Albanie : L’assassinat d’un magistrat secoue le pays en plein tribunal
Le juge Astrit Kalaja a été abattu en plein procès à Tirana, lundi, par un justiciable en colère. Deux autres personnes impliquées dans le procès ont également été touchées, mais leurs vies ne sont pas en danger.
En Albanie, le calme solennel d’une salle d’audience de la cour d’appel de Tirana a été soudainement rompu, lundi, par un événement choquant. Le juge Astrit Kalaja a été abattu en plein procès par un justiciable en colère, alors qu’il était en charge d’une affaire de propriété. L’homme armé, immédiatement maîtrisé et arrêté, aurait avoué avoir tiré parce qu’il « était en train de perdre » le procès, d’après la presse locale.
D’après la police albanaise, le magistrat a été gravement blessé après que l’accusé a sorti une arme et ouvert le feu au cours de l’audience. « Transporté en urgence à l’hôpital, le juge a succombé à ses blessures en route », ont précisé les forces de l’ordre dans un communiqué. Deux autres personnes, un père et son fils impliqués dans le procès, ont également été touchées, mais leurs vies ne sont pas en danger.
### Vague d’indignation politique
La classe politique albanaise a condamné unanimement l’attaque. Le Premier ministre Edi Rama a dénoncé sur X « une agression criminelle [qui] exige sans aucun doute la réponse légale la plus extrême envers l’agresseur ». Il a jugé que ce drame constituait « l’argument le plus incontestable pour soutenir un durcissement significatif du Code pénal concernant la sanction pour port d’armes non autorisé », avant d’exprimer ses « condoléances fraternelles » à la famille du juge Kalaja.
Le président Bajram Begaj a également qualifié dans un communiqué cet acte de « terrible attentat contre tout le système de la justice », symbole d’un climat de violence préoccupant.
### La question des armes à feu relancée
Ce meurtre ravive le débat sur la prolifération des armes illégales en Albanie. Actuellement, le port d’armes non autorisé n’est passible que d’une peine maximale de trois ans de prison, une sanction jugée trop clémente par le gouvernement. Entre janvier et juin 2025, 213 incidents impliquant des armes à feu ont été signalés dans le pays, selon les données du Centre SEESAC, spécialisé dans la lutte contre la prolifération des armes légères.
Derrière l’apparence d’une justice modernisée, l’Albanie reste confrontée à un fléau enraciné depuis les années 1990 : les armes en circulation. L’assassinat du juge Astrit Kalaja pourrait bien constituer un tournant politique dans la lutte pour restaurer l’autorité de l’État et la sécurité des institutions judiciaires.

