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Prêt étudiant : classement Challenges, qui est Frédéric Merlin, patron du BHV ?

Frédéric Merlin a racheté le grand magasin parisien du BHV en novembre 2023, qui va accueillir la marque Shein, symbole de l’ultra fast-fashion. En 2024, le groupe SGM exploite 20 grands magasins et centres commerciaux, totalisant 427.000 m² de surface commerciale, accueillant 95 millions de visiteurs annuels, avec un chiffre d’affaires de 430 millions d’euros.


Son nom a fait la une des médias la semaine dernière. Frédéric Merlin, un dirigeant jusqu’alors peu connu du grand public, a attiré l’attention en raison d’une polémique. Le grand magasin parisien BHV, qu’il a acquis en novembre 2023 avec sa sœur, s’apprête à accueillir la marque Shein, symbole de l’ultra fast-fashion et de ses dérives.

« Ce n’est pas de la com’ », a déclaré ce week-end Frédéric Merlin sur le plateau de « C à vous » sur France 5. Il a été accusé par l’écologiste Marine Tondelier de profiter d’une publicité gratuite en ouvrant ses rayons au géant chinois du prêt-à-porter, jusqu’alors uniquement présent en ligne. « On ne peut pas me reprocher à moi, jeune chef d’entreprise qui vient d’en racheter une, d’être dans l’immobilisme. Il faut faire avec les enjeux et les besoins du moment […]. Aujourd’hui, un Français sur trois commande sur Shein », a-t-il ajouté, affichant les traits d’un trentenaire au style de golden-boy.

Est-il vraiment un golden-boy ? Son parcours suggère que oui. À 34 ans, le natif de Vénissieux, près de Lyon, figure déjà dans le Top 500 des fortunes françaises. Selon le magazine *Challenges*, il occupe la 233e place aux côtés de sa sœur Maryline, avec un capital estimé à 600 millions d’euros. Pas mal pour quelqu’un ayant lancé sa première entreprise avec un prêt étudiant de 15 000 euros !

Cette première affaire était axée sur l’achat, la réhabilitation et la vente de biens immobiliers. « On n’avait pas d’idée révolutionnaire, mais un BTS immobilier qui nous permettait de réaliser des transactions sur des immeubles », avait expliqué Frédéric Merlin aux *Echos* en 2023. Le duo, né d’un père entrepreneur et d’une mère au foyer, ne s’est jamais séparé depuis. « Elle fait tout ce que je n’aime pas faire et moi tout ce qu’elle n’aime pas faire », a-t-il précisé en parlant de sa sœur, qui le devance de quatre ans.

### « 430 millions d’euros » de chiffre d’affaires en 2024

Ce mécanisme bien rodé a conduit le binôme à envisager plus ambitieux. « En 2018, les frère et sœur fondent la Société des Grands Magasins (SGM), une foncière familiale dédiée à la revitalisation d’actifs commerciaux de centre-ville. Leur ambition : redonner vie aux centres commerciaux urbains en perte de vitesse. Depuis, SGM a connu une croissance remarquable. En 2024, le groupe exploitera 20 grands magasins et centres commerciaux, totalisant 427 000 m² de surface commerciale, attirant 95 millions de visiteurs annuels, avec un chiffre d’affaires de 430 millions d’euros », est-il précisé sur le site de la SGM, axé sur le succès de ses cofondateurs. « Les valeurs de confiance, d’engagement, de proximité et d’enthousiasme portées par Frédéric Merlin irriguent tous les projets du groupe. Fidèle à son parcours, il continue de faire croître SGM avec la certitude que l’investissement dans les territoires et les personnes est la clé d’un modèle durable. »

Cependant, la réalité semble légèrement différente de cette image soigneusement construite. Plusieurs marques ont annoncé quitter le BHV suite à l’arrivée de Shein, tandis que d’autres l’avaient déjà fait pour des raisons financières. « C’est un partenaire en qui on n’avait plus confiance », s’est ainsi plaint Guillaume Gibault, fondateur de la marque du Slip Français, évoquant « plus d’un an d’impayés » pour lesquels des « procédures » judiciaires sont « en cours ». « Les tribunaux vont être saturés d’injonctions de payer », a prédit sur LinkedIn le directeur général de Maison Lejaby, Xavier Martin, mentionnant les « centaines de fournisseurs français » lésés.

De son côté, le grand magasin défend sa position. « Le BHV est redevenu rentable en 2024 », a affirmé la SGM, qui conteste que ces retards soient dus à des « problèmes de trésorerie ». Cependant, les difficultés sont visibles à travers des rayons peu fournis et des allées désertes, notamment dans les secteurs du bricolage et de la papeterie. Un autre sujet de préoccupation est l’avenir des murs du BHV, évalués à 300 millions d’euros, que la SGM doit acquérir des Galeries Lafayette avec l’aide de la Caisse des dépôts. Problème : le groupe public a déclaré ne « pas cautionner » l’alliance avec Shein. De cette manière, des enjeux se dessinent pour Frédéric Merlin et sa sœur.