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La primatologue Jane Goodall, ambassadrice des chimpanzés, est décédée à 91 ans.

Jane Goodall est morte à l’âge de 91 ans, a annoncé mercredi son institut. La chercheuse « est décédée de causes naturelles » alors qu’elle se trouvait en Californie dans le cadre d’une tournée de conférences aux États-Unis, a dit l’institut Jane Goodall dans un communiqué sur les réseaux sociaux.


La célèbre primatologue britannique Jane Goodall, « ambassadrice » des chimpanzés et fervente défenseure de la cause environnementale, est décédée à l’âge de 91 ans, a annoncé mercredi son institut.

Biologiste et militante pour l’environnement, Jane Goodall était réputée pour ses recherches sur la vie des chimpanzés dans leur habitat naturel.

La chercheuse « est décédée de causes naturelles » alors qu’elle se trouvait en Californie pour une tournée de conférences aux États-Unis, selon un communiqué de l’institut Jane Goodall diffusé sur les réseaux sociaux.

Infatigable, Jane Goodall continuait à parcourir le monde pour plaider en faveur des chimpanzés, ces grands singes qu’elle avait étudiés en Tanzanie il y a plus de 60 ans, à l’époque où le pays était encore sous protectorat britannique du Tanganyika.

À chaque conférence, avec son visage dégagé et ses longs cheveux argentés attachés, elle accueillait son public en imitant très fidèlement le cri du chimpanzé.

Messagère de la paix des Nations Unies depuis 2002, elle ne passait plus que quelques semaines par an dans le parc national tanzanien de Gombe, son premier terrain de recherche.

Jane Goodall est née à Londres le 3 avril 1934, deux ans après l’Américaine Dian Fossey, qui avait consacré sa vie aux gorilles des massifs congolais et rwandais.

Avec une formation de secrétaire et étant une naturaliste autodidacte, la jeune femme se rend pour la première fois en Afrique, invitée par des amis qui possédaient une ferme au Kenya.

En 1957, elle y rencontre le conservateur du Musée national kényan, le célèbre paléoanthropologue Louis Leakey, qui lui fait une proposition incroyable : observer des chimpanzés au bord du lac Tanganyika, un environnement similaire à celui de nos ancêtres.

Grâce à sa persévérance, Jane Goodall parvient à se faire accepter par ces animaux discrets, devenant quasiment l’un des leurs.

Les scientifiques « classiques » sont choqués de lire ses premiers rapports dans lesquels elle mentionne des individus tels que David Barbe-Grise, Flo, Mike et Mac Gregor, au lieu de les identifier par des codes et des numéros.

Elle décrit dans le détail leur société aux relations complexes et découvre qu’ils ne sont pas végétariens, mais omnivores.

En observant un chimpanzé utiliser une tige pour attraper des termites, elle est la première à montrer que ces grands singes sont capables de fabriquer des outils, une compétence jusqu’alors réservée à l’Homme.

« Il faut désormais redéfinir l’Homme, redéfinir l’outil, ou accepter le chimpanzé comme humain », lui écrit Louis Leakey, qui l’envoie à l’université de Cambridge où elle obtient un doctorat en éthologie en 1965.

Jane Goodall n’a pourtant pas de diplôme universitaire à l’époque. Avant elle, seules sept personnes avaient réussi à sauter les étapes dans cet établissement prestigieux.

En 1964, elle épouse le photographe néerlandais Hugo van Lawick, qui immortalise son travail pour les magazines américains Life et National Geographic. Le couple a un fils, Hugo, qu’elle surnomme « Grub » (« asticot »).

« Chez les chimpanzés, il y a un lien extrêmement étroit entre la mère et l’enfant », explique-t-elle. « La mère est constamment avec l’enfant, et j’ai élevé +Grub+ de cette façon. Jusqu’à ses trois ans, je ne l’ai jamais laissé seul une journée entière. »

Son deuxième mari, Derek Bryceson, directeur des parcs nationaux tanzaniens, entre dans sa vie en 1973 et décède sept ans plus tard d’un cancer.

Grande figure de la science du XXe siècle, maintes fois honorée, Jane Goodall devient dès les années 1970 une activiste de l’environnement.

En 1977, elle fonde son institut pour gérer en Afrique des centres d’accueil pour chimpanzés issus du braconnage, puis le programme « ChimpanZoo », visant à améliorer les conditions de vie des primates captifs, ainsi que « Roots and Shoots » (« Racines et pousses ») en 1991, un programme de sensibilisation des jeunes à l’environnement.

En 2022, Mattel sort une Barbie à son effigie : « Je suggère depuis longtemps que les filles ne veulent pas seulement être des stars de cinéma. Beaucoup d’entre elles, comme moi, veulent être dans la nature à étudier les animaux. »

Dans une tribune du Monde pendant la pandémie de Covid-19, elle établit un lien entre celle-ci et « notre manque de respect pour le monde naturel ».

Végétarienne convaincue, elle ne cesse de dénoncer les atteintes à la biodiversité.

« Nous savons ce que nous devons faire. Nous avons les outils nécessaires. Mais nous nous heurtons à la pensée à court terme du gain économique, qui s’oppose à la protection à long terme de l’environnement. »

« Je ne prétends pas être capable de résoudre les problèmes », a-t-elle déclaré à l’AFP en 2024. « Mais si nous regardons l’alternative, qui est de continuer à détruire l’environnement, nous sommes condamnés. »