Etats-Unis : Trump invoque l’« Insurrection Act » pour déployer l’armée
Donald Trump a évoqué le recours à l’« Insurrection Act », une loi de 1807, pour déployer l’armée sur le sol américain en cas de troubles civils majeurs, affirmant qu’il ne hésiterait pas à l’invoquer si ses décisions étaient bloquées. A Chicago, un décret signé samedi prévoit la mobilisation de 300 gardes nationaux pour « protéger les agents et biens fédéraux ».
Donald Trump a relancé lundi la menace d’invoquer l’« Insurrection Act », une loi de 1807 qui permet à un président de déployer l’armée sur le territoire américain en cas de troubles civils majeurs. Il a déclaré qu’il n’hésiterait pas à utiliser cette mesure exceptionnelle si les tribunaux ou les dirigeants locaux tentaient de faire obstacle à ses décisions. « Il y a une raison pour laquelle nous avons l’Insurrection Act. Si je devais l’invoquer, je le ferais. Si des gens étaient tués et que les tribunaux nous en empêchaient ou que des gouverneurs ou des maires nous en empêchaient, bien sûr que je le ferais », a-t-il affirmé.
Cette nouvelle mise en garde survient alors que Donald Trump a déjà ordonné l’envoi de troupes fédérales à Chicago et Portland, en dépit de l’opposition des autorités locales. À Chicago, un décret signé samedi prévoit l’engagement de 300 gardes nationaux pour « protéger les agents et biens fédéraux ». À Portland, des juges fédéraux ont suspendu à deux reprises des déploiements similaires, affirmant qu’il n’existait « ni insurrection ni menace pour la sécurité nationale ». La juge Karin J. Immergut a rappelé dans ses décisions que les affrontements demeuraient localisés et limités, ne justifiant pas une telle mesure.
La rhétorique guerrière de Donald Trump s’inscrit dans un contexte de confrontation entre la Maison-Blanche et plusieurs grandes villes démocrates. Le président décrit régulièrement Portland comme une ville « qui brûle », tandis que la ministre de la Sécurité intérieure, Kristi Noem, qualifie Chicago de « zone de guerre ». Pourtant, selon les autorités locales, aucune des deux villes n’était lundi touchée par des émeutes généralisées.
Le discours présidentiel s’accompagne d’une interprétation politique du terme « insurrection ». Stephen Miller, un conseiller proche de Donald Trump, a ainsi déclaré : « Quand un juge s’octroie des pouvoirs que la Constitution a délégués au président, c’est une forme d’insurrection légale. » Une formulation qui élargit le concept pour justifier l’utilisation de la force fédérale face à des opposants politiques ou des décisions de justice défavorables.
L’« Insurrection Act » n’a été appliqué que très rarement, la dernière fois en 1992, lorsque George H. W. Bush a mobilisé l’armée pour mettre fin aux émeutes de Los Angeles après l’acquittement des policiers ayant tabassé Rodney King.
En brandissant à nouveau cette menace, Donald Trump résonne avec un moment de tension extrême dans l’histoire américaine et semble prêt à franchir une ligne rouge institutionnelle pour affirmer son autorité.

