Espagne : Une sandale de 675 ans trouvée dans un nid de vautour
Un article publié le 11 septembre 2025 dans la revue Ecology indique que des chercheurs espagnols ont découvert plus de 200 artefacts humains dans douze anciens nids de Gypaètes barbus dans des falaises du sud de l’Espagne entre 2008 et 2014. Selon Antoni Margalida, écologiste à l’Institut pyrénéen d’écologie, « ces matériaux sont très bien conservés au fil des siècles ».

Bien que souvent associées à un caractère menaçant et à une réputation de charognards, les vautours jouent un rôle essentiel dans l’écosystème. Outre leur fonction de nettoyeurs des cadavres et de leurs maladies, des chercheurs espagnols les ont récemment identifiés comme d’excellents archéologues. Un article publié le 11 septembre 2025 dans la revue Ecology révèle que des artefacts bien conservés du Moyen Âge ont été découverts dans des nids de Gypaète barbu, selon National Geographic.
Un musée à ciel ouvert
En tout, plus de 200 artefacts liés à l’homme ont été découverts par cette équipe dans douze anciens nids situés dans des falaises du sud de l’Espagne entre 2008 et 2014 : des morceaux de paniers, une lanière de cuir de mouton ornée d’ocre rouge, des textiles, une flèche d’arbalète, une fronde, ainsi qu’une sandale rudimentaire en fibres végétales âgée de 675 ans. « Ces matériaux sont très bien conservés au fil des siècles », a déclaré Antoni Margalida, écologiste à l’Institut pyrénéen d’écologie en Espagne et auteur principal de l’étude.
La découverte de cette chaussure représente une opportunité significative pour les chercheurs, car elle aurait dû normalement se décomposer avec le temps. Cependant, l’air sec et frais de la grotte où se trouvait le nid a permis sa préservation. De plus, les scientifiques ont également identifié dans les nids des matériaux naturels, tels que 86 sabots, plus de 2.100 os, ainsi que des coquilles d’œufs. Ces éléments leur offriront également des données pour mieux appréhender l’évolution de l’écosystème aviaire et l’impact des pesticides sur ces espèces.
Des oiseaux recycleurs
Ces découvertes ne sont pas le fruit du hasard. Les Gypaètes barbus, qui sont uniques en leur genre, excellent dans ce type de recyclage. D’une part, cette espèce de vautours est la seule à se spécialiser dans la consommation d’os. D’autre part, elle construit ses nids au fil des générations, en ajoutant des couches successives. Les matériaux employés pour les édifier profitent alors du microclimat propre aux recoins montagneux où ils résident, assurant ainsi un niveau de conservation comparable à celui d’un musée.
Cependant, depuis le siècle dernier, ces vautours ont disparu du sud de l’Espagne. Leur population à l’échelle européenne a globalement diminué en raison de plusieurs facteurs. Bien que les artefacts retrouvés dans leurs nids nécessitent encore des études plus approfondies, les chercheurs explorent maintenant d’éventuelles découvertes similaires dans les nids d’autres espèces de rapaces ou d’oiseaux. « L’idée d’exploiter cela pour des raisons écologiques et archéologiques est plutôt intéressante », a souligné Tricia Miller, biologiste de la faune sauvage qui n’a pas participé à l’étude.

