Ayaneo : « plus d’une dizaine de consoles en un an » malgré sa taille réduite
Ayaneo a lancé plus de dix consoles en un an et gère désormais deux marques, Ayaneo et Konkr. La première console de la marque Konkr, le Konkr Pocket FIT, embarque un écran 6″ 1080p à 144 Hz et a été annoncée avec un prix de lancement « super early bird » de 239 dollars.

Un an après notre première visite, nous sommes retournés chez Ayaneo. Cette fois, nous nous rendons dans leurs nouveaux bureaux à Shenzhen. Les locaux sont lumineux et animés, à l’image de l’équipe qui nous y accueille.
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Rapidement, nous retrouvons Arthur Zhang, le fondateur, qui prend le temps de discuter des derniers mois. L’année dernière, il parlait déjà d’ambitions. Aujourd’hui, son discours a évolué : il est question d’ouvrir la marque à un public plus large, sans renoncer à ses racines haut de gamme.
« Beaucoup aiment nos produits, mais le prix reste un obstacle »
Depuis sa création, Ayaneo a toujours cherché à offrir le meilleur à ses machines. Processeurs de pointe, écrans soignés, design élaboré : les consoles portables signées Ayaneo s’adressent clairement au marché haut de gamme. Mais cette stratégie présente des limites.

« Beaucoup d’utilisateurs apprécient nos produits, mais investir 600, 700 dollars, parfois plus de 1 000, reste difficile », reconnaît Arthur Zhang.
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C’est pour répondre à cette réalité que la marque Konkr a été créée, offrant une alternative plus abordable. « Ce projet n’a rien d’improvisé. Nous l’avons planifié pendant plus d’un an. L’idée était de conserver notre savoir-faire tout en offrant plus de choix aux joueurs ».

La première console lancée sous cette marque, le Konkr Pocket FIT, illustre cette stratégie. Elle est dotée d’un écran de 6 pouces 1080p à 144 Hz, d’une batterie de 8 000 mAh, de joysticks Hall, de gâchettes verrouillables, et d’un chipset Qualcomm Snapdragon G3x Gen 3.
Cette machine est présentée comme « la première console Android à intégrer un écran 144 Hz dans cette gamme ». Lors de son lancement via crowdfunding, le prix “super early bird” était fixé à 239 dollars, et Ayaneo a dû prolonger cette offre en raison de l’engouement qu’elle a suscité.
« Nous commandons différemment, pour réduire les coûts »
Konkr ne se limite pas à un changement de nom, c’est aussi un tournant industriel. Pendant longtemps, Ayaneo travaillait avec de petits volumes, ce qui restreignait ses marges de manœuvre. « Avant, nous commandions 2 000 à 3 000 pièces par lot. Aujourd’hui, nos volumes sont bien plus importants, ce qui modifie complètement les discussions avec nos fournisseurs », explique Arthur Zhang.
Une console Android débute maintenant à 399 dollars, tandis que l’équivalent sous Windows coûte 799 dollars. En Chine, l’intérêt est déjà palpable : plus de 6 000 précommandes en seulement trois jours, avec un objectif ambitieux de 100 000 unités.
Arthur Zhang n’hésite pas à admettre que cette stratégie comporte des risques. « Oui, certains modèles peuvent être vendus à perte au lancement. Mais c’est un investissement. Nous cherchons à élargir notre base d’utilisateurs et à instaurer durablement Konkr ».
« Les joueurs chinois et étrangers n’attendent pas la même chose »
Au fil des échanges, Arthur Zhang aborde également les disparités de perception entre les marchés. Des aspects qui modifient beaucoup la vision d’un constructeur.
« À l’étranger, l’OLED est très prisé, considéré comme un gage de qualité. Mais en Chine, beaucoup pensent que l’OLED fatigue les yeux, notamment à faible luminosité, en raison du scintillement (PWM). Ils lui préfèrent le LCD, jugé plus stable ».
Concernant la colorimétrie, même constat : « Les joueurs chinois privilégient les tons froids. En Europe et aux États-Unis, les utilisateurs ont plutôt une préférence pour les teintes chaudes ».

Ces nuances poussent Ayaneo à adapter ses choix techniques en fonction des régions, même si cela signifie multiplier les versions d’un même produit. Un phénomène déjà observé sur les vidéoprojecteurs, réglés différemment en Chine.

Au-delà de Konkr, Ayaneo explore différents formats. Cette année, la marque a présenté la Pocket DS sous Windows, une machine à double écran inspirée de la Nintendo DS.
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L’écran principal est dédié au jeu, tandis que le second affiche des informations ou une autre application, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour l’émulation et le multitâche.

Arthur Zhang décrit ce choix : « Le double écran est une réponse directe aux demandes des joueurs rétro, tout en ouvrant de nouveaux usages pour le jeu moderne ».

Quelques mois plus tard, Ayaneo a également lancé la Pocket FIT sous Android, dévoilée début septembre 2025. Plus compacte et plus abordable, elle cible le marché du jeu mobile tout en conservant les détails qui lui tiennent à cœur : triggers Hall, joysticks précis et un écran optimisé pour la fluidité.
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« Nous n’avons pas encore cherché d’investisseurs »
Lorsque la discussion aborde les finances, Arthur Zhang fait preuve de transparence. L’entreprise continue de se développer principalement grâce à ses ventes. « Nos revenus ne suffisent pas toujours, car nous investissons beaucoup en R&D et en stocks. Nous n’avons pas encore cherché à lever des fonds, mais si nous trouvons un partenaire partageant nos objectifs, nous resterons ouverts ».
Pour l’heure, la priorité est ailleurs : continuer à sortir de nouveaux produits, écouter les retours des utilisateurs et ajuster la stratégie.
Une avalanche de produits, portée par la communauté
Ce qui frappe lors de la visite d’Ayaneo, c’est la cadence : plus de dix lancements par an, entre consoles Windows, modèles Android, accessoires et désormais deux marques distinctes. Pour une petite structure, cela paraît démesuré. Zhang sourit : « C’est vrai que nous allons très vite. Mais nous avons trouvé une méthode ».

Cette méthode repose moins sur le marketing traditionnel que sur la communauté. Pas de grandes campagnes publicitaires : Ayaneo s’appuie sur ses utilisateurs et sur le financement participatif. Chaque nouveau produit est présenté via crowdfunding, et l’excitation suscitée est souvent suffisante pour lancer la production. Si un financement échoue, un autre réussira : la communauté est très active et suit la marque depuis ses débuts.
Arthur Zhang souligne : « C’est un atout de pouvoir lancer plusieurs produits de cette manière ».

