Économies dans les soins de santé : le gouvernement tranchera sans accord à l’Inami.
Le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, avait chiffré à 907 millions d’euros les économies nécessaires dans le budget 2026. Lors de la réunion du Comité de l’assurance, les propositions d’économies sur la table n’ont pas fait l’objet d’un accord.
Il est nécessaire de maîtriser la forte hausse des coûts dans le secteur de la santé. C’est le message adressé par le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, à l’Inami au cours de l’été. Dans une lettre de mission, il a estimé à 907 millions d’euros les économies nécessaires pour le budget 2026. Plusieurs pistes ont été envisagées.
Lors de la réunion de ce lundi, les propositions d’économies présentées au Comité de l’assurance n’ont pas abouti à un accord.
Les syndicats de médecins, certains hôpitaux et les dentistes ont rejeté la proposition budgétaire qui était sur la table. « Les économies demandées aux médecins sont excessives », a déclaré l’ABSyM dans un communiqué diffusé ce lundi après-midi.
La fédération UNESSA, qui représente certains établissements de santé, a également voté contre le budget des soins de santé 2026. Elle a jugé que l’effort de 200 millions d’euros exigé des hôpitaux en 2026, même atténué au cours des négociations, imposait « un effort démesuré sur l’hôpital » sans réduire les charges des hôpitaux « au même rythme ». L’UNESSA souligne les limites de l’augmentation maximale de 2 % du budget des soins de santé prévue pour 2026 par le gouvernement, alors que le nombre de patients augmente encore plus. Le budget proposé aurait « des répercussions sur l’emploi et la qualité des soins », avertit l’UNESSA.
En l’absence d’accord entre les représentants des mutuelles, des prestataires de soins et des établissements de santé au sein du Comité de l’assurance de l’Inami, c’est le ministre de la Santé et le gouvernement qui devront formuler une nouvelle proposition de budget prochainement. « Les prestataires qui ont voté contre la proposition préfèrent confier leur destin aux politiques plutôt que de passer par un modèle de concertation. Ce sont les patients qui en pâtiront, je vous le garantis », a déploré Elise Deroitte, vice-présidente de la Mutualité chrétienne.
**Des médicaments plus chers ?**
Du côté de l’industrie pharmaceutique, des économies ont également été imposées par le ministre. L’industrie doit, d’une part, réduire les prix des médicaments. Mais il a aussi été envisagé de faire contribuer davantage les patients.
Selon les chiffres évoqués ce lundi par Le Soir, l’effort demandé au secteur pharmaceutique s’élevait à 400 millions d’euros. Le ministre avait en effet sollicité des propositions de la part du secteur pour réduire les coûts, sachant que le budget annuel prévu pour les soins de santé concernant les médicaments, et qui finance donc l’industrie, s’établira à presque 7 milliards d’euros. C’est ce qu’il a expliqué il y a quelques jours.
L’idée du ministre est donc que l’industrie pharmaceutique abaisse le prix de nombreux médicaments.
Du côté des patients, la quote-part à leur charge pour certains médicaments remboursés pourrait augmenter, conformément à la logique du ministre. Ce dernier a en effet proposé d’augmenter le ticket modérateur pour certains médicaments jugés trop bon marché ou surconsommés, tels que les antiacides. Il reste à voir comment le ministre de la Santé et le gouvernement trancheront dans ce dossier.
**Des économies chez les médecins ?**
Un point qui a bloqué et qui a conduit la délégation de l’ABSyM à voter contre la proposition de budget des soins de santé pour 2026 concerne les économies demandées par le ministre Vandenbroucke aux médecins. Ces économies ont été jugées excessives par les représentants de ces derniers. Le ministre sollicitait 150 millions d’euros d’économies « en plus des 72,5 millions d’euros d’économies déjà réalisées en 2025 et des 62 millions d’euros que les médecins vont restituer au 1er janvier 2026 », a réagi l’ABSyM dans un communiqué diffusé ce lundi après-midi.
D’accord pour « participer à l’effort nécessaire pour maintenir le budget des soins de santé à flot », a écrit le Dr Patrick Emonts, président de l’ABSyM. « Mais nous ne pouvons pas être le banquier des soins de santé », a-t-il ajouté. L’ABSyM n’accepte pas le montant de 150 millions d’euros d’économies exigé par le ministre Vandenbroucke, qualifiant ce chiffre « d’arbitraire ». L’ABSyM se montre également prudente dans l’attente des conséquences de plusieurs réformes que le ministre prévoit, notamment la réforme de la nomenclature, la réforme visant les suppléments d’honoraires et celle du financement des hôpitaux.
Dans cette problématique des « économies chez les médecins », la responsabilité incombe maintenant au ministre de la Santé.
**La consultation chez le médecin moins remboursée ?**
Une autre piste que le ministre Vandenbroucke pourrait envisager est l’augmentation du ticket modérateur, soit la part des coûts de la consultation à la charge du patient. Cette augmentation était soutenue par certains syndicats de médecins. L’ABSyM et le Cartel, par exemple, étaient favorables à une indexation du ticket modérateur, qui n’a pas été ajusté depuis plus de 20 ans pour les consultations chez les généralistes et depuis dix ans pour celles auprès des spécialistes. Cela pourrait, selon ces syndicats médicaux, générer jusqu’à 114 millions d’euros d’économies. Une telle mesure pourrait toutefois ne pas s’appliquer aux bénéficiaires de l’intervention majorée.
Cette proposition n’est pas accueillie avec enthousiasme par les mutualités qui ne souhaitent pas faire supporter la facture des économies aux patients. Ce sera, une nouvelle fois, au ministre de décider.
Pour atteindre les 907 millions d’euros d’économies, le ministre de la Santé et le gouvernement explorent d’autres pistes impliquant des efforts budgétaires dans divers secteurs de la santé. Les hôpitaux pourraient voir leurs budgets réduits de plusieurs dizaines de millions d’euros. Des économies pourraient également être réalisées dans le domaine des implants, par exemple.
Le gouvernement doit normalement présenter une proposition de budget et la soumettre au Conseil général de l’Inami le 21 octobre prochain.

