France

Pétrolier fantôme intercepté par des militaires français près de Saint-Nazaire

Des soldats français patrouillent sur le pont d’un pétrolier fantôme russe arraisonné au large de Saint-Nazaire, placé sous sanctions européennes et faisant l’objet d’une enquête judiciaire en France. Le navire, long de 244 mètres, a été construit en 2007 et appartient à un réseau estimé entre 600 et 1.000 navires utilisés par la Russie pour contourner les sanctions.


Des soldats français en tenue militaire et cagoules patrouillent désormais sur le pont d’un pétrolier russe, considéré comme un navire fantôme, arraisonné au large de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Ce bateau, soupçonné d’être impliqué dans des survols de drones mystérieux au Danemark fin septembre, est soumis à des sanctions européennes et fait l’objet d’une enquête judiciaire en France.

Mercredi après-midi, un photographe et un journaliste de l’AFP qui ont survolé la zone ont remarqué la présence de militaires français à bord. « Une équipe de visite est montée à bord », a confirmé une source militaire, précisant que l’arraisonnement avait eu lieu samedi dernier. Cette opération exceptionnelle illustre la vigilance accrue des autorités face à ce navire jugé particulièrement suspect.

### Un navire de la flotte « fantôme »

Mesurant 244 mètres, le pétrolier est identifié sous les noms de « Pushpa » ou « Boracay ». Officiellement immatriculé sous pavillon du Bénin, il a multiplié les changements de pavillon et de nom au cours de sa carrière, passant par le Gabon, les îles Marshall ou encore la Mongolie. Construit en 2007, il fait partie de la flotte dite « fantôme », qui est un réseau de 600 à 1.000 navires utilisés par la Russie pour contourner les sanctions et exporter son pétrole. Emmanuel Macron estime que cette flotte clandestine génère « des dizaines de milliards d’euros » et finance « 40 % de l’effort de guerre russe ».

Le parcours du navire suscite des interrogations. Parti du port russe de Primorsk le 20 septembre, il a traversé la Baltique et longé la Pologne, la Suède et le Danemark entre le 22 et le 25 septembre, exactement à l’époque où des drones perturbaient le trafic aérien danois. Le 28 septembre, il a brusquement changé de route pour s’arrêter au large du parc éolien de Saint-Nazaire.

### Une enquête ouverte par la justice française

Suite à un signalement de la Marine nationale, la justice française a ouvert une enquête pour « défaut de justification de la nationalité du navire/pavillon » et « refus d’obtempérer », a confirmé le procureur de Brest, Stéphane Kellenberger. Emmanuel Macron, depuis le sommet européen de Copenhague, a dénoncé « des fautes très importantes » commises par l’équipage. « Toute personne qui viole l’espace aérien européen est susceptible d’avoir des représailles », a averti le chef de l’État, tout en appelant à la prudence concernant les conclusions sur l’implication du navire.

La Première ministre danoise Mette Frederiksen a, de son côté, dénoncé une « guerre hybride » menée par Moscou et a plaidé pour « une réponse très forte » de l’Europe. Dans un contexte de survols répétitifs de drones et d’incursions aériennes russes en Pologne et en Estonie, l’affaire de Saint-Nazaire met en lumière à quel point les mers et les espaces aériens sont devenus des terrains de confrontation entre la Russie et l’Europe.