Belgique

70% des Belges ne vont pas voir de spectacles.

Dans le cadre de l’opération de la RTBF et de la Fédération Wallonie-Bruxelles « J’peux pas, j’ai spectacle », plus de 2000 places à 2€ ont été vendues pour différentes représentations. Parmi les personnes qui se sont ruées sur ces places, 41% d’entre elles n’avaient pas été à un spectacle l’année précédente.


Dans le cadre de l’opération « J’peux pas, j’ai spectacle » lancée par la RTBF et la Fédération Wallonie-Bruxelles, plus de 2000 places à 2€ ont été vendues pour diverses représentations. En seulement quinze minutes, près de 80% des billets ont trouvé preneur. Vassilia Vanderheyden, adjointe à la direction culture de la RTBF, attribue ce succès notamment aux campagnes publicitaires, en précisant : « On est sur des campagnes télé donc je pense qu’on touche à un public qui est un petit peu différent de d’habitude ».

Parmi les acheteurs, 41% n’avaient pas assisté à un spectacle l’année précédente et 34% y étaient allés une ou deux fois. En somme, plus de 70% des participants à cette opération ne sont pas de grands habitués du théâtre. De plus, la moitié des personnes ayant acheté des billets indique que c’était leur première fois dans la salle du spectacle choisi. Ce dispositif est donc efficace pour attirer un nouveau public. Est-ce uniquement le prix bas qui explique cet engouement ? Pas uniquement.

Gabriel Alloing évoque l’aspect marketing en indiquant : « On est face à une action qui offre un prix très très réduit sur des prix plus élevés normalement, et donc il y a un effet d’aubaine, c’est une promotion. » Il note également qu’un prix très bas peut parfois nuire à la valorisation d’une œuvre : « Plus vous descendez le prix, plus vous risquez aussi potentiellement, symboliquement, de dévaloriser le projet. »

Eric De Staerck ajoute que les spectateurs ont confiance en la RTBF pour le choix des spectacles, ce qui pourrait les rassurer face à une programmation qui ne les inspire pas toujours : « Il y a une espèce de label ici, de la RTBF en l’occurrence, qui dit, ben voilà, si on a mis ces spectacles-là, c’est sans doute qu’ils sont bons ». Cela contribue à l’attractivité de l’offre.

Au-delà du prix et des initiatives marketing, l’accompagnement des spectateurs est primordial. Les spectacles et les salles sont déjà sélectionnés pour le public. Eric De Staerck souligne : « Il faut les prendre par la main parce qu’il y en a qui n’ont jamais osé passer la porte (du théâtre). D’autres parce qu’ils ont peur de l’élitisme, de se retrouver dans un groupe social qui n’est pas le leur. »

C’est là tout l’enjeu de la médiation culturelle, qui vise à reconnecter les gens à la culture. Laurence Adam, directrice d’Article 27, une association œuvrant pour l’accès à la culture pour les publics en difficulté, explique : « On va avoir des médiateurs ou médiatrices culturelles qui vont aller vers les associations sociales et expliquer les programmations, qui vont faire visiter le lieu, faire rencontrer les artistes pour qu’il y ait une discussion, quel est le sujet, qu’est-ce qu’on veut faire, quelle sera la forme, peut-être pouvoir prévenir un petit peu de ce qui sera vu, pour pouvoir effectivement rassurer les gens et leur expliquer que leur place est là aussi. » L’objectif est d’informer afin que tous les publics se sentent légitimes et accueillis dans une salle de spectacle.

Le théâtre peut aussi jouer un rôle crucial pour les publics isolés, comme le rappelle un ancien directeur du théâtre des Riches-Claires : « Après le spectacle, les gens restent pour parler de leurs émotions, partager des impressions. Je me souviens de témoignages comme ça qui disent qu’ils ont échangé autour du spectacle. C’est ça qu’offre le spectacle vivant. » Laurence Adam conclut : « Les lieux culturels sont de vrais lieux intéressants pour ça, pour refaire du lien et pour oser aller vers l’extérieur. Et puis aussi apprendre. »

► Découvrez également les habitudes des Belges concernant les sorties culturelles dans l’intégralité du podcast des Clés disponible ci-dessus ou sur Auvio.