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Barça-PSG : « Inquiétude pour Yamal, il doit remettre les pieds sur terre »

Lamine Yamal a 18 ans et a récemment été souligné comme la nouvelle grande fierté catalane, successeur de Lionel Messi. Son père, Mounir Nasraoui, a accru sa notoriété sur les réseaux sociaux, passant de 274.000 abonnés avant la finale de l’Euro 2024 à plus d’1,3 million aujourd’hui.

De notre envoyé spécial à Barcelone,

La situation n’est pas idéale pour le Paris Saint-Germain, mais la simple présence de Lamine Yamal rehausse le prestige de la rencontre. En l’absence d’Ousmane Dembélé, toujours blessé, ainsi que d’autres grandes stars parisiennes comme Désiré Doué et Khvicha Kvaratskhelia, Yamal, lui, est revenu juste à temps pour participer à ce choc de la deuxième journée de Ligue des champions, opposant les deux équipes les plus excitantes d’Europe lors de la saison précédente.

À Barcelone, tout tourne autour de lui, et son retour sur le terrain dimanche dernier contre la Real Sociedad, après deux semaines hors des terrains, a rappelé les raisons de son succès. Premier contact avec le ballon ? Une passe décisive pour Lewandowski. Deuxième action ? Une virgule, un petit pont et une remise sur l’aire d’autoroute pour Sergio Gomez, un père de famille dans l’ombre. À seulement 18 ans, Yamal est devenu la fierté des Catalans, succédant à Lionel Messi dans la catégorie des « petits gauchers insaisissables qui se révèlent décisifs dans les moments critiques ».

Cependant, le récent lauréat du trophée Kopa, qui récompense le meilleur jeune footballeur mondial, diffère totalement de son aîné argentin. Le jeune prodige aime s’exprimer et se mettre en avant. En phase avec son époque, mais peut-être pas en adéquation avec la carrière dorée qui pourrait être la sienne.

Pente glissante

De l’extérieur, il est difficile de ne pas ressentir un malaise face au comportement du prodige, semblant emprunter une pente glissante, presque en moonwalk. Tout a commencé avec un incident diplomatique impliquant Cristiano Ronaldo, début juin, lorsque l’Espagnol a refusé de serrer la main de son illustre aîné à la fin de la finale de la Ligue des Nations, que le Portugal a remportée aux tirs au but. Et il y a eu la débâcle estivale de ses 18 ans, notamment cette histoire d’invitation de personnes de petite taille pour des rires et les rumeurs concernant des « filles de compagnie ».

Le dernier chapitre en date est tout frais. À la fin de la semaine dernière, l’influenceuse Fati Vasquez, avec qui Yamal aurait été en couple, a détaillé la vie dissolue du jeune homme, notamment en évoquant un « calendrier de filles » tenu par son agent. « Tous les jours une nouvelle », déclare tranquillement la jeune femme de 30 ans dans l’émission « En todas las salsa », un podcast produit par la chaîne Telenico, qui se nourrit des potins liés à la vie privée de cette nouvelle star du football mondial.

« Pour un jeune de 18 ans, il a fait assez peu d’erreurs », observe Florian Ridard, spécialiste de la communication et du « capital réputation » dans le milieu du football chez VAE Solis. « Comme souvent pour les joueurs de football, le problème ne vient pas d’eux, mais de leur entourage. Depuis quatre à cinq mois, on perçoit une dérive et une maîtrise de sa communication qui devient moindre, lié à un entourage très intrusif. »

« Pas très humble »

Les « proches du joueur », dans le cas de Lamine Yamal, semblent totalement hors de contrôle. Le plus troublant dans les déclarations de Fati Vasquez est qu’elle-même avoue avoir été choquée par ce qu’elle a découvert en coulisses.

« Lamine Yamal n’est pas très humble. Je pense qu’il n’est pas bien conseillé. J’ai rencontré son cercle proche et, selon la façon dont ils le guident, je doute qu’il prenne les bonnes décisions. Je trouve inacceptable qu’à son âge, il fréquente des boîtes de nuit, des fêtes ou qu’il ait emmené 10 filles sur un bateau à Ibiza. » Un constat particulièrement sévère venant de quelqu’un dont le métier consiste à se retrouver dans ce genre de situations.

Allo papa, bobo

Le principal élément perturbateur est clairement identifié : son père, Mounir Nasraoui, connu sous le pseudonyme « Hustle Hard 304 » sur les réseaux sociaux. Un rapide coup d’œil à son compte Instagram, qui est passé de 274.000 abonnés avant la finale de l’Euro 2024 à plus d’1,3 million aujourd’hui, suffit à comprendre. L’homme n’est pas du genre à rester discret.

Originaire du quartier défavorisé de Rocafonda, situé à Mataro, à 30 km au nord de Barcelone, il profite de la montée en puissance de son fils et partage cette nouvelle vie avec ceux qui le souhaitent. Il est compréhensible que personne ne juge le soutien inconditionnel qu’il apporte à son fils, qu’il considère comme « le meilleur en tout » et « une star dès sa naissance », comme il le répète dans ses interviews. Cependant, le problème surgit lorsque cela interfère dans la carrière de son fils, comme lorsqu’il dénonce un « préjudice moral » suite à la deuxième place obtenue par Lamine au Ballon d’or, plutôt que de féliciter le vainqueur.

« Il a l’impression d’être encore plus impulsif, ce qui ne joue pas en faveur de l’image de son fils. Il ne joue pas le rôle de protecteur qu’il devrait jouer, c’est même l’inverse. Cela revient souvent à lui d’allumer les étincelles », poursuit Florian Ridard. À ceux qui soutiendraient que la personnalité de Yamal et celle de son père, tous deux charismatiques, sont en phase avec les codes actuels, notre expert en communication répond qu’il ne faut pas confondre les choses. « Lamine Yamal est une personne extravertie. Il a parfaitement le droit d’être ainsi, et cela peut même être une force. Mais justement, l’entourage doit s’appuyer sur cette personnalité vive et accueillante, tout en veillant à ce qu’il garde les pieds sur terre. Les proches doivent canaliser et non pas catalyser. »

Il est également inévitable de considérer qu’à son âge, il est difficile de s’opposer fermement à ses parents et de dire stop. « Il ne peut pas mesurer les conséquences des actions de son père », défend Florian Ridard.

La comparaison qui s’impose ici est celle de Neymar, un talent exceptionnel qui n’a pas su instaurer les barrières nécessaires pour atteindre les sommets auxquels il aurait pu aspirer. Les vacances passées par Yamal chez le Brésilien cet été n’ont d’ailleurs pas échappé à l’attention, soulevant des inquiétudes dans son pays d’origine.

Les socios agacés

Christian, un socio rencontré près du Camp Nou, résume le sentiment général : « On commence à se dire ici qu’il a la tête un peu trop gonflée, confie le quarantenaire au look sportif. Il doit remettre les pieds sur terre. Son père ? C’est une cause perdue, je trouve qu’il le conseille très mal. » Christian met en garde sur le risque de gâchis, car il estime que Yamal est « un génie, assurément, capable de rester parmi les meilleurs du monde pendant des années » et de mener le Barça vers de nouveaux sommets. Cependant, il ajoute qu’il « ne sera jamais Messi » s’il continue sur cette voie, assure-t-il.

C’est également l’avis de Ruben, 57 ans, qui suit le FC Barcelone depuis 40 ans. « Il ne peut pas être Messi, il aime trop faire la fête, déclare-t-il. Messi a eu une famille qui s’occupait vraiment de lui. Même Ronaldinho à l’époque n’avait pas tous ces problèmes. » Peut-être aussi parce que les réseaux sociaux n’avaient pas encore vu le jour, mais c’est une autre histoire. « Selon moi, vous ne pouvez pas faire les deux, travailler et vous amuser, reprend Ruben. Vous devez vous consacrer à une seule chose, un seul objectif, jusqu’à ce que vous réussissiez. Lamine donne l’impression de se croire supérieur, alors qu’il n’a que 18 ans. Je n’aime pas trop ça. »

Les avis sont sévères, mais reflètent la position délicate du prodige et celle de son club, qui mise beaucoup sur lui pour redresser sa situation financière. Avec un salaire garanti de 15 millions d’euros jusqu’en 2031, il serait dommage que l’actif Yamal rencontre des obstacles sur sa route.