Strasbourg : Les 13 ouistitis « libérés » du laboratoire survivront-ils ?
Treize ouistitis ont disparu du centre de recherche scientifique de la faculté de Strasbourg il y a près de trois semaines, suite à une « intrusion » dénoncée par des citoyens et des associations de protection animale. Selon l’université, « trois ont été récupérés à proximité du centre dès le début des recherches » tandis que les chances de survie des dix autres disparus sont considérées comme faibles dans le froid alsacien.
Voilà près de trois semaines que treize ouistitis ont disparu du centre de recherche scientifique de la faculté de Strasbourg. Ce centre de primatologie, installé dans l’ancien fort Foch à Niederhausbergen (Bas-Rhin), est dédié à la recherche médicale et abrite, à l’abri des regards, plus de 800 singes. Cette disparition a eu lieu après une « intrusion » signalée par des citoyens et plusieurs associations de protection animale, comme Code Animal, Fight for Monkeys ou Pro Anima, qui plaident pour une recherche scientifique sans recours à aucun animal. Ces organisations militent pour la fermeture du centre et organisent régulièrement des manifestations, des pétitions et même des recours judiciaires.
Concernant les treize ouistitis enlevés lors de cette « intrusion » ou ayant pu profiter du cambriolage pour s’échapper, « trois ont été récupérés à proximité du centre dès le début des recherches », a précisé l’université à 20 Minutes. Mais que devient la survie des dix autres disparus en pleine nature ? « On sait dès le premier jour qu’ils sont en danger », souligne l’université.
L’enquête en cours cherche également à établir si les ouistitis ont été « pris en charge par les cambrioleurs ». En effet, certains auraient pu être « enlevés », « car trois boîtes à nid, sortes de cocons où les singes passent la nuit », ont été emportées. « Mais nous ne savons pas, parmi les treize disparus, combien ont fui au moment de l’intrusion. »
### Froid alsacien
Bien que les environs du fort soient boisés, « leurs chances de survie ne sont pas grandes » et celles de les retrouver en vie diminuent chaque jour. « Ils sont habituellement maintenus dans une atmosphère à 28 °C, avec une hygrométrie correspondant à la forêt amazonienne. Dans le froid alsacien, leur survie est très compromise », souligne l’université.
« En dessous de 18 °C ou 15 °C, ça devient compliqué », ajoute Jean-Christophe Gérard, vétérinaire au Refuge pour animaux sauvages de l’association Tonga terre d’accueil, à Saint-Martin-la-Plaine, près de Lyon, qui a déjà recueilli des ouistitis. « S’ils ont une bonne alimentation, ils peuvent survivre la nuit et se réchauffer le jour. »
Une autre préoccupation du vétérinaire concerne la recherche de nourriture. « Ces animaux ont toujours été nourris par l’homme. » De plus, leur régime alimentaire est spécifique. « Ce sont des animaux frugivores et insectivores principalement. Trouver des insectes en ce moment dans la nature est peut-être encore possible, mais se procurer des fruits sera plus difficile en septembre et octobre. » Jean-Christophe Gérard conclut : « Ça fait beaucoup d’éléments qui m’indiquent que leur survie sera très compliquée. »

