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Octobre rose : l’alcool augmente le risque de cancer du sein.

Chaque année en France, 61.000 nouveaux cas de cancer du sein sont diagnostiqués, dont 8.000 seraient dus à la consommation d’alcool, selon l’Institut national du cancer. En 2017, près d’un quart des personnes âgées de 18 à 75 ans dépassaient les repères de consommation, d’après Santé publique France.


Si le lien entre consommation d’alcool et cancer du foie est évident, celui avec le cancer du sein l’est beaucoup moins. Pourtant, sur les 61.000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année en France, 8.000 seraient attribuables à l’alcool, selon l’Institut national du cancer. Ceci représente près de deux fois plus que le cancer du foie, qui en compte 4.300.

Il existe des facteurs que l’on ne peut pas modifier : antécédents familiaux, début précoce des règles, ménopause tardive ou encore âge avancé. En revanche, la consommation d’alcool est un élément sur lequel il est possible d’agir. Ce facteur est même le premier risque évitable de cancer du sein, devant le surpoids, l’obésité, le tabagisme, la sédentarité et les traitements hormonaux. À l’occasion d’Octobre rose, cette relation entre alcool et cancer du sein est mise en lumière.

« On observe une relation linéaire entre consommation d’alcool et survenue de cancer du sein », souligne le professeur Claude Linassier, oncologue médical et directeur du pôle prévention à l’Institut national du cancer. « Dès un verre de vin par jour, on augmente de 10 % le risque de développer la maladie. » Plus la consommation est élevée, plus le risque augmente. « Une femme qui consomme régulièrement de l’alcool a deux à trois fois plus de risques de développer ce type de cancer qu’une femme qui ne boit pas », précise Benjamin Verret, oncologue médical à l’Institut Gustave Roussy.

Les études ne révèlent pas de seuil protecteur clairement défini. Le risque augmente « dès les premières gouttes », insiste Emmanuel Ricard, directeur du service prévention de la Ligue nationale contre le cancer et médecin de santé publique.

« L’action de l’alcool est en soi cancérigène et toxique pour les cellules », souligne le professeur Linassier. En buvant, le niveau d’œstrogène, lié au développement de nombreux cancers du sein, augmente. « L’alcool contribue également à la prise de poids, et la graisse est un milieu où les cellules cancéreuses peuvent se développer », ajoute le docteur Ricard.

Cependant, ce lien reste mal connu du grand public. Dans 14 pays européens, à peine plus d’une femme sur cinq est consciente que l’alcool est un facteur de risque pour le cancer du sein, selon une étude de l’OMS-Europe publiée en mars 2024. Chez les hommes, ce chiffre est d’un sur dix.

Le docteur Verret explique cette ignorance par le fait que « la maladie résulte d’une accumulation de facteurs de risque, et l’alcool n’est qu’un des autres ». Ainsi, selon lui, il n’est pas nécessaire d’insister sur ce facteur. Un point de vue que ne partage pas Emmanuel Ricard : « C’est le premier facteur de risque évitable, insiste-t-il. En le réduisant, des cancers peuvent être évités. »

Le docteur Verret reconnaît que « la recherche a mis du temps à s’intéresser à cette question. Contrairement au tabac, il n’y a pas de politique nationale très agressive concernant l’alcool en France. » Le problème est également mondial. « De nombreuses séries télévisées américaines montrent un verre de vin à chaque moment de convivialité », illustre Emmanuel Ricard. Il est essentiel de rappeler que l’alcool n’est pas anodin. Il joue également un rôle dans l’apparition de nombreux autres cancers, notamment digestifs et ORL. En France, près d’un quart des personnes âgées de 18 à 75 ans dépassaient les repères de consommation en 2017, selon Santé publique France.