France

« Pourquoi des AESH sont licenciées alors que tant d’enfants en ont besoin ? »

D’après l’académie de Rennes, 1.360 accompagnantes d’élèves en situation de handicap « ont reçu une proposition d’avenant à leur contrat ». En Ille-et-Vilaine, plus de 1.500 enfants et adolescents ont fait leur rentrée sans l’accompagnement auquel ils ont pourtant droit.


Elles n’avaient pas d’alternative. Pour continuer à travailler, ces AESH ont dû accepter l’avenant au contrat imposé par le rectorat. Dans la grande majorité des cas, elles ont acquiescé. Selon l’académie de Rennes, 1.360 accompagnantes d’élèves en situation de handicap « ont reçu une proposition d’avenant à leur contrat ». Une « proposition » qu’elles étaient contraintes de signer pour conserver leur emploi. En Ille-et-Vilaine, 25 AESH ont cependant refusé le nouveau contrat, mis en place dans le cadre de la refonte de la cartographie des Pôles inclusifs d’accompagnement localisés.

Ces PIAL déterminent la zone géographique dans laquelle les accompagnantes peuvent exercer. Pour la rentrée 2025, ces zones ont été élargies, suscitant des craintes concernant une détérioration des conditions de travail. « C’est leur zone de travail que l’on étend. Ce n’est pas sans conséquence. Dans certaines régions comme Redon, c’est une zone de 70 kilomètres. C’est effrayant ce qu’elles vivent. Elles travaillent pour des salaires misérables dans des conditions de plus en plus compliquées », déplore Justine Marti, secrétaire départementale du syndicat Force ouvrière. « On nous prend pour des pions », s’indigne Jess, qui a déjà dû changer d’établissement, un mois seulement après la rentrée. Cette AESH a décidé de rester. Mais d’autres ont refusé.

En refusant cet avenant, les 25 « frondeuses » ont subi de lourdes conséquences. Ce mardi, elles ont été licenciées lors d’une procédure expéditive menée en deux heures. Des licenciements « conformément à la réglementation », assure l’académie de Rennes.

Pour justifier cette situation, le rectorat annonce que « 25 recrutements supplémentaires » seront effectués en décembre pour « compenser les départs liés aux refus d’avenants ». Il rappelle également avoir recruté 105 AESH en septembre et que 60 autres sont en cours. Toutefois, la réalité est là. En Ille-et-Vilaine, plus de 1.500 enfants et adolescents ont fait leur rentrée sans l’accompagnement dont ils devraient bénéficier. Ce problème n’est pas exclusif à l’Ille-et-Vilaine, mais se retrouve dans toute la France.

Dans ce climat de tension extrême, il est difficile pour les parents d’accepter que 25 femmes, formées à leur métier et parfois fortes de plus de dix ans d’expérience, soient écartées. « Ça n’a aucun sens. Nous avons des enfants qui n’ont personne ou seulement quelques heures d’accompagnement éparses. Et on licencie des personnes motivées et formées ? Ce sont les enfants qui en pâtissent en premier. Mais ils ne sont pas les seuls », critique Justine Marti.

La syndicaliste parle en connaissance de cause. Professeure dans un collège, elle doit chaque année composer avec des élèves qui sont censés bénéficier d’un accompagnement individualisé, mais qui se retrouvent sans personne. « Leur rôle est fondamental. Ils assistent les enfants pour prendre des notes, pour travailler sur l’ordinateur, pour désamorcer les conflits. Pour les enfants, c’est un repère, une aide essentielle », souligne l’enseignante. Sans AESH, certains enfants ne peuvent tout simplement pas être scolarisés, se trouvant ainsi privés de leur droit à l’éducation, ce qui représente un handicap supplémentaire pour les familles.

Il convient aussi de rappeler que de nombreux enfants bénéficiant d’une accompagnante ne devraient pas être à l’école, mais plutôt en Institut thérapeutique, éducatif et pédagogique (Itep) ou Institut médico-éducatif (IME). Mais là encore, les places sont rares.