthéonisation pour la liberté d’expression
Charb l’aurait-il approuvée ? Non, mais il ne s’agit pas « d’une récompense ou d’un honneur », mais des « valeurs » qu’il représente, a répondu Riss à l’AFP. Selon lui, « quelle que soit l’issue de cette demande, l’intérêt est aussi d’entretenir, de réveiller la réflexion autour des valeurs de Charb et du journal ».
Une telle décision d’entrée au Panthéon « graverait dans le marbre de notre République l’attachement viscéral du peuple français à la liberté d’expression », souligne également dans son éditorial le directeur de la publication, qui avait lui-même été grièvement blessé le 7 janvier 2015. L’attentat avait causé douze morts, dont huit membres de la rédaction à Paris, parmi lesquels d’autres figures de la caricature comme Cabu et Wolinski.
## La famille de Charb s’implique
« Nous souhaiterions ancrer définitivement cet événement dans l’histoire du pays, par un acte fort et fédérateur », ont écrit les parents de Charb et son frère dans leur requête au président de la République, également publiée par *Charlie Hebdo*. Outre la liberté d’expression, ils évoquent « l’antiracisme », « la justice sociale » et « la laïcité », des « valeurs éminemment républicaines pour lesquelles Charb s’est battu toute sa vie et qui rassemblent la très grande majorité des Français de toutes opinions et de toutes confessions ».
## L’affaire des caricatures du prophète
La demande coïncide avec les vingt ans de la publication de douze caricatures de Mahomet dans le quotidien danois *Jyllands-Posten*, à l’origine de violentes manifestations dans certains pays musulmans. Ces dessins avaient été repris en 2006 par l’hebdomadaire français, faisant ainsi de lui une cible des djihadistes.
Republiées à plusieurs reprises, elles figurent à nouveau dans l’édition du mercredi 8 octobre 2025, pour marquer « l’anniversaire d’une manipulation internationale », titre *Charlie Hebdo*.
## L’ami Riss à la manœuvre
« Cette publication (en 2005-2006) ainsi que l’attentat du 7 janvier 2015 furent des événements considérables. Aujourd’hui, ils sont devenus des faits historiques » et des rues, des places portent des noms des victimes, constate Riss, qui a proposé cette idée de panthéonisation auprès de la famille de son ami, mort à 47 ans.
Avec d’autres membres de la rédaction, il se rend régulièrement auprès de lycéens et d’étudiants. « Ce n’est pas aberrant de faire rentrer au Panthéon quelqu’un de cette génération », un « contemporain », a-t-il par ailleurs souligné à l’AFP.

