Prison de Mons : « Les détenus ne perdent pas leur dignité »
Dans la prison de Mons, 449 détenus y sont entassés, alors que l’établissement est prévu pour 301 personnes. En Belgique, 300 détenus dorment sur des matelas à même le sol, faute de place.
« Être H24 l’un sur l’autre. C’est ça le plus dur », raconte un détenu. Dans une cellule de la prison de Mons, trois personnes doivent vivre sur neuf mètres carrés. Deux d’entre elles dorment dans des lits superposés, tandis que la troisième utilise un matelas au sol. « Ça crée des tensions. On se marche dessus pour aller aux toilettes, sans intimité, derrière un simple rideau », ajoute-t-il. Son codétenu précise : « En plus, il y a des punaises de lit qui me sucent le sang. On n’a pas d’espace personnel. On est à bout. »
La surpopulation pénitentiaire n’est pas spécifique à Mons. Dans les prisons belges, on dénombre 13.000 détenus pour un peu plus de 11.000 places disponibles. À la vieille prison de Mons, construite en 1867, l’état de délabrement (humidité, instabilité, peinture écaillée…) complique encore plus la situation. Actuellement, 449 détenus y sont entassés, alors que l’établissement est conçu pour 301 personnes.
Michaël Dewitte, directeur de la prison, déclare : « On n’a jamais atteint un nombre aussi élevé ici. C’est impossible de travailler correctement. Si on n’a pas d’incident critique, c’est parce qu’on a du personnel formidable qui fait tout pour aplanir les tensions, et de nombreux détenus résilients. Je ne veux pas tirer la sonnette d’alarme, c’est trop tard. Maintenant, je crie au secours. On n’en peut plus. »
Les détenus sont les premières victimes de cette surpopulation. « Ils ont été condamnés à une peine privative de liberté, et ils vivent une condamnation à une perte de dignité. » Parmi les exemples, il évoque : « Manger par terre. Ne prendre que deux ou trois douches par semaine. Voir son nombre de visites limité parce que la salle des visites est trop petite. Manger froid parce que la distribution des repas n’est pas pensée pour autant de prisonniers. Tout ça, c’est un manque de dignité pour les détenus. »
Une manifestation s’est tenue ce jeudi à 13h30 devant la prison de Mons pour exprimer le mécontentement partagé par la direction, les agents pénitentiaires et les détenus. D’autres actions ont eu lieu à Namur, Nivelles, Saint-Gilles, ainsi qu’au siège de l’administration à Bruxelles. Actuellement, 300 détenus dorment sur des matelas à même le sol en Belgique, faute de place.
Cette surpopulation a été exacerbée par une loi de l’ancien gouvernement fédéral, qui impose l’exécution des peines de six mois à trois ans. Le gouvernement De Wever a annoncé des mesures pour remédier à ce problème, mais les acteurs du monde pénitentiaire déplorent un manque d’avancées.
Jérôme Michez, agent à la prison de Mons et vice-président du syndicat policier Sypol, souligne : « Pour le personnel, cette surpopulation représente une surcharge importante de travail. Ici, à Mons, c’est 50% de détenus en plus à encadrer. Et on n’est pas dans une usine. On gère de l’humain. Il est temps que ça bouge, parce que ça va craquer. »

