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Une technologie basique de smartphones ne relance pas une enquête judiciaire.

Le bornage automatique d’un smartphone a permis aux avocats de Cédric Jubillar de révéler que l’amant de la victime se trouvait vraisemblablement à proximité du domicile du couple Jubillar la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Selon France 3 Occitanie, la cellule téléphonique couvrant le domicile a été « activée par plus d’un demi-millier de numéros différents » lors de cette nuit.

Dans le cadre du procès de Cédric Jubillar en France pour meurtre, le bornage automatique d’un smartphone a permis une révélation potentiellement majeure.
Les paramètres de configuration SIM sur l’iPhone 17 // Source : Frandroid

Un tournant, un rebondissement, une révélation. C’est ce que l’on peut lire dans les médias au sujet des nouvelles informations concernant le très médiatisé procès de Cédric Jubillar en France. À l’origine de ce bouleversement se trouve une technologie courante de nos smartphones. Plus précisément, il est question de l’activation d’une antenne-relais par un téléphone portable, un procédé connu sous le nom de « bornage automatique ».

La révélation en question

C’est ce même procédé qui est mis en avant par la défense de Cédric Jubillar, accusé du meurtre de son épouse, Delphine Jubillar, disparue en 2020. Ce bornage a permis aux avocats de l’accusé de mettre en lumière un élément jusqu’alors ignoré.

L’amant de la victime se trouvait vraisemblablement à proximité du domicile du couple Jubillar la nuit de la disparition de Delphine (du 15 au 16 décembre 2020). Cela constitue une révélation importante, car elle contredit les déclarations de l’amant. Frandroid ne s’attardera pas sur les détails de cette affaire judiciaire, mais il est pertinent de comprendre le fonctionnement du bornage automatique.

Le bornage automatique : comment ça marche ?

Chaque smartphone, tant qu’il est allumé (et en dehors du mode avion), peut se connecter à une antenne-relais pour permettre le fonctionnement de certaines fonctions ou applications, même en arrière-plan. Ce processus de « bornage » s’effectue de manière automatique et sans que l’utilisateur en ait conscience. Lorsqu’un téléphone doit émettre ou recevoir des appels ou des messages, ou lorsque qu’une application nécessite une connexion 4G ou 5G, l’appareil cherche l’antenne la plus puissante à proximité et s’y connecte.

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Le réseau de téléphonie mobile en France est organisé en cellules, chacune étant couverte par une antenne-relais. Selon l’ANFR, au 1er octobre 2025, les opérateurs télécoms gèrent « 71 354 sites de réseaux mobiles autorisés en France, toutes générations confondues ».

Quand un téléphone se connecte à une cellule, il transmet automatiquement deux informations essentielles : le numéro de la carte SIM associée et l’identifiant IMEI (International Mobile Equipment Identity), qui est unique à chaque appareil.

Les données enregistrées par les opérateurs

Les opérateurs de téléphonie conservent l’historique de ces connexions dans leurs systèmes. Ces enregistrements permettent de déterminer quelle antenne a été activée, à quel moment et par quel téléphone. La précision de la localisation dépend de la densité du réseau d’antennes dans une zone donnée : en milieu urbain, où les antennes sont nombreuses et rapprochées, la zone de couverture d’une cellule peut être relativement restreinte. À l’inverse, en zone rurale, une seule antenne peut couvrir plusieurs kilomètres carrés.

Dans le cadre du procès de Cédric Jubillar, France 3 Occitanie rapporte que la défense s’appuie sur une analyse des relevés de la cellule téléphonique couvrant le domicile de l’accusé et de la victime. Dans la nuit de la disparition, la cellule a été « activée par plus d’un demi-millier de numéros différents. Après le tri des données par les enquêteurs, la ligne de l’amant figure dans la liste restreinte ».

L’utilisation du bornage dans une enquête

Il est évident que pour les enquêtes judiciaires, l’utilisation des données de bornage téléphonique est précieuse, mais ces données restent imparfaites. Pour diverses raisons, la connexion d’un téléphone à une antenne-relais ne peut pas, à elle seule, prouver la présence de son propriétaire dans une zone géographique donnée.

Dans l’affaire du meurtre de Delphine Jubillar, les avocats de l’accusé se servent de cette information pour semer le doute et montrer que leur client n’est pas forcément le coupable idéal. Ils l’utilisent aussi pour dénoncer une éventuelle falsification de la procédure ayant conduit au renvoi de Cédric Jubillar devant la cour d’assises du Tarn.

Plus généralement, il est important de savoir que les données provenant de différentes antennes-relais sont souvent croisées entre elles pour affiner les résultats. C’est ce qu’on appelle la triangulation. Il est également possible de recourir à des informations de géolocalisation par satellite, telles que celles fournies par le GPS.