La France a un nouveau gouvernement menacé de renversement.
La présidence de la République a dévoilé une liste de 18 ministres, dont Jean-Noël Barrot aux Affaires étrangères et Bruno Retailleau, tout en précisant que d’autres seront annoncés après le discours de politique générale du Premier ministre prévu mardi. Sébastien Lecornu, en place depuis le 9 septembre, doit naviguer sur une scène politique éclatée avec un parlement fracturé en trois blocs, sans majorité absolue.

La présidence de la République a révélé une liste de 18 ministres. D’autres nominations seront annoncées après le discours de politique générale du Premier ministre prévu mardi. Nombreux étaient déjà présents dans le précédent gouvernement dirigé par le centriste François Bayrou.
Parmi eux figurent Jean-Noël Barrot aux Affaires étrangères, Bruno Retailleau, président du parti Les Républicains (LR, droite), ainsi que Gérald Darmanin à la Justice.
La nouveauté dans ce gouvernement est le retour de Bruno Le Maire, nommé aux Armées pour remplacer Sébastien Lecornu. M. Le Maire a été le ministre de l’Économie et des Finances d’Emmanuel Macron pendant sept ans, de 2017 à 2024.
Le macroniste Roland Lescure a été nommé ministre de l’Économie et des Finances. Il aura la lourde tâche de présenter un projet de budget 2026 acceptable par le Parlement, dans un contexte financier difficile, avec une dette qui atteint 3.300 milliards d’euros, soit plus de 115 % du PIB.
À peine formé, le gouvernement est déjà sous la menace d’une éventuelle chute, issue des critiques de la gauche et de l’extrême droite. Sébastien Lecornu a invité ses ministres à « trouver des compromis avec nos oppositions« .
Le Premier ministre engage des discussions avec les socialistes pour éviter une censure immédiate et surmonter le prochain défi budgétaire. Les premières réactions de l’opposition ont été très critiques. Boris Vallaud, chef des députés du PS, a affirmé : « Ils se font renverser mais restent en poste« , dénonçant l’« obstination » des macronistes qui « plonge chaque jour un peu plus le pays dans le chaos« .
Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN), a raillé un gouvernement « composé des derniers macronistes agrippés au radeau de la Méduse« , tandis que Jean-Luc Mélenchon, leader de LFI (gauche radicale), a déclaré que ce « cortège de revenants (…) ne tiendra pas« .
Du côté des Républicains, après des hésitations, le parti a choisi une « participation exigeante » au gouvernement. Toutefois, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur reconduit, s’est exprimé publiquement en désaccord avec la composition du gouvernement, affirmant qu’elle « ne reflète pas la rupture promise« .
Scène politique éclatée
Le nouveau Premier ministre, comme ses prédécesseurs Michel Barnier et François Bayrou, doit naviguer sur une scène politique fragmentée, issue des législatives qui ont suivi la dissolution surprise de l’Assemblé nationale décidée en juin 2024 par le chef de l’État.
L’Assemblée est divisée en trois blocs : alliance de gauche, macronistes et centristes, et extrême droite. Aucun de ces blocs ne détient la majorité absolue, entraînant une instabilité chronique dans le pays.
En fonction depuis le 9 septembre, Sébastien Lecornu, proche d’Emmanuel Macron, a multiplié les consultations pour tenter de trouver une majorité et éviter une chute au moment du vote du budget 2026 à l’automne, un écueil qui avait fait chuter son prédécesseur François Bayrou.
Malgré ses efforts, il n’a réussi qu’à rassembler difficilement le bloc central, dit « socle commun », fragile alliance entre les macronistes et les Républicains, déjà présents dans les deux gouvernements précédents.
Dans une lettre adressée aux dirigeants du socle commun, Sébastien Lecornu a énoncé quelques grands axes de sa politique, notamment l’objectif de concentrer l’effort budgétaire « essentiellement sur la réduction de la dépense publique » et de répondre « à la demande de justice fiscale exprimée par nos concitoyens« .
À l’attention de LR, il a affirmé que « la sécurité du quotidien et la lutte contre les incivilités continueront d’être une priorité majeure« , ainsi que la lutte « contre l’immigration irrégulière« .
Malgré l’annonce de renoncer à l’utilisation du 49.3 – un article de la Constitution permettant d’adopter un texte sans vote – le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a prévenu que « nous nous dirigeons tout droit vers la censure » si « la donne ne change pas« .
Pour survivre, le gouvernement doit obtenir, au minimum, une non-censure du PS, essentielle pour doter la France d’un budget pour 2026, dont la préparation avait fait tomber le gouvernement sortant, qui avait présenté un effort de 44 milliards d’euros. Les partis LFI et Les Écologistes ont déjà annoncé leur intention de censurer le gouvernement.

