Dunkerque : Trois mineurs condamnés à 18-20 ans pour un guet-apens mortel
Trois adolescents ont été condamnés jeudi à des peines de 18 ans de réclusion criminelle pour l’un et de 20 ans pour les deux autres pour l’assassinat de Philippe Coopman en 2024 à Grande-Synthe, près de Dunkerque. Lors du procès, Me Anaïs Pascal a déclaré que « ces quatre jours de procès, c’est du domaine de l’indicible ».
Un guet-apens tragique a conduit à la condamnation de trois adolescents à des peines de 18 et 20 ans de réclusion criminelle pour l’assassinat de Philippe Coopman, un jeune homme, en 2024 à Grande-Synthe, près de Dunkerque (Nord). Le jugement rendu par le tribunal pour enfants de Dunkerque a dépassé les réquisitions du parquet, qui avait demandé respectivement 17, 18 et 20 ans de prison.
En raison de leur majorité, les trois accusés, jugés à huis clos depuis lundi, encouraient une peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle. Leurs peines ont également été assorties de suivis socio-judiciaires de 5 et 7 ans, avec obligation de soins.
Dans la nuit du 16 avril 2024, Philippe Coopman, âgé de 22 ans, a été battu à mort lors d’un guet-apens sur un parking de Grande-Synthe. Rapidement interpellés, trois adolescents de 14 et 15 ans, dont deux cousins, ont été mis en examen pour « meurtre avec guet-apens », un acte équivalent à l’assassinat, puis placés en détention provisoire. Lors de leur arrivée dans le box des accusés pour entendre le verdict, l’un d’eux affichait un léger sourire, tandis que l’autre fixait ses pieds.
« Ces quatre jours de procès, c’est du domaine de l’indicible, j’en ai perdu ma voix […]. Justice a été faite », a déclaré Me Anaïs Pascal, avocate des parties civiles, immédiatement après le verdict. Ce jugement « satisfait » ses clients, car il leur permettra, pour certains, de « commencer leur deuil et pour d’autres, de le poursuivre », a-t-elle précisé. Les avocates de la défense ont choisi de ne pas s’exprimer devant la presse, tant après le verdict que durant tout le procès.
En garde à vue, deux des mineurs avaient déclaré avoir organisé un rendez-vous nocturne avec une personne qu’ils croyaient être Philippe Coopman, sur le parking d’une supérette, en se faisant passer pour une jeune fille mineure via le site de chat en ligne « Cocoland ». Ils avaient justifié leur agression en estimant qu’il était « répréhensible » pour un homme adulte de répondre à une telle annonce, comme l’a indiqué le parquet de Dunkerque en avril 2024.
Néanmoins, une autre personne ayant répondu à cette fausse annonce s’est « immédiatement dénoncée au début de la procédure », a affirmé lundi Me Pascal. « Cela a été confirmé durant le procès, il (Philippe Coopman, NDLR) était bien au mauvais endroit au mauvais moment », a-t-elle soutenu jeudi, évoquant des « preuves irréfutables ». Son honneur « a été lavé et nous en sommes profondément reconnaissants », a déclaré jeudi Yacine, un ami de la victime, dans un discours lu à l’issue du procès au nom des parties civiles.
« Même les accusés ont reconnu eux-mêmes la vérité : Philippe ne méritait pas ce qui lui est arrivé », a-t-il ajouté. Lundi, Me Pascal avait décrit ses agresseurs comme « extrêmement violents, avec des parcours de vie carencés », manquant « d’empathie, si ce n’est pas du tout, pour les victimes ». Elle avait qualifié cette agression de « barbarie » : Philippe Coopman a été « massacré », a-t-elle souligné.
Cette affaire a suscité une forte émotion à Grande-Synthe, où de nombreux habitants connaissaient Philippe Coopman, animateur dans des centres de loisirs et aspirant à devenir kinésithérapeute. Face aux tensions, le maire socialiste de Grande-Synthe, Martial Beyaert, avait été contraint de lancer un appel au calme et de renoncer à assister aux obsèques pour des raisons de sécurité, après avoir reçu des menaces de mort.
« Nous voulons rappeler que derrière chaque victime, il y a une vie précieuse, une famille brisée, une communauté blessée », a déclaré jeudi Yacine dans son discours. « Grande-Synthe, et plus généralement tout le Dunkerquois, se souviendra toujours de cette histoire ».

