International

Maroc : Manifestations, violences et morts depuis samedi, que se passe-t-il ?

Trois personnes sont décédées dans la nuit de mercredi à jeudi au Maroc, où les deux victimes auraient tenté de prendre d’assaut une gendarmerie près d’Agadir. Au cours des manifestations, près de 300 blessés ont été signalés et 400 personnes avaient été interpellées, dont 134 doivent être jugées prochainement.


Le bilan des événements au Maroc s’est aggravé, avec trois décès survenus dans la nuit de mercredi à jeudi. D’après les autorités, les deux victimes auraient tenté de prendre d’assaut une gendarmerie près d’Agadir, après avoir mis le feu à un véhicule et au bâtiment de la brigade. Leur objectif était de pénétrer dans le bâtiment pour s’emparer de « munitions et d’armes de service ».

Ce drame survient dans le cadre d’un mouvement lancé via le réseau social Discord. Le collectif marocain GenZ 212, dont les initiateurs restent anonymes, est à l’origine des manifestations dans le pays. Composé de 150.000 membres sur sa page Discord, ce mouvement se décrit comme un groupe de « jeunes libres » sans affiliation politique. Il se positionne comme pacifique et revendique des améliorations en matière de santé et d’éducation.

GenZ 212 fait référence à la Génération Z (les individus nés entre 1997 et 2012) et à l’indicatif téléphonique du Maroc. Les manifestants ont scandé des slogans tels que « Nous ne voulons pas la Coupe du monde, la santé est prioritaire » ou « le peuple veut la santé et l’éducation », soulignant les inégalités marquées dans le royaume. Ce dernier coorganisera la Coupe du monde 2030 avec l’Espagne et le Portugal et accueillera la Coupe d’Afrique des nations (CAN) à la fin de 2025. Il a lancé d’importants travaux d’infrastructures : construction de nouveaux stades, extension du réseau à grande vitesse et modernisation de plusieurs aéroports.

Une première mobilisation a eu lieu à la mi-septembre à Agadir suite à la mort de huit femmes enceintes dans un hôpital public local, où elles avaient été admises pour des césariennes. Cet incident avait conduit à une série de manifestations sporadiques dans d’autres villes, avant les premiers grands rassemblements organisés par GenZ 212 le week-end dernier.

Le collectif se définit comme un « espace de discussion » sur des questions « comme la santé, l’éducation et la lutte contre la corruption ». Il déclare agir par « amour de la patrie et du roi » Mohammed VI tout en se montrant opposé aux partis politiques traditionnels. « Nous assurons l’opinion publique et les autorités que nos manifestations seront entièrement pacifiques », a déclaré GenZ 212 jeudi, précisant « rejeter toute forme de violence, de vandalisme ou d’émeute » et incitant les manifestants à « respecter le caractère pacifique » du mouvement. Pour la première fois, les autorités avaient autorisé ces manifestations mercredi soir.

La veille, des manifestations avaient donné lieu à des actes de vandalisme et à des heurts avec les forces de l’ordre, faisant près de 300 blessés. Quatre cents personnes avaient été interpellées. Bien que la plupart aient été relâchées, selon l’Association marocaine des droits humains, 134 d’entre elles (dont six toujours en détention) doivent être jugées prochainement.